Le 23 juin 2018, fête des 222 martyrs chinois, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Saint-Nicolas de Goloutvine, métochion chinois de Moscou. En 2016, selon une décision du Concile épiscopat de l’Eglise orthodoxe russe, le prêtre et martyr Métrophane avait été canonisé en même temps que de nombreux autres, ayant reçu la couronne du martyr en 1900, à Pékin.

L’archipasteur concélébrait avec l’archiprêtre Igor Zouiév, recteur de l’église Saint-Nicolas, l’hiéromoine Nicolas (Ono), inspecteur de l’Institut des Hautes Études Saints-Cyrille-et-Méthode, l’hiéromoine Cyrille (Peregoudine), collaborateur du DREE, et les clercs de l’église.

Une partie des prières étaient dites en chinois.

Après la litanie instante, le métropolite a lu la prière pour la paix en Ukraine.

A la fin de la liturgie, Mgr Hilarion a prononcé une homélie, rappelant l’histoire de l’Orthodoxie en Chine et celle des 222 martyrs. « La foi orthodoxe a été apportée en Chine non par des missionnaires, mais par des prisonniers de guerre amenés à Pékin par la Providence. Malgré les circonstances difficiles, ils ont conservé et transmis la foi orthodoxe de génération en génération. Il y avait de moins en moins de sang russe à chaque génération, mais la foi ne tarissait pas. C’est pour les aider, ainsi que pour développer la mission orthodoxe en Chine, que la Mission orthodoxe russe a été fondée. Elle a œuvré avec succès, et beaucoup d’églises ont été fondées grâce aux efforts des missionnaires, qui ont aussi travaillé à la traduction d’un grand nombre d’ouvrages liturgiques et théologiques. Finalement, cette mission a évolué en Église orthodoxe autonome chinoise, disposant de sa propre infrastructure sur le territoire chinois.

Le soulèvement des boxers a été l’un des évènements tragiques de l’histoire de l’Église orthodoxe chinoise, suivi, plus tard, d’un autre évènement tragique, la révolution culturelle, qui a balayé toute cette infrastructure mise en place au cours des siècles. Les églises ont été fermées, beaucoup ont été détruites, les prêtres ont subi des répressions. Aujourd’hui, nous travaillons à faire renaître l’Église orthodoxe autonome chinoise, afin que les orthodoxes résidant en Chine (et ils sont plus nombreux qu’on pourrait le croire), puissent participer aux offices, recevoir les Saints Mystères, faire baptiser leurs enfants et les élever dans la foi orthodoxe.

Dans la Chine d’aujourd’hui, l’Église orthodoxe vit dans des conditions difficiles, elle est placée sous le contrôle étroit des organes du parti et de l’état, qui déclarent leur attachement à l’idéologie de l’athéisme… Mais quelles que soient les conditions, l’Église du Christ existe et continuera à exister. Nous croyons, comme l’a promis le Sauveur, que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle (cf. Mt 16, 18).

(…) En 2000 ans d’existence, le christianisme a beaucoup progressé, des peuples entiers se sont convertis. Mais il reste des peuples qui n’ont pas été touchés par la prédication de l’Évangile, qui ne connaissent pas les vérités salutaires de la doctrine évangélique et demeurent dans les ténèbres de l’incroyance et de l’inconnaissance. Notre devoir, en tant qu’héritiers des saints apôtres, est de prêcher à ces peuples.

Là où les conditions sont difficiles, nous nous adaptons, comme les chrétiens des premiers siècles s’adaptaient aux conditions faites à l’Église dans l’Empire romain, et continuaient à prêcher malgré les persécutions, malgré les risques… Comme le disait Tertullien, le sang des martyrs est la semence du christianisme… Nous croyons que l’exploit des 222 martyrs chinois, dont nous faisons aujourd’hui mémoire, n’a pas été vain. Nous croyons que l’arbre de la foi orthodoxe refleurira un jour sur le sol chinois, que non seulement l’infrastructure de l’Église orthodoxe autonome chinoise sera restaurée, que les offices reprendront dans les églises qui n’ont pas été détruites…, mais aussi, comme le croyait saint Nicolas du Japon, nous croyons que le peuple chinois sera illuminé de la lumière de la foi au Christ et que les croyants de cette terre bénie de Dieu entreront dans la famille des Églises orthodoxes locales…

Un rôle particulier revient au métochion chinois de Moscou dans cette œuvre missionnaire. N’oubliez pas que beaucoup de Chinois résident en permanence ou temporairement dans notre pays. Ne leur refusez pas votre sollicitude, donnez-leur la possibilité de lire de la littérature orthodoxe dans leur langue, de participer à des offices orthodoxes, d’entendre prêcher dans leur langue natale.

Nous ne savons pas quels seront les résultats de notre prédication. Le Christ, lorsqu’Il prêchait, n’a pas converti des milliers, ni des millions de personnes. Il était toujours suivi de petits groupes de disciples. Après la crucifixion et la résurrection, le nombre des disciples s’élevait à 120, comme dit le livre des actes, à 500, selon l’apôtre Paul…

(…) Le Seigneur Jésus Christ a Lui-même été la semence tombée en terre, qui est morte et a porté beaucoup de fruits (cf Jn 12, 23), et le sang des martyrs a été la semence du christianisme au cours des siècles. Aujourd’hui, les chrétiens sont des millions de par le monde entier, sur tous les coins de la terre. Prions les saints martyrs chinois, pour qu’ils nous aident dans notre œuvre missionnaire (…) « J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître » (I Co 3, 6) écrivait l’apôtre Paul. Plantons, arrosons et attendons que le Seigneur fasse croître l’arbre duquel se nourrira la terre chinoise. »