Le 21 février 2016, dimanche du publicain et du pharisien, Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a célébré la Divine liturgie à la cathédrale Saint-Paul de la métropole brésilienne du Patriarcat d’Antioche, à Sao-Paolo.

Sa Sainteté concélébrait notamment avec le métropolite Damascène de Sao-Paolo et de tout le Brésil, le métropolite Antoine du Mexique, du Venezuela, des Caraïbes et de toute l’Amérique centrale, le métropolite Silouane de Buenos-Aires et d’Argentine, l’évêque Roman d’Edesse, vicaire de la métropole du Brésil, tous hiérarques du Patriarcat d’Antioche. Des hiérarques et des clercs de l’Église orthodoxe russe, ainsi que des membres du clergé du Patriarcat d’Antioche concélébraient également la liturgie à laquelle assistaient des hommes d’état, des diplomates, des représentants de l’Église catholique romaine et d’autres confessions.

L’office était chanté par le chœur du clergé du diocèse de Moscou, sous la direction du prêtre Serge Golev.

Des prières pour les chrétiens persécutés au Proche Orient et pour la paix dans cette région ont été dites pendant la litanie instante.

Après la Liturgie, le Primat de l’Église orthodoxe russe a répondu au discours d’accueil du métropolite Damascène de Sao-Paolo et de tout le Brésil, avant de s’adresser à toute l’assemblée.

« Vous êtes aujourd’hui à la tête de la plus grande communauté orthodoxe du Brésil, a dit Sa Sainteté s’adressant à Mgr Damascène, ce dont témoigne cette majestueuse cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul, que vous avez bien voulu mettre à ma disposition pour y célébrer avec vous et d’autres frères cette Divine liturgie. La douleur de votre peuple, si éprouvé en Syrie et au Liban, la douleur de tous les chrétiens qui sont aujourd’hui persécutés dans le monde, se fait particulièrement sentir dans cette église. Comme hier à Rio-de-Janeiro, nous prions pour ceux qu’on persécute, pour ceux qu’on tue, pour ceux qui souffrent parce qu’ils sont chrétiens. » Après avoir exprimé sa gratitude au Patriarche Jean d’Antioche, qui se dévoue auprès des fidèles du Patriarcat d’Antioche dans la Syrie embrasée par la guerre et auLiban, le Patriarche Cyrille a poursuivi : « Aujourd’hui, les souffrances des chrétiens au Proche Orient et dans le monde entier, grâce à Dieu, deviennent le sujet des préoccupations générales. Je pense que ma rencontre avec Sa Sainteté le Pape François de Rome, ainsi que la déclaration que nous avons signée, y sont pour quelque chose. »

« Cette déclaration attire l’attention sur les persécutions et les souffrances des chrétiens. Elle pourra servir de base à des actions communes non seulement pour la défense des chrétiens en détresse, mais aussi dans de nombreuses autres domaines, afin que le monde devienne plus calme, que les gens apprennent à vivre ensemble, que des hommes de convictions différentes comprennent cette vérité intangible : on n’arrive jamais à une paix solide par la guerre et par la violence. Toute paix solide s’appuie sur la justice. Lorsque certains tentent de parvenir à des objectifs qu’ils sont seuls à comprendre en employant la force armée, la paix ainsi conquise ne peut pas être solide. »

« Il y a cependant deux exceptions : lorsqu’un peuple défend sa patrie, et lorsque des gens honnêtes luttent contre le terrorisme. C’est pourquoi, avec le Pape François, nous avons appelé ceux qui participent à différentes opérations militaires en Syrie, au Proche Orient, à surmonter leurs divergences pour former une coalition contre le terrorisme. En Russie, et dans les autres pays dont l’Église russe a la charge pastorale, on prend très à cœur les souffrances de votre peuple. Tout est fait pour défendre votre nation, pour envoyer de l’aide humanitaire à ceux qui souffrent (…)

Je quitte aujourd’hui le Brésil, je quitte l’Amérique latine. Pour la dernière fois, je peux m’adresser aux latino-américains, aux Brésiliens, vous dire un grand merci pour votre amour, pour votre hospitalité (…)

Que le Seigneur garde le Brésil, l’Amérique latine, nos Églises et nous aide tous à construire une vie nouvelle sans guerre, sans conflits, sans violence, sans mensonge, sans que personne n’essaye de dominer sur les autres ! Que le Seigneur garde Sa création ! »

Après l’échange de cadeaux, le Patriarche Cyrille s’est rendu dans les locaux de la métropole pour y rencontrer plusieurs personnalités officielles, dont le gouverneur de Sao-Paolo, en présence de représentants du Patriarcat d’Antioche. S’adressant au gouverneur, le Patriarche Cyrille a dit notamment : « Comme je l’ai déjà dit, souvent les divergences entre pays et entre personnes viennent du manque d’un espace commun. Les peuples de Russie et d’Amérique latine peuvent trouver dans le christianisme cet espace commun. La vie religieuse reste remarquablement active ici, bien qu’il y ait, naturellement, des défis à relever et des problèmes à résoudre. Il est très important que le Brésil trouve les forces de surmonter ces problèmes en s’appuyant sur le fondement moral et spirituel qu’est la foi chrétienne ».

Le Patriarche Cyrille s’est ensuite adressé à l’archevêque catholique de Sao-Paolo : « L’Église catholique est chargée d’une lourde responsabilité en Amérique latine, car elle est l’Église de la majorité ». Sa Sainteté a appelé le clergé et les fidèles catholiques du Brésil à « résister à tous les défis qui découlent souvent de la nature corrompue de l’homme, souvent justifiés, voire même imposés à cause d’une conception inexacte de la tolérance et de la liberté humaine ».

Au matin du 21 février, une réception a été donnée en l’honneur de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie au club social syrien de Sao-Paolo au nom de la métropole brésilienne du Patriarcat d’Antioche.

Le métropolite Damascène de Sao-Paolo et de tout le Brésil a remercié le Primat de l’Église orthodoxe russe de l’honneur qu’il avait fait à la métropole du Brésil en présidant l’office à la cathédrale Saint-Paul.

Les orthodoxes d’Antioche sont présents au Brésil depuis la seconde moitié du XIX siècle. En janvier 1897, le prêtre Moussa Abou Haidar avait célébré une première liturgie à Sao-Paolo, après quoi avait été entreprise la construction de la première église orthodoxe du Brésil, terminée en 1904.

La cathédrale Saint-Paul actuelle date de 1942-1945. Elle a été dessinée par l’architecte P. Kamasmi dans le style de l’église Sainte-Sophie de Constantinople. Elle fait partie des plus beaux monuments de la ville et figure au programme des visites touristiques.

Le Patriarche Cyrille a terminé sa visite au Brésil en se rendant à l’église russe de l’Annonciation, située au Parc de l’Indépendance du Brésil à Sao-Paolo. Après la visite de la paroisse, où Sa Sainteté avait été accueillie par l’évêque Léonide d’Argentine, du Brésil et d’Amérique du Sud et par le prêtre Dionissy Kazantsev, recteur de l’église, le Patriarche s’est dirigé vers l’aéroport, d’où il est reparti pour Moscou.