L’une des orientations principales du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou est d’entretenir des relations avec les communautés hétérodoxes.

Intervenant lors de l’Assemblée solennelle réunie pour le 70e anniversaire du DREE, son président, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, a constaté notamment que les relations avec l’Église catholique romaine avaient de l’avenir, tant au niveau panorthodoxe qu’au plan bilatéral. « Le dialogue officiel, qui se poursuit entre la famille des Églises orthodoxes locales et les catholiques romains depuis 1979, examine un large spectre de questions. Il s’agit avant tout de consultations théologiques de longue haleine, a constaté l’hiérarque. La coopération bilatérale du Patriarcat de Moscou avec les différentes institutions de l’Église catholique romaine se déploie aujourd’hui principalement autour des problématiques sociales, sur lesquelles nos positions se rapprochent. »

Mgr Hilarion a souligné que les évènements de ces dernières années confirmaient la nécessité d’unir les efforts des catholiques et des orthodoxes contre le sécularisme libéral, la crise des valeurs familiales, l’érosion des normes de la morale traditionnelle. Par ailleurs, la collaboration culturelle occupe une place importante dans ces relations, dans le cadre d’un groupe de travail bilatéral fondé l’an dernier.

« Dans le contexte de la lutte contre le terrorisme qui se poursuit au Proche Orient, avant tout en Syrie et en Irak, nous avons particulièrement intérêt à renforcer notre coopération pour défendre les chrétiens persécutés par les extrémistes et pour aider les populations de cette région » a déclaré l’archipasteur.

Ce thème, et d’autres sujets d’actualités, ont été abordés dans la Déclaration commune adoptée le 12 février dernier à La Havane par le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie et le Pape François de Rome. Comme l’a rappelé le président du DREE, la préparation de cette rencontre avait duré près de vingt ans, si l’on se reporte à la première tentative de rencontre entre un Pape de Rome et un Patriarche de Moscou, en 1997. Elle n’avait pu avoir lieu alors car il n’avait pas été possible de trouver une position commune qui aurait servi de base à la Déclaration. « Depuis, le niveau de compréhension mutuelle s’est remarquablement amélioré, et le texte de la Déclaration signé à La Havane en est le reflet » a témoigné le métropolite Hilarion.

« Ce n’est pas un hasard, si cette rencontre a été qualifiée d’historique, si d’autres épithètes conforme à son importance lui ont été appliqués » a poursuivi Mgr Hilarion. « Elle a eu lieu à un moment critique de l’histoire contemporaine, alors que la menace d’une nouvelle guerre mondiale planait sur le monde. La frappe de l’aviation turque contre un avion russe volant au-dessus de la Syrie aurait pu jouer le même rôle de catalyseur de l’activité militaire que le coup de pistolet du terroriste de Sarajevo en 1914. La concentration des forces de différentes coalitions anti-terroristes aux frontières de la Syrie, aurait pu provoquer une confrontation de ces différentes forces entre elles au lieu de les amener à combattre l’ennemi commun. Dieu seul sait comment cela aurait pu finir. Dans ce contexte, l’appel à des actes conjoints et coordonnés, lancé par le Patriarche et par le Pape, était on ne peut plus opportun. Et il a été entendu. Aujourd’hui, dans le monde entier, les gens prennent conscience qu’on ne peut vaincre le terrorisme que par des efforts communs. »

Le métropolite Hilarion de Volokolamsk a aussi souligné que l’Église orthodoxe russe estimait hautement la position équilibrée du Saint Siège sur les affrontements en Ukraine, avivé, malheureusement, par la politique de la direction de l’Église gréco-catholique ukrainienne. L’hiérarque a rappelé que la Déclaration commune du Patriarche et du Pape déclarait clairement que : « la méthode de l’uniatisme du passé, comprise comme la réunion d’une communauté à une autre en la détachant de son Église, n’est pas un moyen pour retrouver l’unité ».

« Cela a été dit auparavant, notamment dans le document de la Commission mixte pour le dialogue orthodoxe-catholique, signé à Balamand en 1993. Cependant, à l’époque, le document de Balamand n’avait pas été approuvé par le Pape Jean-Paul II. A présent, le chef de l’Église catholique a confirmé nettement ce qui n’est plus seulement évident pour les orthodoxes, mais aussi pour les membres catholiques du dialogue. J’estime qu’il s’agit d’une avancée importante » a souligné le métropolite Hilarion.