La X session de la Commission russo-iranienne pour le dialogue « Orthodoxie-islam » s’est tenue à Moscou du 26 au 27 septembre 2016, autour du thème« Le dialogue interreligieux et la coopération – instruments d’une paix solide et juste ». La session était présidée par le métropolite Théophane de Kazan et du Kazakhstan et par le président de l’Organisation pour la culture et les relations islamiques d’Iran, le docteur Abouzar Ibrahimi Torkaman.

La délégation de l’Église orthodoxe russe se composait comme suit : l’archevêque Théophilacte de Piatigorsk et de Tcherkessk, l’archimandrite Alexandre (Zarkechev), recteur de l’église Saint-Nicolas de Téhéran, le prêtre Dimitri Safonov, secrétaire du DREE au relations interreligieuses, l’archiprêtre Alexis Belotserkovski, enseignant au séminaire de Samara, le prêtre Ioann Vassiliev, directeur du département d’islamologie au séminaire de Kazan, E. V. Dounaieva, directeur de recherches à l’Institut oriental de l’Académie des sciences russe, I. D. Kachitsyne, du DREE.

La délégation iranienne était composée de l’Ayatollah Mohammad Ali Taskhiri, conseiller du leader suprême de l’Iran sur le monde islamique ; de l’Ayatollah Ahmad Beheshti, professeur à l’Académie islamique en Iran, du docteur Moshen Ismaili, membre du Conseil des experts d’Iran, d’Ahmad Ahmadi, chef de la maison d’édition « SAMT », de Fateme Tabatabai, professeur à l’université de Teheran, de Zahra Rashidbeigi, du Centre pour le dialogue interreligieux de l’Organisation pour la culture et les relations islamiques d’Iran.

Les participants de la session, qui représentent deux religions abrahamiques, le Christianisme orthodoxe et l’Islam, ont présenté des exposés basés respectivement sur la Bible et sur le Coran. Ils ont expliqué la compréhension de la notion de paix solide et juste dans les traditions chrétienne orthodoxe et islamique, ont examiné les aspects théoriques et pratiques du dialogue interreligieux en Russie et en Iran, et ont discuté de la défense des minorités religieuses dans le contexte du dialogue interreligieux, ainsi que de la place et du rôle des échanges culturels dans la prévention de l’extrémisme.

Au cours de la rencontre, les deux parties ont témoigné de l’actualité grandissante du dialogue interreligieux, qui sert de pont entre les croyants de différentes religions. Ayant discuté des moyens de mettre en place ce dialogue en Russie et en Iran, les participants ont constaté le haut niveau des relations interreligieuses et l’importance des échanges d’expérience.

Ils ont convenu que la communauté de valeurs sur le plan moral dans les deux religions était une base importante dans la coopération orthodoxe-musulmane. Les participants ont souligné que l’objectif principal du dialogue interreligieux était la recherche d’une paix juste.

Les participants ont aussi constaté que l’extrémisme utilisant des slogans religieux était une menace, visant à la destruction des relations séculaires entre chrétiens et musulmans. Les deux parties ont souligné que l’extrémisme ne devait en aucun cas être assimilé à la religion, dans la mesure où l’amour du prochain, le respect des opinions des autres et l’esprit de paix étaient inhérents à la religion. Les participants ont condamné l’instrumentalisation des slogans religieux pour légitimer des actions injuste et agressives. Ils ont appelé à préserver et à augmenter la paix et l’harmonie entre religions.

Les participants du dialogue ont aussi exprimé leur inquiétude devant l’éviction grandissante du christianisme du Proche Orient et d’Afrique du Nord. Ils ont aussi condamné les manifestations d’islamophobie dans le monde occidental, visant à gêner les fidèles dans l’expression de leur religiosité. Une attention particulière a été accordée au sort des monuments et des sanctuaires religieux : les participants ont dit leur regret devant la destruction et la profanation des sanctuaires chrétiens et musulmans au Proche Orient, notamment en Syrie et en Irak. Ayant catégoriquement condamné les actions des extrémistes et des terroristes, ils ont appelé les communautés chrétiennes et musulmanes à être solidaires dans le soutien aux minorités religieuses poursuivies par les extrémistes. Les membres des délégations ont insisté sur la défense des minorités religieuses, qui doit être une contribution importante à la poursuite du dialogue interreligieux.

Le rôle important des échanges sur le plan académique et culturel pour le développement du dialogue a aussi été souligné. L’éducation des futurs leaders religieux et des fidèles dans un esprit de tolérance, de volonté de dialoguer et de respect mutuel doit commencer aujourd’hui, afin qu’à l’avenir, chrétiens et musulmans demeurent attachés à la précieuse expérience de coexistence pacifique. Les membres des délégations ont convenu d’intensifier les échanges entre écoles religieuses de Russie et d’Iran. Ils ont constaté que l’activité de la Commission russo-iranienne pour le dialogue entre le christianisme orthodoxe et l’islam était devenue un sujet d’étude dans les établissements religieux supérieurs.

Les participants des consultations ont condamné l’imposition de normes laïques et de modes de comportement qui suscitent le rejet des partisans de la morale traditionnelle. Les membres des délégations ont remarqué que les tentatives de construire une société paisible et juste sans religion étaient vouées à l’échec. Les phénomènes de crise observés aujourd’hui en Occident sont justement le résultat d’une volonté des hommes politiques de séculariser la société. Cette position suscite la résistance des défenseurs des religions traditionnelles et provoque inévitablement des tensions et des conflits.

Les membres de la Commission ont exprimé leur satisfaction devant la poursuite du dialogue entre l’Église orthodoxe russe et la communauté musulmane de la République islamique d’Iran. Ils ont reconnu l’importance des résultats atteints par la Commission en 20 années de travail, et de sa contribution à la consolidation de l’amitié entre les peuples de Russie et d’Iran. Les participants ont souligné le rôle fondateur de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie et de l’ayatollah Mohammad Ali Taskhiri, dans la création de la Commission il y a 20 ans. L’actualité de ce dialogue est confirmée par le large cercle de thèmes discutés et par l’intérêt constant que suscite le dialogue.

La XI session de la Commission est prévue pour l’année 2018 et aura lieu à Téhéran.