Le 1er décembre 2017, le Concile épiscopal de l’Église orthodoxe russe a poursuivi ses travaux à l’église du Christ Sauveur de Moscou. Avant la séance, le métropolite Hilarion de Volokolamsk a répondu aux questions des journalistes des chaînes de télévision « Pervy Kanal » (Première chaîne) et « Rossia-1 ».

  • Monseigneur, comment l’Église orthodoxe russe reçoit-elle l’appel écrit de l’ancien métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine Philarète à Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie ? Met-il fin au schisme ?
  • L’ancien chef de la métropole ukrainienne de l’Église orthodoxe russe appelle dans sa lettre notre Concile épiscopal à prendre des mesures pour la restauration de l’unité ecclésiale. « Je demande pardon de tout ce en quoi j’ai péché, en parole, en action et par tous mes sens, et je pardonne sincèrement à tous de tout cœur. » C’est ce qui est dit mot à mot dans la lettre. Cette lettre a été lue au Concile épiscopal et, dans l’esprit de la doctrine évangélique sur le pardon, sachant que le dialogue doit toujours rester possible et qu’il faut ouvrir la porte aux négociations, le Concile épiscopal de l’Église orthodoxe russe a publié un arrêt, à la suite duquel elle a créé une commission pour mener les pourparlers avec la structure présidée par l’ancien métropolite Philarète.

Certaines agences d’information n’ont pas tout à fait exactement relayé le sens de cette lettre, ce qui a déjà suscité certaines incompréhensions en Ukraine. L’agence « Interfax », notamment, a incorrectement retransmis l’information en disant que Philarète aurait demandé sa grâce au patriarche Cyrille. La notion de « grâce » est complètement inexistante du vocabulaire canonique de l’Église orthodoxe. Je pense que si nous avons intérêt à ce que le dialogue ait lieu, nous devons naturellement être très prudents en relayant l’information pour éviter toute provocation.

  • Peut-on dire que l’ancien métropolite Philarète a fait le premier pas vers la restauration de l’unité de l’Église canonique en Ukraine ? Quelles conditions à cette réunion sont-elles hypothétiquement envisageables ? Que faut-il faire pour surmonter le schisme ?
  • Nous ne pouvons encore parler d’aucune condition. Si nous mettons des conditions avant même le début des négociations, celles-ci ne commenceront jamais. Je pense que toutes les conditions pourront être avancées des deux côtés dans le courant des négociations, ensuite nous verrons comment elles se passeront. Mais je tiens à souligner que l’ancien métropolite Philarète a, effectivement, fait le premier pas vers la restauration de l’unité de l’Église canonique en Ukraine. Il l’a fait de sa propre initiative, en dépit de certaines déclarations venant de Kiev, comme quoi Moscou aurait initié le processus. Nous n’avons rien initié du tout. L’initiative vient de lui. La lettre a été transmise par ses ambassadeurs, et la réaction du Concile épiscopale a été positive.
  • Le fait que cet appel ait été écrit sur du papier ordinaire, et non sur du papier à en-tête, le fait que l’ancien métropolite Philarète se soit présenté comme confrère, est-ce important ?
  • C’est important.
  • Vous présidez la commission spéciale pour les négociations avec ceux qui se sont écartés de la communion ecclésiale. Quels sont les objectifs de cette commission ?
  • Je pense que nous devons attendre de savoir si une commission sera nommée du côté de Kiev. Si elle est nommée, nous nous entendrons sur le lieu et le temps des négociations.