La première assemblée plénière du IV Forum européen orthodoxe-catholique sur le thème « La religion et le pluralisme culturel : défis aux Églises chrétiennes d’Europe » se déroulait à Minsk le 3 juin 2014.

Le co-président du forum du côté orthodoxe, le métropolite Gennade de Sassime (Patriarcat de Constantinople) a ouvert l’assemblée. Le cardinal Peter Erdö, archevêque d’Estergom-Budapest et coprésident du forum pour la partie catholique, le métropolite Paul de Minsk et de Sloutsk, exarque patriarcal en Biélorussie, le père Hyacinthe Destivelle, du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, H. Tsironis, professeur de théologie à l’université Aristote de Thessalonique et l’archevêque Paolo Pezzi, archevêque du diocèse de la Mère de Dieu à Moscou ont chacun présenté un exposé.

Ensuite, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou est intervenu à son tour sur le thème du « Rôle des valeurs laïques et chrétiennes dans la société multiculturelle européenne actuelle ».

Au début de son allocution, Mgr Hilarion a constaté que l’Église avait vécu depuis sa fondation dans un milieu multiculturel et qu’un certain pluralisme d’opinions, une liberté de discussion et de d’expression, la caractérisait depuis l’origine. Cependant « lorsqu’on parle de diversité culturelle, il faut reconnaître que de nos jours, les influences culturelles vont dans des directions si variées que l’on aurait de la peine à en donner une appréciation générale. »

Suivant le métropolite Hilarion, le pluralisme culturel est inséparable de la liberté de création, la liberté étant inséparable de la moralité. Le véritable défi lancé à la conscience chrétienne est la négation de la dimension morale de la liberté en général et de la liberté de création en particulier. « Cette négation est volontairement attachée à la notion de « pluralisme culturel » qui est rabaissée au niveau d’une simple diversité de formes d’expression artistique, dont le contenu doit rester entre parenthèses » a constaté l’archipasteur. Dans ce cas, suivant le métropolite, « le pluralisme culturel se transforme en un élément de l’idéologie dominante ».

« Nous estimons qu’extirper la dimension morale de la culture européenne signifie priver les européens de la culture elle-même, a souligné Mgr Hilarion. Nous assistons à l’autodestruction de la culture européenne chrétienne, remplacée par une pseudo-culture moralement neutre, voire ouvertement et démonstrativement amorale. »

Parlant du pluralisme religieux, le président du DREE a constaté que s’il fallait comprendre sous ce terme une diversité de religions, ce pluralisme-là était bien la réalité du monde qui nous entoure. « Elle ne peut pas être niée ni remise en cause, mais elle doit être prise en compte dans l’établissement de relations avec les représentants de confessions différentes. En même temps, l’idée de mettre sur le même plan les religions majoritaires avec les mouvements sectaires qui bafouent souvent la dignité humaine est erronée et sans fondement. » « Le véritable pluralisme religieux est une atmosphère unissant des gens appartenant à des traditions religieuses différentes, mais partageant des représentations éthiques voisines, a témoigné l’hiérarque orthodoxe. Il ne peut y avoir d’unité entre ceux qui luttent contre le péché et ceux qui l’encouragent ou sont complaisants envers lui ».

Le métropolite Hilarion a attiré l’attention des participants du forum sur le fait que l’Europe était déjà confrontée à des pressions contre les chrétiens attachés aux valeurs traditionnelles, par exemple dans le domaine de la famille et du mariage.

Le métropolite Hilarion a appelé problème sensible pour le christianisme contemporain en Europe le fait que le « pluralisme intra-chrétien » a été confronté ces dernières années aux mêmes problèmes que le pluralisme laïc. « Une remise en compte de la doctrine morale par un certain nombre de dénominations protestantes, les bénédictions d’unions homosexuelles, ont eu pour conséquence que nous, chrétiens, ne pouvons plus avec la même certitude parler de notre unité morale, comme nous le faisions il y a encore trente ans. Ces tendances au sein du monde protestant complexifient les relations entre chrétiens de différentes confessions, incitent à poursuivre le dialogue là où un consensus peut être atteint » a noté le métropolite.

« Dans ce contexte, la coopération entre catholiques et orthodoxes dans la défense des valeurs morales chrétiennes acquiert une importance particulière » a assuré le métropolite Hilarion. Il a parlé du devoir commun de témoigner de l’importance immuable des principes éthiques institués par le Christ lui-même et sanctifiés par l’autorité de la tradition ecclésiale multiséculaire.

« L’une des particularités du christianisme est sa capacité à dépasser les barrières culturelles, et nous sommes appelés à nous unir pour le retour du pluralisme religieux à la conception et à aux formes établies par la civilisation européenne avec la participation directe des Églises chrétiennes du continent. C’est le christianisme qui est encore la religion de la majorité en Europe, et c’est lui qui peut créer les conditions d’une véritable liberté dans le domaine de la culture et faire du continent une maison accueillante pour les gens d’autres cultures et d’autres religions » a terminé Mgr Hilarion.

A la fin de la première assemblée plénière, les participants du forum une assisté à un concert donné par les chorales de Minsk. Une réception était ensuite donnée au nom du président du Comité exécutif municipal de Minsk, N. Ladoutko. Le maire a chaleureusement accueilli ses hôtes, soulignant que la prospérité actuelle de la capitale biélorusse dépendait directement du rôle fondamental que jouait dans la vie de la majorité absolue de ses habitants les valeurs traditionnelles morales et la morale chrétienne.