Le soir du 7 janvier 2017, fête de la Nativité de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a célébré les Grandes vêpres à l’église cathédrale du Christ Sauveur de Moscou.

Sa Sainteté concélébrait avec le métropolite Juvénal de Kroutitsy et de Kolomna, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, le métropolite Valentin (Michtchouk), le métropolite Arsène d’Istra, premier vicaire du Patriarche pour la ville de Moscou, l’archevêque Eugène de Vereia, président du Comité pédagogique de l’Église orthodoxe russe, l’archevêque Théognoste de Serguiev-Possad, président du Département synodal des monastères et du monachisme, l’archevêque Serge de Solnetchnogorsk, directeur du Secrétariat administratif du Patriarcat de Moscou, ainsi que de nombreux autres hiérarques de l’Église orthodoxe russe.

Des représentants des Églises orthodoxes locales d’Alexandrie, d’Antioche, de Serbie, de Bulgarie, des Terres tchèques et de Slovaquie concélébraient aussi, ainsi que les présidents des institutions synodales ayant rang ecclésiastique, les supérieurs des monastères stavropégiques, des clercs de Moscou et de la région de Moscou.

L’office était chanté par le chœur de l’église du Christ Sauveur, sous la direction d’I. Tolkatchev, et par la manécanterie « Début » (Debiout) sous la direction d’A. Iastrebova.

De nombreux fidèles, ainsi que les supérieures de monastères stavropégiques féminins, les membres des conseils paroissiaux des églises de la capitale et ceux des institutions synodales assistaient à la célébration, retransmise en direct à la télévision.

Le Patriarche Cyrille a lu l’évangile du jour dans l’antique évangéliaire datant de l’époque de l’impératrice Elisabeth, porté hors du sanctuaire de l’église du Christ Sauveur deux fois par an, pour les grandes vêpres de la Nativité du Christ et pour les vêpres pascales.

A la fin de l’office, au nom du plérôme de l’Église orthodoxe russe, le métropolite Juvénal de Kroutitsy et de Kolomna a présenté ses vœux au Patriarche Cyrille, lequel a prononcé ensuite une homélie :

« Éminences et Excellences, chers pères, chères mères higoumènes, chers frères et sœurs,

Je vous souhaite à tous une bonne fête de la Nativité du Christ. Je remercie Son Éminence le métropolite de ses bonnes paroles. Lorsque nous nous rassemblons dans cette église cathédrale, en particulier le jour de Pâques ou pour la Nativité, l’Église de la cité de Moscou se tient tout entière visiblement sous ces voûtes. Les offices divins célébrés ensemble ont une grande force spirituelle, car la prière de chacun y est décuplée. Selon l’antique usage, remontant aux temps apostoliques, le peuple de Dieu se réunit autour de l’évêque et la prière de cœurs purs s’élève vers le trône divin.

La fête de la Nativité est la fête du miracle, comme nous l’entendons dans le prokimenon : « Quel dieu est grand comme notre Dieu? Tu es le Dieu qui fait des merveilles ! » En effet, Dieu fait des merveilles. Il y a eu le miracle de la grotte de Bethléem, et toute la vie du Seigneur a été un miracle. On peut dire que ce miracle se poursuit dans la vie de l’Église. De quoi ce miracle est-il porteur ? Il est porteur de la victoire du principe divin sur le péché humain.

Certains diront sans doute : « Pas du tout. Il suffit de se rappeler ces terribles pages de l’histoire qui ont suivi la Nativité du Christ. Où voyez-vous un miracle ? Où est la puissance de Dieu ? » Mais ce n’est pas pour rien que nous chantons aujourd’hui : « Tu as manifesté ta puissance dans les hommes ». La puissance de Dieu se manifeste dans les hommes, qui transmettent cette force au monde environnant. Tout homme dont le cœur et l’esprit sont ouverts à Dieu devient l’instrument du miracle de Dieu. Il est parfois difficile de voir un tableau ou même certains objets lorsqu’on est trop près. Ainsi, il nous semble qu’il ne se produit pas le moindre miracle et que la victoire de Dieu n’est pas visible dans l’histoire, qu’il n’y a pas de victoire du bien sur le mal. Le mal est aveuglant, mais cela se produit parce que nous ne regardons pas du point de vue d’où est visible la présence de Dieu dans le monde et la victoire du principe divin sur le principe du péché dans l’homme.

Nous sommes entrés dans une année de commémoration d’évènements tragiques dans l’histoire de notre patrie. Dès cette fameuse année, on a commencé à fermer des églises, à profaner des sanctuaires, à tuer des prêtres et des fidèles. La terre russe a rougi de leur sang et, finalement, presque tous les signes de la foi de notre peuple ont été rasés. Les témoins de ces évènements, ceux qui les voyaient de près, ne pouvaient sans doute pas voir la présence divine dans l’histoire et beaucoup disaient : « Seigneur, mais où es-tu donc ? » lorsqu’on a dynamité cette cathédrale, lorsqu’on a fermé la Laure de la Trinité-Saint-Serge, lorsqu’on a profané les saintes reliques, lorsqu’on fusillait les prêtres et les fidèles. Sans doute, ils ont été nombreux à demander à Dieu : « Où es-Tu ? », et à ne plus voir le miracle de Dieu.

Mais, ce siècle écoulé, nous pouvons envisager ces années sous un autre angle. Aujourd’hui, nous sommes de nouveau rassemblés dans l’église du Christ Sauveur. Des milliers et des milliers d’églises ont été construites, des milliers sont en construction. Et surtout, notre peuple se convertit, et nous commençons à comprendre que ces pages tragiques de notre histoire n’ont pas eu lieu en vain. Dieu ne nous révèle pas entièrement Ses mystères, nous ne savons pas pourquoi notre peuple a dû passer par ces routes ensanglantées, pourquoi un tel sacrifice a-t-il été nécessaire. Mais le fait que ce siècle s’achève par une manifestation de la gloire de Dieu témoigne du miracle divin. Le même miracle qui a marqué le point de départ de tous les miracles qui ont suivi, le miracle de la grotte de Bethléem, se reflète dans la vie, dans le ministère, dans la mort sur la croix et dans la résurrection de notre Seigneur et Sauveur, un miracle se répétant durant les 2000 ans d’histoire de l’Église et qui nous est manifesté aujourd’hui, à nous, gens du XXI siècle. Nous voyons la marque de Dieu, la présence de Dieu dans l’histoire humaine. Cela veut dire que le Seigneur nous accorde son aide afin que nous nous affermissions dans la foi.

Le peuple n’a pas eu cette aide durant ses dures épreuves. Certes, beaucoup ont gardé la foi dans leur cœur, mais ce qui se passait était incompréhensible à la plupart. Le Seigneur s’est manifesté à nous dans l’histoire humaine. Notre Église et le peuple des croyants ont aujourd’hui une responsabilité particulière. Nous avons la responsabilité de ne plus permettre d’apostasie dans notre histoire, nous sommes responsables de l’augmentation de la foi dans les cœurs, afin que renaisse la Sainte Russie. Nous croyons que Dieu nous aidera à suivre cette voie, en affermissant notre propre foi et la foi dans les cœurs de nos proches.

Je m’adresse plus particulièrement à l’épiscopat et au clergé de Moscou, ainsi qu’à nos laïcs engagés, à la jeunesse qui œuvre aujourd’hui bénévolement aux côtés du clergé, aidant les gens, en particulier les jeunes, à voir ce qu’on ne peut voir d’un autre point de vue, sous un autre angle, mais qui se laisse voir d’un côté que le Seigneur ouvre à chacun dans sa vie. Cela se produit quand l’esprit et le cœur s’ouvrent à Dieu, afin que la présence divine soit visible dans la vie de chacun et dans l’histoire humaine. Dieu fasse que notre clergé soit capable de travailler sans épargner ses forces, sans compter, afin que des millions et des millions de nos concitoyens découvrent la puissance de la foi.

Le Seigneur nous appelle à un ministère spécial dans un temps spécial. Espérant en sa miséricorde, avec humilité, amour et courage, nous devons suivre la voie qu’Il nous propose, augmentant en nous et en nos ouailles la foi et l’amour de Dieu qui fait des merveilles. Amen. »

Selon la tradition, le Patriarche a ensuite reçu les félicitations des hiérarques, des clercs et des fidèles.