Une conférence de presse a eu lieu à Moscou le 24 février 2016 sur le bilan de la visite de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie en Amérique Latine. Durant son voyage, du 11 au 22 février, le Primat de l’Église orthodoxe russe a visité Cuba, le Paraguay et le Brésil. Sa Sainteté s’est également rendue à la station polaire russe « Bellingshausen » dans l’Antarctique.

V. R. Legoïda, président du Département synodal aux relations de l’Église avec la société et les médias, l’archimandrite Philarète (Boulekov), vice-président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, et le prêtre Alexandre Volkov, directeur du service de presse du Patriarche de Moscou et de toute la Russie, participaient à cette conférence de presse.

« Le Patriarche Cyrille et le Pape François, par le fait même de leur rencontre du 12 février à Cuba, ont donné l’exemple aux responsables politiques, en montrant comment s’élever au-dessus des divergences existant dans les relations afin d’atteindre un but plus élevé concernant la situation des hommes dans le monde » a souligné V. Legoïda s’adressant aux journalistes.

Le Patriarche Cyrille et le Pape François ont signé à La Havane une déclaration commune, appelant notamment la communauté internationale à unir tous les efforts pour la défense des chrétiens au Proche Orient, en Afrique et dans d’autres régions, a rappelé le président du Département synodal aux relations de l’Église avec la société et les médias, exprimant l’espoir que cet appel serait entendu.

Répondant aux questions des journalistes, l’archimandrite Philarète a précisé que le dialogue orthodoxe-catholique se poursuivait depuis 1979. Fort d’une certaine expérience, le dialogue poursuit l’étude un large spectre de problèmes. La rencontre entre le Patriarche de Moscou et de toute la Russie et le Pape de Rome, a souligné l’archimandrite Philarète, « n’a pas de rapport avec le dialogue panorthodoxe avec l’Église catholique romaine, dans la mesure où l’agenda est différent ».

« Les Églises orthodoxes n’entretiennent pas de dialogues théologiques unilatéralement, dans la mesure où chacune d’entre elles se considère comme partie de l’Église une, sainte, catholique et apostolique. Nous ne pouvons pas avoir de différences doctrinales et il est impossible qu’une Église s’entende avec qui que ce soit sur quoi que ce soit ou introduise des modifications dans sa doctrine, a constaté le vice-président du DREE. Aucune Église orthodoxe locale ne peut en aucun cas discuter de questions de doctrine directement dans un dialogue bilatéral, cela se fait toujours sous une forme panorthodoxe. Ainsi, toutes les questions de théologie dont nous discutons avec l’Église catholique romaine sont abordées en même temps par toutes les Églises orthodoxes. »

Le père Alexandre Volkov, chef du Service de presse du Patriarche de Moscou et de toute la Russie a affirmé que la rencontre qui vient d’avoir lieu favorisera le développement positif des relations bilatérales et du dialogue sur les questions abordées dans la Déclaration commune.

Le président du Département synodal aux relations de l’Église avec la société et les médias a également constaté que la Déclaration restera toujours d’actualité, qu’elle sera « lue et étudiée ». Par ailleurs, il a été remarqué qu’il ne fallait pas chercher de lien direct entre le document et les actes concrets des uns ou des autres.

Le Patriarche Cyrille sait qu’une partie des fidèles de l’Église orthodoxe russe sont préoccupés par sa rencontre avec le Pape François de Rome, a déclaré le père Alexandre Volkov. « Ces préoccupations sont exprimées par des gens qui n’ont peut-être pas tout à fait compris ce qui s’était passé et se font une opinion d’après ce qu’ils ont entendu aux informations » a-t-il présumé.

Répondant aux questions des représentants des médias, l’archimandrite Philarète (Boulekov) a remarqué que la rencontre de La Havane avait suscité des réactions différentes, y compris des réactions négatives. « Cela se comprend, ce n’est pas nouveau. La plupart du temps, ce sont les mêmes qui émettent ce genre de critiques, a dit le père Philarète. Je pense qu’il a déjà été répondu à la plupart de leurs questions. Le fait que la majeure partie des fidèles de notre Église ait perçu la rencontre et ses résultats positivement décidera de la suite des évènements. Ceux qui veulent vraiment savoir la vérité, aspirent à la vérité, peuvent l’atteindre. Quant à ceux qui ne veulent pas l’entendre, aucun argument ne les convaincra. »

La réaction de l’Église consiste de son côté à expliquer encore et encore ce qui s’est vraiment passé à Cuba et à répondre à toutes les questions que les fidèles se posent, a précisé le vice-président du DREE.

« Je peux dire en toute responsabilité (et cela concerne aussi bien les médias « traditionnels » que les réseaux sociaux et les autres « nouveaux médias », comme on les appelle parfois) que la réaction est majoritairement positive, a témoigné V. R. Legoïda. Certes, il y a eu des questionnements, certains ont été embarrassés, mais il leur a été donnée une réponse détaillée et exhaustive. »

La réaction des médias nationaux et étrangers à la rencontre du Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie avec le Pape François de Rome et à la déclaration qu’ils ont signée en commun a été positive dans 90% des cas, a constaté le président du Département synodal aux relations de l’Église avec la société et les médias, se référant au monitoring des sources d’informations. Selon lui, les 10% restants se sont montrés neutres ou critiques, les critiques émanant d’1,5% au maximum.

Au dernier jour du voyage du Patriarche, le 21 février, des foules de fidèles sont venus assister à l’office célébré à la cathédrale Saint-Paul de Sao-Paolo, a raconté l’archimandrite Philarète (Boulekov). « Des milliers de personnes se sont rassemblées dans cette immense cathédrale afin d’exprimer leur reconnaissance à l’Église russe pour ce qu’elle fait pour la Syrie, pour l’Irak et pour les autres pays du Proche Orient, a rapporté le père Philarète. Des évêques de l’Église d’Antioche accomplissant leur ministère en Amérique Latine ou ailleurs ont fait le déplacement. Ils ont remercié le Patriarche de la position défendue par l’Église russe. » Selon le père Philarète, tous ont remercié sincèrement pour l’aide humanitaire collectée par l’Église russe et par plusieurs organisations orthodoxes en Russie et dans les autres pays confiés à la responsabilité pastorale du Patriarcat de Moscou. « Ils ont remercié d’avoir introduit le terme « christianophobie » dans le discours politique » a ajouté le vice-président du DREE. « Tout le monde sait ce que sont l’islamophobie ou l’antisémitisme, mais le mot christianophobie était absent du discours politique avant que les représentants de l’Église orthodoxe russe n’en fassent une large utilisation. »

Selon le père Philarète, cette réaction vivante et sincère est l’un des fruits visibles des efforts entrepris par l’Église orthodoxe russe pour la défense des chrétiens du Proche Orient.

« Deux autres évènements m’ont encore particulièrement touché, a raconté le vice-président du DREE. Le programme comportait une visite d’un centre de réhabilitation pour enfants ayant un retard de développement. Cette rencontre a duré plus longtemps que les rencontres avec les hommes d’état. Le Patriarche est passé dans toutes les chambres, il s’est arrêté à chaque enfant, et ils étaient plus de cent. Les échanges vivants qui ont eu lieu ont été très importants. »

L’ecclésiastique est aussi revenu sur la rencontre de Sa Sainteté avec les expatriés résidant à Asunción, où le Patriarche s’est entretenu avec des représentants de la communauté russophone du Paraguay. « Pendant cette rencontre, le Patriarche a dit que pour maintenir les traditions et la culture russes, il ne suffisait pas de préserver les traditions de la cuisine ou du vêtement russe, a raconté l’archimandrite Philarète. Il a attiré l’attention sur la transmission de la langue russe, car la majorité des Russes du Paraguay s’entretenaient avec le Patriarche par le truchement d’un interprète. Sa Sainteté a dit qu’il fallait que la diaspora russe continue à rester telle non seulement au niveau folklorique, mais au niveau du contenu. »

Les participants de la rencontre se sont adressés au Primat de l’Église russe pour leur demander d’envoyer un prêtre à Asunción. Le Patriarche Cyrille a promis de satisfaire à cette demande.