Une conférence internationale intitulée « Saint Nicolas du Japon et saint Innocent de Moscou : la culture des peuples de Russie, du Japon et d’Amérique » a débuté le 8 novembre 2017, à l’ambassade de la Fédération de Russie au Japon. Elle est dédiée à la mémoire du 220e anniversaire de la naissance de saint Innocent (Veniaminov), métropolite de Moscou, apôtre de la Sibérie et de l’Amérique, père spirituel de saint Nicolas, apôtre du Japon. La conférence est organisée par le ministère de la Culture de la Fédération de Russie dans le cadre du projet « Saisons russes », avec le soutien du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, et avec la contribution de la représentation diplomatique au Japon et de la représentation à Tokyo de l’Agence fédérale pour les affaires de la CEI et des compatriotes résidant à l’étranger et pour la coopération humanitaire internationale (Rossotroudnitchestvo).

L’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie au Japon, E. V. Afanassiev, s’est adressé aux participants, soulignant l’importance de ce projet destiné à souligner les fondements spirituels des relations entre la Russie et le Japon.

Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a ouvert la conférence par une communication sur « Saint Nicolas, apôtre du Japon, et saint Innocent de Moscou, des saints pour relier les peuples ».

S’adressant à l’assistance, l’archipasteur a souligné :

« La présente rencontre permet de revenir aux sources spirituelles des rapports entre la Russie, le Japon et l’Amérique, les pays de la région du Pacifique, rapports fondés sur la foi orthodoxe apportée dans cette partie du monde par les missionnaires russes.

Notre rencontre au Japon est rattachée au 220e anniversaire de la naissance d’un fidèle enfant de l’Église orthodoxe russe, d’un grand missionnaire, dont les travaux lui valurent le titre d’apôtre de la Sibérie et de l’Amérique. Je veux parler de saint Innocent de Moscou. C’est saint Innocent de Moscou qui, fort de 40 années d’expérience apostolique, sut montrer au jeune hiéromoine Nicolas (Kassatkine), alors âgé de 24 ans, quels efforts entreprendre, sur quoi concentrer ses travaux afin que son ministère au service du peuple japonais donne de bons résultats.

Saint Innocent devint missionnaire en 1823. Quoique marié, celui qui était encore le prêtre Jean Veniaminov, fut le seul à ne pas craindre les difficultés et accepta d’entreprendre avec sa famille le long voyage vers le continent nord-américain, pour annoncer l’Évangile aux populations locales. Le Seigneur le récompensa en lui donnant non seulement des enfants dans la chair, mais aussi des dizaines de milliers d’enfants spirituels, auxquels il apporta la lumière de la foi en Christ.

Prêchant l’Évangile aux petits peuples du Nord, il étudiait leur langue et leur culture, leurs coutumes et leurs mœurs, ainsi que leurs traditions religieuses. Il créa ainsi un alphabet aléoute, sur la base de l’alphabet cyrillique, composa et publia le premier livre de lecture aléoute, formula les bases de la grammaire de cette langue et traduisit l’Évangile, le catéchisme et les prières et les cantiques les plus usités.

Après la mort de son épouse, l’archiprêtre Jean devint moine en 1840 sous le nom d’Innocent. Il fut bientôt consacré évêque, continuant à œuvrer pour répandre la foi chrétienne parmi les peuples du Kamtchatka, des îles Aléoutes, d’Amérique du Nord, de Yakoutie, de la province de Khabarovsk. Saint Innocent donna ainsi un demi-siècle à la mission dans les régions arides du Nord, non sans risquer sa vie. »

Le métropolite Hilarion a souligné que saint Innocent resta fidèle à sa vocation missionnaire jusqu’à la fin de ses jours : « Il avait 70 ans lorsqu’il fut transféré à la chaire de Moscou, mais il n’abandonna pas la mission pour autant… C’est grâce au soutien et à la sollicitude de saint Innocent que fut fondée la Mission orthodoxe japonaise, en 1870, confiée à l’archimandrite Nicolas (Kassastkine), futur égal-aux-apôtres. La même année, à la requête du métropolite Innocent, furent fondés les diocèses de Yakoutie, d’Aléoutie et d’Alaska. Saint Innocent comprenait qu’un évêque était nécessaire pour poursuivre l’œuvre missionnaire sur les territoires où s’élevait l’édifice invisible de l’Église du Christ, et se battit donc pour la création d’un diocèse du Japon, à la tête duquel fut placé l’archimandrite Nicolas, devenu évêque. Il mourut cependant quelques mois avant de voir ses efforts couronnés de succès, en 1879. »

Revenant sur le cheminement des deux saints, le président du DREE a souligné leur contribution à la connaissance scientifique de la langue et des coutumes des pays où le Seigneur les envoya prêcher Sa parole. « Saint Nicolas, dans une lettre à saint Innocent, écrivait : « La science m’a longtemps attiré ; l’histoire japonaise et toute la littérature japonaise sont des trésors absolument intouchés, il suffit de puiser à pleines mains, tout sera nouveau, intéressant pour les Européens, et ce travail ne sera pas perdu. » De fait, les ouvrages de saint Nicolas ont fait sensation dans le monde des sciences orientales russes et ont été un véritable évènement pour la recherche littéraire de son temps » a constaté Mgr Hilarion.

Cependant, la mission était une priorité absolue, souligne le métropolite : « Saint Nicolas déployait tous les efforts possibles et imaginables pour que les Japonais créent leur propre monde spirituel, aient leur Église. Cette aspiration est directement inspirée de l’école missionnaire de saint Innocent (Veniaminov), lequel se distinguait par son ouverture, son accessibilité, sa simplicité dans les échanges, sa douceur et sa tolérance envers le gens, par sa volonté de donner à chacun un espace de créativité et d’initiative. »

Le métropolite Hilarion a terminé sa communication en citant le patriarche Serge (Stragorodski) de Moscou et de toute la Russie, qui œuvra en son temps à la mission au Japon : « L’orthodoxie, c’est le christianisme dans toute sa plénitude et dans toute sa simplicité… Comme un don du ciel, et non de la raison humaine, elle est au-dessus du monde et n’est pas déterminée par lui. Au contraire, elle veut renouveler le monde. Par conséquent, ici, en Orient, l’orthodoxie peut certainement pénétrer dans la conscience nationale, comme elle a su pénétrer en Europe, et elle deviendra ainsi la foi japonaise, comme elle est devenue en Europe la foi grecque ou russe, etc., à condition seulement que rien ne trouble sa pureté originelle. »

Ont ensuite présenté à leur tour un exposé sur différents aspects de la mission de saint Innocent de Moscou et de saint Nicolas du Japon : le métropolite Daniel de Tokyo et de tout le Japon, chef de l’Église orthodoxe japonaise autonome, l’archevêque Séraphin de Sendai, l’higoumène Jean (Roubine, recteur du séminaire Saint-Nicolas-d’Ougrecha, des clercs de l’Église orthodoxe japonaise autonome et des diocèses de la région de Moscou, de Saint-Pétersbourg, de Kasimov et de Rjev (Église orthodoxe russe), ainsi que des enseignants et des collaborateurs de l’Institut d’Extrême-Orient de l’Académie des sciences russe, de l’Université de Tokyo, de l’Institut des pays d’Asie et d’Afrique de l’Université Lomonosov de Moscou, du Conservatoire de Moscou, des séminaires de Saint-Pétersbourg et de Saint-Nicolas-d’Ougrecha.

Un film du métropolite Hilarion sur l’orthodoxie au Japon a été projeté. Sa version japonaise a été réalisée grâce au soutien de la Fondation caritative Saint-Grégoire-le-Théologien.

Le métropolite Hilarion a remis une décoration de l’Église orthodoxe russe à un employé de l’Ambassade de Russie au Japon, D. N. Chakoura.