Le 25 mai, à la résidence patriarcale du monastère Saint-Daniel s’est déroulée la rencontre du Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie avec l’Archevêque Hiéronyme d’Athènes et de toute la Grèce et la délégation de l’Église orthodoxe de Grèce qui l’accompagnait. De nombreux hiérarques et personnalités des deux Églises prenaient part à la rencontre.

S’adressant à ses hôtes, le Patriarche Cyrille a dit sa joie d’accueillir Sa Béatitude l’Archevêque Hiéronyme au centre admnistratif et spirituel de l’Église orthodoxe russe, où se trouve également la résidence officielle du Patriarche et du Synode. Sa Sainteté a raconté aux membres de la délégation grecque l’histoire brillante et tragique du monastère Saint-Daniel, le plus ancien des couvents de Moscou, fermé au XX siècle durant les persécutions contre la foi, et réouvert peu avant les festivités du millénaire du baptême de la Russie.

« Je suis heureux de pouvoir discuter avec vous et avec les éminents prélats qui vous accompagnent de nos relations et de notre collaboration bilatérale » a dit le Primat de l’Église orthodoxe russe s’adressant à l’Archevêque Hiéronyme d’Athènes. Il s’est plus particulièrement arrêté sur la collaboration dans le domaine social.

« Nous prenons très à cœur le désastre qui s’est abattu ces derniers temps sur le peuple grec. Nous estimons que l’Église doit vivre suivant le principe que proclamait clairement l’apôtre Paul : « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (I Cor 12, 26), a souligné Sa Sainteté. La solidarité orthodoxe doit s’appliquer également aux circonstances difficiles. Notre pays, tout au long de son histoire, y compris au XX siècle a traversé de nombreuses difficultés. Nous savons ce qu’est une grave crise économique, la déroute complète de l’économie. Dans les années 90, nous avons vécu cette épreuve et nous savons que les phénomènes de crise entraînent non seulement une chute du niveau de vie, mais également la maladie et la mort, la perte du travail, du logement, le démembrement de la famille. Nous avons vécu tout cela il n’y a pas si longtemps. »

Remarquant que grâce aux mesures prises à temps par l’état russe au moment où la crise qui frappait le monde ne pouvait pas ne pas avoir de répercussions en Russie, on était parvenu à soutenir le niveau de vie des gens, Sa Sainteté a constaté : « Nous avons échappé aux conséquences tragiques de la crise qu’ont subies de nombreux autres pays, bien que la vitesse du développement économique ait été  ralentie. Le problème de la pauvreté reste toujours d’actualité. Et l’Église russe, aujourd’hui, développe activement son ministère social afin de soutenir ceux qui sont dans le besoin, en premier lieu les sans-abris, les personnes âgées, les orphelins et tous ceux dont le salaire ou les allocations sont en-dessous du seuil de pauvreté. Notre Église ne dispose pas des ressources que possèdent d’autres Églises en Europe : nous n’avons pas d’immobilier dont nous tirerions des revenus, nous n’avons pas d’actions dans les entreprises. L’Église russe travaille uniquement grâce aux dons des fidèles. Naturellement, l’ampleur des sommes recueillies ne peut donc être garantie, tout dépend de la prospérité des gens, de leur volonté de faire un don. Grâce à Dieu, nous constatons que les gens répondent volontiers à l’invitation à faire un don pour mettre en œuvre des programmes sociaux. »

Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a rappelé que l’Église russe avait annoncé une quête en faveur de ceux qui avaient souffert en Grèce des conséquences de la crise économique. Il a également donné une appréciation très positive des efforts entrepris par l’Église de Grèce afin de venir en aide à ceux qui sont dans le besoin. « Vous nourrissez ceux qui ont faim, vous soutenez ceux qui sont privés de toit, et ce à une période où l’Église orthodoxe de Grèce elle-même est matériellement dans la gêne, a rappelé Sa Sainteté. J’ai invité nos fidèles à prendre sa part du fardeau qui pèse aujourd’hui sur votre Église : des quêtes ont été organisées pour soutenir votre travail social d’aide à ceux qui ont souffert de la crise. Nous avons rassemblé la somme de 17 millions de roubles. Nous vous transférerons ces fonds et continuerons à soutenir vos programmes sociaux en fonction de nos possibilités. »

Sa Sainteté a également rappelé l’importance du travail commun dans l’organisation de pèlerinages : les Russes et les citoyens d’autres pays sur lesquels s’étend la juridication du Patriarcat de Moscou, comme l’Ukraine, la Biélorussie, la Moldavie sont de plus en plus nombreux à visiter la Grèce et ses lieux saints. De plus en plus de Grecs viennent en Russie y vénérer ses sanctuaires.

L’Archevêque d’Athènes et de toute la Grèce a remercié le Patriarche de son chaleureux accueil et de sa fraternelle hospitalité, soulignant que les manifestations organisées la veille pour la Journée de la littérature et de la culture slaves l’avaient profondément impressionné, y compris la Divine liturgie dans la cathédrale de la Dormition, la procession, l’office sur la Place rouge auquel s’étaient rendus des milliers de fidèles, la rencontre avec le chef de l’état et le concert festif au Palais national du Kremlin.

« Votre pays a traversé de multiples épreuves tout au long de son histoire. Nous pourrions dire la même chose du nôtre, a poursuivi le Primat de l’Église de Grèce. Vous avez raconté comment votre peuple avait vécu la crise des années 90. Aujourd’hui, c’est, semble-t-il, notre tour. J’aimerais remarquer que nous ne paniquons pas, nous tenons bon, notre foi orthodoxe nous soutient, ainsi que notre espérance en Dieu. Cela nous permet de traverser la crise. »

La parenté spirituelle et la compréhension mutuelle ont toujours caractérisé les relations des peuples russe et grec, a remarqué Sa Béatitude. « Le respect et l’amour de notre peuple envers le vôtre se sont manifestés dans le fait que de nombreux représentants de notre peuple, aussi bien des clercs que de simples citoyens, sont venus en Russie et se sont mis à son service » a-t-il dit, témoignant également que la mémoire de l’aide apportée par les Russes aux Grecs dans leur lutte pour la libération de leur peuple était toujours vivante.

Le Primat de l’Église de Grèce, solidaire du Patriarche Cyrille a exprimé sa certitude que les mots de l’apôtre Paul « Si un membre souffre, tous les autres membres souffrent avec lui » sont particulièrement d’actualité aujourd’hui pour le monde orthodoxe. « Nous avons été très touchés d’apprendre qu’une quête avait été organisée en Russie en faveur des frères de Grèce dans la misère. Nous l’annoncerons au cours de la prochaine séance du Synode de l’Église de Grèce et à tous les Grecs » a-t-il souligné.

Durant l’entretien, de nombreux problèmes concernant le développement ultérieur des relations bilatérales des deux Églises dans différents domaines, dont les programmes sociaux, les pèlerinages, l’échange de reliques pour la vénération des fidèles, l’enseignement de la théologie, le dialogue sur les thèmes des relations entre l’Église et la société et l’Église et l’état, l’information. Ont également été abordés des thèmes d’actualité concernant la collaboration  panorthodoxe.

A l’issue de la rencontre, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a remis aux membres de la délégation grecques des décorations de l’Église orthodoxe russe. L’Archevêque Hiéronyme d’Athènes et de toute la Grèce a été décoré de l’ordre de Saint-Vladimir (premier degré). Les membres de la délégation de l’Église grecque ont également reçues différentes décorations ecclésiastiques.

En guise de cadeau, le Patriarche Cyrille a offert une crosse à Sa Béatitude l’Archevêque Hiéronyme.