Le 29 octobre 2014, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a reçu à sa résidence du monastère Saint-Daniel le Patriarche de l’Église copte Théodore II.

La délégation accompagnant le Patriarche copte se compose du métropolite Bichoy de Damiette, de l’évêque Raphaël du Caire central, secrétaire général du Saint Synode de l’Église copte, de l’évêque Cyrille de Milan, de l’évêque Sérapion de Los Angeles, de l’évêque Ange, vicaire en Grande-Bretagne, du père Ange Ishak, secrétaire du Patriarche, du père P. Halim, secrétaire de presse du Patriarche, de l’higoumène Edrossis Guirguis, supérieure du monastère Sainte-Théodora du Caire, du docteur Ishak Ibrahim Agban, professeur de théologie pastorale au collège de Port-Saïd.

L’Église russe était représentée par le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, l’archimandrite Philarète (Boulekov), vice-président du DREE, l’archiprêtre Viktor Koulaga, représentant du Patriarche de Moscou et de toute la Russie auprès du Patriarche d’Alexandrie et de toute l’Afrique, le hiéromoine Stéphane (Igoumnov), secrétaire du DREE aux relations interchrétiennes, le père Alexandre Vassioutine, du DREE.

Accueillant le Patriarche Théodore et les membres de la délégation de l’Église copte, Sa Sainteté le Patriarche Cyrille a constaté que cette visite ouvrait une nouvelle page dans l’histoire des relations entre les deux Églises.

« Nous entretenons historiquement de bonnes et cordiales relations, mais les rapports bilatéraux sont devenus plus fréquents ces dernières 30-40 années, notamment grâce à notre participation commune au travail de différentes organisations interchrétiennes, a poursuivi Sa Sainteté. Le dialogue théologique entretenu de 1985 à 1995 a été une étape très importante dans le développement de nos relations bilatérales ; il nous a rapproché et nous a permis de mieux comprendre les positions de nos Églises sur les questions christologiques. »

En 2005, il a été proposé de reprendre ce dialogue. « Mais rien n’a été entrepris, malheureusement, pendant ces 9 années, en premier lieu à cause de la situation difficile au Proche Orient » a constaté le Primat de l’Église orthodoxe russe qui a proposé de discuter des prochains efforts à faire dans ce domaine.

La conversation s’est particulièrement attardée sur la situation dans la région du Proche Orient.

« En 2011-2013, votre Église s’est trouvée dans une situation extrêmement difficile. Des persécutions ont ouvertement commencé contre elle, a dit le Patriarche Cyrille au Primat de l’Église copte. Des églises ont été détruites, des gens ont été assassinés, et près de 200 000 coptes ont préféré quitter l’Égypte. Vous savez, naturellement, que l’Église orthodoxe russe a fait plusieurs déclarations, élevant sa voix pour la défense des chrétiens d’Égypte et de l’ensemble du Proche Orient. Nous sommes en contact direct avec les autorités de la Fédération de Russie sur ces questions. Comme vous le savez, la Russie intervient pour défendre, entre autres, la population chrétienne d’Égypte. Nous travaillons aussi avec différentes organisations internationales et utilisons tous nos contacts bilatéraux, notamment les rencontres du Patriarche avec les chefs des états pour attirer l’attention sur ce problème. »

Constatant les changements positifs qui se sont produits ces derniers temps en Égypte depuis l’arrivée au pouvoir des autorités actuelles, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a dit : « Nous espérons que ces changements seront durables, que les bonnes idées du Président as-Sissi à propos de l’Église copte seront mises en pratique, y compris les promesses de restaurer les églises détruites et de défendre par tous les moyens la population chrétienne du pays. »

Le Primat de l’Église orthodoxe russe s’est dit profondément préoccupé par la situation de la population chrétienne dans les autres pays du Proche Orient et d’Afrique du Nord, particulièrement en Syrie et en Irak. « Depuis le début, nous nous sommes déclarés contre la guerre civile en Syrie et contre les tentatives d’intervention de certains états dans la vie de ce pays, a souligné Sa Sainteté. Nous savons que la paix religieuse qui existait dans ce pays a été détruite par la guerre civile. Nous ne savons toujours pas ce que sont devenus les deux métropolites enlevés en Syrie. Nous savons que les radicaux islamistes ont tué de nombreux prêtres, causé des dommages colossaux aux gens et à l’état. Du feu de la guerre civile est née l’organisation de l’État islamique, ce groupe militaire radical particulièrement dangereux. Nous voyons que cette puissance menaçante applique maintenant ses intentions agressives. Le résultat est la tragédie des chrétiens d’Irak. »

Revenant sur les souvenirs de sa visite en Irak en 2002, Sa Sainteté a raconté : « Je suis allé à Mossoul, à Bagdad, j’ai été reçu dans les monastères. J’ai été touché jusqu’au fond de l’âme par l’ascétisme des moines de ces monastères. Les gens s’y sentaient libres, pouvaient professer leur foi, étaient en sécurité. Mais à cause du chaos qui s’est installé, y compris avec la participation de forces étrangères, le pays a été plongé dans une guerre épouvantable. Des dizaines de milliers de chrétiens ont dû quitter les lieux ».

Ce qu’on a appelé « printemps arabe » s’est révélé un véritable enfer pour les populations chrétiennes, a constaté le Primat de l’Église russe.

Il a rappelé que l’Église russe élevait sa voix pour défendre les chrétiens de Syrie, d’Irak, de Lybie et des autres pays où les fidèles du Christ sont menacés. En particulier, le Patriarcat de Moscou a souvent été l’initiateur de déclarations panorthodoxes sur la situation des chrétiens au Proche Orient.

Le Patriarche Théodore II s’est adressé à son tour au Primat de l’Église orthodoxe russe : « Je suis très heureux de rencontrer Votre Sainteté. Cette rencontre a beaucoup d’importance pour moi… J’espère qu’elle affermira les relations bilatérales entre nos Églises. Je rêvais depuis très longtemps de venir en Russie, j’ai beaucoup lu sur ce pays, sur la théologie orthodoxe et les monastères orthodoxes. L’an dernier, j’ai accordé une interview à l’agence « Rossia segodnia » (La Russie aujourd’hui). J’y ai parlé de mon désir de visiter la Russie afin de m’imprégner de son patrimoine spirituel. Et mon rêve se réalise aujourd’hui ».

Parlant de l’histoire et de la vie actuelle de l’Église copte, Sa Sainteté le Patriarche Théodore a constaté également : « Nous vivons en paix depuis plus de quatorze siècles sur la même terre que nos frères musulmans. Nous nous efforçons de transmettre l’amour du Seigneur à tous ».

Cependant, il y a peu, l’Église copte a traversé une période extrêmement difficile, a constaté le Patriarche Théodore : les gens ont souffert, des églises ont été détruites. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire de l’Égypte, un attentat a été perpétré contre la cathédrale patriarcale du Caire. « Nous remercions le Seigneur de ce qu’une nouvelle étape a récemment débuté dans l’histoire de l’Égypte » a-t-il dit.

Le Patriarche de l’Église copte a exprimé sa profonde reconnaissance à l’Église russe et à son Primat pour leur soutien aux chrétiens du Proche Orient. Parlant de la situation de la population chrétienne en Syrie, en Irak et dans d’autres pays de la région, Sa Sainteté a dit : « Nous prions Dieu pour qu’il garde nos frères des souffrances auxquels ils sont soumis ».

L’Église copte, a témoigné son Primat, garde la mémoire de la visite en Russie du Patriarche Schenouda III, il y a 26 ans, lors des célébrations du millénaire du baptême de la Russie. « Nous nous souvenons aussi de votre visite en Égypte en 2010 et de votre rencontre avec le défunt Patriarche Shenouda III » a dit le Primat de l’Église copte Théodore II, disant espérer que Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie reviendrait en Égypte.

Parmi les orientations prometteuses du dialogue entre les deux Églises, le Patriarche Théodore a cité la collaboration dans les domaines de la défense de la paix, de la culture et de l’enseignement.

Les deux parties ont souligné l’importance de la poursuite du dialogue théologique.

Au terme de l’entretien, le Primat de l’Église russe a remis des cadeaux à tous les membres de lea délégation.

Le Patriarche Théodore II a offert à son tour au Primat de l’Église orthodoxe russe des icônes de la Sainte Famille, de l’apôtre Marc, de saint Antoine le Grand, de la Mère de Dieu « Calice inexhaustible ».