Le 1er décembre, au cours d’une pause entre les séances du Concile épiscopal de l’Eglise orthodoxe russe, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, et l’archevêque Clément d’Irpen, président du Département synodal d’information de l’Église orthodoxe ukrainienne, ont répondu aux questions des correspondants des médias au centre de presse du Concile. La réunion était dirigée par le prêtre Alexandre Volkov, directeur du Service de presse du patriarche de Moscou et de toute la Russie.

Les représentants des médias souhaitaient notamment savoir si une rencontre était prévue entre le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie et l’ancien métropolite Philarète. « Pour l’instant, il n’y a pas de rencontre prévue, a répondu le métropolite Hilarion. Nous avons créé une commission pour mener des négociations avec la structure que dirige l’ancien métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine Philarète. Si ces négociations réussissent, nous réfléchirons bien entendu aux étapes suivantes. »

Le correspondant de l’agence « Interfax » a demandé pourquoi le mot « grâce », que son agence avait employé pour relayer l’information sur la lettre de l’ancien métropolite Philarète de Kiev, était incorrect et ne faisait pas partie du lexique ecclésiastique. Le président du DREE a souligné : « Il faut prendre connaissance du vocabulaire officiellement employé par l’Église d’après les textes officiels qu’elle publie. Le recours à certaines nuances ou à des termes qui ne figurent pas dans ces textes pour faire sensation ou provoquer une discussion risque de nuire à ce qu’entreprend l’Église. »

« Je tiens à exprimer ma protestation à l’agence « Interfax » suite à la publication provocante sortie hier soir, qui a suscité de fortes indignations en Ukraine, car il n’est absolument pas question de grâce dans la lettre de l’ancien métropolite de Kiev, ni dans la décision de l’’Eglise orthodoxe russe. Le terme « gracier » appartient à la terminologie juridique et au vocabulaire judiciaire. Les criminels, par exemple, adressent une demande de grâce au président. Il n’y a rien de semblable ici. Il y a eu un appel à prendre des mesures pour restaurer l’unité, et une demande de pardon. C’est à cette demande qu’a réagi le Concile épiscopal. Je regrette beaucoup que l’agence « Interfax » ait informé de façon aussi peu professionnelle et aussi incorrecte du contenu de la lettre en question et de la réponse du Concile épiscopal. J’ose espérer plus de professionnalisme dans le relai de l’information à l’avenir. »

De son côté, l’archevêque Clément d’Irpen a ajouté : « La publication déjà mentionnée a suscité beaucoup de réactions, non seulement dans les médias proches du « patriarcat de Kiev », mais aussi dans la presse laïque, qui ne connaît ni ne comprend ces nuances. Nous avons donc reçu toute la soirée d’hier et jusqu’à tard dans la nuit des réactions négatives de gens impliqués dans le processus dont nous parlons aujourd’hui. Il faut absolument se rappeler que, malheureusement, la division, le schisme, qui existe aujourd’hui en Ukraine a déjà une très longue histoire : cela fait 25 ans qu’il n’y a plus d’unité, ce qui induit de l’hostilité, des accusations, des confrontations. Il faut donc vraiment trouver le moyen de passer par-dessus les accusations et les reproches, renoncer à toute rhétorique haineuse dans notre discours pour ouvrir la voie à la résolution de ce difficile problème dont souffrent, sans exagération, des millions de fidèles en Ukraine. »

Mgr Clément a aussi commenté la déclaration de représentants de la structure dirigée par l’ancien métropolite de Kiev, comme quoi il ne s’agirait pas dans la lettre d’une volonté de restaurer l’unité ecclésiale, mais d’une volonté de dialoguer sur l’autocéphalie. « Je pense qu’il faut revenir à la source, c’est-à-dire au texte qui a été transmis à l’adresse du Concile épiscopal et du patriarche de Moscou. Dans ce texte, je ne vois, pas plus, je suppose, que tous les autres, aucun mot sur l’autocéphalie. Il s’agit bien de la restauration de la communion eucharistique, c’est-à-dire de l’unité ecclésiale. C’est en ce sens qu’on peut interpréter le document qui a été reçu et étudié par le Concile épiscopal » a dit l’archipasteur.

Poursuivant sur ce thème, le métropolite Hilarion a constaté : « L’impression que j’ai retiré de mes rares entretiens avec les représentants de cette structure, est qu’il existe différents courants à l’intérieur même de ce « patriarcat de Kiev ». Il y a des gens qui soutiennent ardemment l’idée d’autocéphalie. Pour eux, il n’y a rien d’autre à discuter que la reconnaissance de l’autocéphalie. Mais il y a aussi des personnes qui sont prêtes à un dialogue plus constructif. Je pense qu’aujourd’hui, si nous créons de part et d’autre une commission pour le dialogue (pour l’instant, il n’y a pas eu de commission de nommée par l’autre partie, mais cela sera sans doute fait), celui-ci ne peut commencer que si personne ne pose aucune condition préalable. Nous devons nous écouter, vérifier nos positions et comprendre si nous pouvons avancer ou non. Dès à présent, toute discussion dans l’espace public de quelque condition préalable au dialogue peut empêcher qu’il commence. C’est ce que j’ai d’ailleurs dit aux personnes qui ont apporté la lettre de l’ancien métropolite de Kiev Philarète. »

Les journalistes ont également demandé comment la lettre était arrivée à Moscou. Le métropolite Hilarion a précisé que la lettre avait été apportée par des envoyés de l’ancien métropolite Philarète. « Contrairement à ce qu’on affirme maintenant à Kiev, cela ne vient pas de notre initiative, mais de l’initiative de l’auteur de la lettre, a constaté Mgr Hilarion. Ils se sont adressés à nous, d’abord par leurs représentants en Amérique, ensuite directement. »

« Je les ai rencontrés. La lettre a été remise et, comme elle n’est pas seulement adressée à Sa Sainteté le patriarche Cyrille, mais à tout l’épiscopat de l’Église orthodoxe russe, elle a naturellement été lue au Concile épiscopal, a remarqué le président du DREE, soulignant qu’en réaction à ce document, le Concile épiscopal a publié un Arrêt « Sur l’appel de l’ancien métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine Philarète », été adopté la veille au soir.