« Il est toujours possible de revenir du schisme, et la voie du retour passe toujours par la pénitence », a dit le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, dans une interview accordée dans le cadre de l’émission de télévision analytique « Le Grand Jeu » (« Bolchaïa Igra »), à propos des moyens de sortir de la situation provoquée par les actes anticanoniques du Patriarcat de Constantinople, qui, le 15 octobre 2018,  ont forcé le Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe à reconnaître qu’il était actuellement impossible de rester avec lui en communion eucharistique.

On s’en souvient, par ses résolutions du 11 octobre, le Patriarcat de Constantinople a « annulé » la décision prise il y a plus de 300 ans sur le transfert de la métropole de Kiev à la juridiction du Patriarcat de Moscou, empiétant ainsi sur le territoire canonique de l’Église orthodoxe russe, et déclaré sa volonté de réaliser le projet « d’autocéphalie ukrainienne ». Par ailleurs, le Synode du Patriarcat de Constantinople, en violation des règles canoniques, a accepté de réintégrer les leaders du schisme ukrainien dans la communion.

« Le Patriarcat de Constantinople a adhéré au projet purement politique, existant depuis déjà un quart de siècle, de création d’une prétendue église ukrainienne autocéphale, a rappelé le président du DREE. Le projet a été initié et est soutenu par les leaders politiques, mais n’est pas soutenu par la grande majorité du peuple orthodoxe d’Ukraine, comme le montrent les grandes processions qui rassemblent des milliers de personnes à Kiev, ou les églises pleines à craquer de l’Église orthodoxe ukrainienne. Nous regrettons que le Patriarcat de Constantinople ait pris, par intérêt vénal, la voie du soutien au schisme, ce projet politique anticlérical. »

Ce n’est pas la première fois dans l’histoire, a constaté avec regret le métropolite Hilarion de Volokolamsk. « Nous nous souvenons que Constantinople avait soutenu le schisme de l’église vivante, qu’il a frappé l’Église orthodoxe russe chaque fois qu’elle se trouvait dans une situation difficile, a dit l’archipasteur. Voilà ce que vaut la charité fraternelle dont parle si souvent le Patriarcat de Constantinople. »

« Nous sommes face à une nouvelle réalité ecclésiale : nous n’avons plus de centre de coordination dans l’Église orthodoxe, et nous devons en prendre clairement conscience. Le Patriarcat de Constantinople s’est auto-liquidé en tant que centre de coordination » a souligné le métropolite Hilarion. Il a rappelé que, durant plusieurs décennies, le Patriarcat de Moscou et les autres Églises locales, avaient participé à la préparation du Concile panorthodoxe, que leurs représentants et leurs primats venaient aux réunions organisées par le Patriarcat de Constantinople. « Mais, en empiétant sur les frontières d’une autre Église locale, en légitimant le schisme, il a perdu le droit de se dénommer centre de coordination pour l’Église orthodoxe » a dit l’hiérarque.

Le Patriarcat de Moscou poursuivra ses échanges avec les autres Églises orthodoxes locales, a dit le président du DREE. « Nous continuerons à nous rendre visite les uns aux autres, à coordonner nos efforts, nos opinions, mais le Patriarcat de Constantinople s’est mis à l’écart de ce processus, il faut que ce soit bien clair. »