Le 11 novembre 2015, au ministère des Affaires étrangères russe, le Primat de l’Église syro-jacobite, Sa Sainteté le Patriarche Mar Ignace Ephrem II a été reçu par Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères.

Le chef de l’Église syro-jacobite était accompagné d’une délégation composée du métropolite de Bagdad et de Basra Mor Severius Hawa, du métropolite Mor Dionysius Jean Kawak, assistant du Patriarche, directeur du Département des relations œcuméniques de l’Église syriaque orthodoxe, de l’archevêque Mor Philoxène Youssouf Cetin, vicaire patriarcal à Istanbul et Ankara, de l’archevêque Mor Nicodème Daoud Sharaf de Mossoul, du révérend père Raban Roger-Youssef Akhrass, directeur du département d’études syriaques, et du révérend père Raban Joseph Bali, secrétaire patriarcal et directeur du bureau des médias syriaque.

Prenaient part à la rencontre le vice-ministre des Affaires étrangères, M. L. Bogdanov, plusieurs employés du ministère, l’higoumène Stéphane (Igoumnov), secrétaire du DREE aux relations interchrétiennes, et S. G. Alferov, du DREE.

Comme l’a constaté S. V. Lavrov, le ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie accorde une grande importance au maintien de contacts étroits avec les représentants des différentes confessions du Proche Orient : il est nécessaire de tout mettre en œuvre pour empêcher tout schisme interreligieux et intercivilisationnel dans la région.

« La situation dans la région suscite les plus grandes alarmes. La Syrie, qui nous est si chère, est fortement éprouvée, mais les problèmes ne sont pas moindres en Lybie, en Irak, au Yémen et dans d’autres pays du Proche Orient : ils sont menacés par l’avancée des terroristes qui peuvent affermir leurs forces, a constaté le chef de la diplomatie russe. Toutes les confessions, tous les groupes ethniques ont à souffrir de la cruauté et des atrocités commises par les rebelles de l’État islamique, de « Al Nosra » et d’autres groupes terroristes, et nous prenons très à cœur le sort des chrétiens du Proche Orient. »

Constatant que le Proche Orient était le berceau du christianisme, S. Lavrov a dit : « Les chrétiens y vivent depuis plus de deux mille ans. Il faut tout faire pour que le tissu civilisationnel de la région soit préservé et ne soit pas altéré. » Il a rappelé que la Fédération de Russie avait été l’un des initiateurs de la séance spéciale en marge de la réunion du Conseil des droits de l’homme de Genève en mars 2015, sur les persécutions des chrétiens. « Nous allons contribuer à promouvoir cette ligne et à la défendre dans les organisations internationales » a déclaré le ministre des Affaires étrangères.

« Le devoir commun à tous les habitants de la région, à l’ensemble de la communauté internationale est d’augmenter l’efficacité de la lutte contre le terrorisme, parallèlement à une intensification des efforts pour trouver une solution politique aux problèmes de la Syrie, de la Lybie, du Yémen et d’autres pays de la région » a remarqué S. Lavrov.

De son côté, le Patriarche Ignace Ephrem II a exprimé la sincère gratitude de son Église à l’État russe et à l’Église orthodoxe russe. Il a dit espérer que la Russie continuerait à agir pour la lutte contre le terrorisme international, dont souffrent aujourd’hui les populations civiles de différents pays du Proche Orient, tant les chrétiens que les musulmans et les représentants d’autres traditions religieuses : « Aujourd’hui, nous relions notre avenir aux actions entreprises par la Russie au Proche Orient. Nous sommes très heureux d’avoir des amis aussi bons et aussi forts » a constaté Sa Sainteté.

« Le peuple syrien est persuadé que la Russie peut l’aider non seulement à nettoyer sa terre natale des terroristes, mais à créer les conditions d’un véritable dialogue national, afin de poser les bases de l’organisation future du pays, dans laquelle devront être impliqués les représentants de toutes les ethnies et de toutes les confessions » a souligné le chef de l’Église syriaque orthodoxe.

Le métropolite Severius Hawa de Bagdad et de Basra s’est aussi adressé au ministère des Affaires étrangères russes. Il est depuis plusieurs décennies affecté en Irak. Il a remarqué que le pays avait subi de nombreuses épreuves durant ces dernières années : guerres, blocus, troubles internes. Mais ce qui se passe aujourd’hui sur le sol irakien est une véritable tragédie pour la nation. Les minorités ethno-confessionnelles sont en situation de détresse, principalement les chrétiens et les Yazidis. Ainsi, rien que sur les dix dernières années, la population syro-jacobite a été divisée par dix. L’hiérarque a constaté que certains pays occidentaux avaient promis à plusieurs reprises de défendre la population civile de l’Irak, de mettre fin aux destructions des monuments historiques et des sanctuaires du pays, et de créer les conditions favorables au retour des populations déplacées. Cependant, aucune de ces promesses n’a été tenue.

Le Patriarche Ignace Ephrem II a également demandé au ministre des Affaires étrangères russe de faire la lumière sur le sort des deux hiérarques chrétiens enlevés il y a deux ans et demi, le métropolite Mar Grégoire Jean Ibrahim (Église syro-jacobite) et le métropolite Paul (Église orthodoxe d’Antioche), remerciant pour les efforts déjà mis en œuvre à cet effet.

Le chef de l’Église syriaque orthodoxe a parlé à S. V. Lavrov de sa rencontre de la veille avec le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie. Le rôle pacificateur de l’Église orthodoxe russe et de son Primat personnellement dans le processus de règlement du conflit au Proche Orient a été souligné, et une haute appréciation de ses initiatives humanitaires a été donnée.