Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, est intervenu pendant une vidéoconférence internationale sur « la situation des chrétiens en Afrique ».

Chers pères, frères et sœurs,

J’ai le plaisir de vous saluer au début de cette vidéoconférence sur « La situation des chrétiens en Afrique ». Merci à l’Association russe de défense de la liberté religieuse et à l’Agence d’information internationale « Russie aujourd’hui » d’avoir organisé cet évènement. Malgré la pandémie d’infection au coronavirus qui se poursuit, nous pouvons parler ensemble de ce thème si important.

Le début du XXIe siècle a été marqué par une importante vague de persécutions contre les chrétiens dans différentes parties du monde. Durant une longue période, les chrétiens du Proche-Orient, surtout les chrétiens de Syrie, ont vécu une situation extrêmement difficile. On a cru un moment cette antique région biblique menacée de perdre toute présence chrétienne. J’estime que cette situation a pu être évitée grâce aux efforts conjoints. Aujourd’hui, la vie civile reprend en Syrie. Grâce à la Russie et aux communautés religieuses russes, l’infrastructure, les écoles, les églises et les monastères sont en cours de restauration. Les chrétiens et d’autres Syriens regagnent peu à peu leurs foyers.

L’Église orthodoxe russe considère le soutien à ses frères en détresse comme sa mission historique. Le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie est extrêmement attentif à la situation des chrétiens persécutés. Aujourd’hui, il attire l’attention sur le fait que l’épicentre des persécutions antichrétiennes s’est déplacé vers l’Afrique où des frères et sœurs dans la foi sont tués ou persécutés tous les jours, alors que le christianisme africain est en plein développement. Les terroristes risquent de renverser cette tendance.

Le sort des chrétiens des régions subsahariennes est particulièrement tragique. Ainsi, le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a déclaré pendant le Sommet interreligieux international de Bakou, le 14 novembre 2019, qu’un véritable génocide de chrétiens se poursuivait au Nigéria, et il a appelé les leaders religieux du monde entier à élever leur voix pour les défendre.

Dans ce pays, en effet, les terroristes détruisent des villages chrétiens, poursuivant leurs habitants à cause de leur religion. Très récemment, le leader du groupe terroriste « Boho Haram », Abubakar Shekau, a déclaré qu’il était responsable de l’enlèvement de plus de 300 écoliers, le 12 décembre dernier. « Boho Haram » a aussi fait savoir qu’il fallait s’attendre à de nouvelles attaques sanglantes la veille de Noël.

L’Est de l’Afrique est un autre foyer où nos frères et sœurs sont persécutés : la Somalie, le Kenya et les pays voisins sont particulièrement touchés. Les persécutions antichrétiennes y sont le fait du groupe « al- Chabbaab ». La tactique favorite des terroristes est d’attaquer un car circulant entre deux villes ; les guerriers séparent les musulmans des chrétiens qui sont tués sur place.

L’état islamique, défait au Proche-Orient, a étendu ses réseaux en Afrique. « Boho Haram » au Nigéria et « al- Chabbaab» en Somalie s’étaient déjà solidarisés avec lui. Ces derniers temps, « l’état islamique de la province d’Afrique centrale » a intensifié ses actions, se déclarant responsables de plusieurs actes terroristes et attentats contre des civils au Mozambique et en République démocratique du Congo.

La situation des chrétiens d’Algérie est aussi inquiétante : ces derniers temps, on y constate une nette tendance à un accroissement de la pression de l’état sur la communauté chrétienne. Le réenregistrement est de plus en plus souvent refusé à ces communautés, et les autorités tiennent un registre sur l’appartenance religieuse des enseignants.

Un autre foyer de persécutions s’est aussi allumé en Éthiopie. Sur fond de crise politique, depuis le milieu de 2019, l’Église éthiopienne et ses fidèles font l’objet d’attaques préméditées. Des centaines de chrétiens ont été victimes d’attentats sauvages, des milliers ont fui leur pays.

L’objectif principal de cette conférence est de coordonner les efforts des confessions chrétiennes et des organismes internationaux soutenant les chrétiens d’Afrique. Nous devons échanger régulièrement des informations sur les évènements en cours et, avant tout, faire en sorte que la voix des chrétiens d’Afrique en détresse puisse être entendue. En parallèle, il faudra réfléchir au moyen d’unir nos efforts pour réaliser des actions humanitaires sur le continent africain.

L’Église orthodoxe russe et le ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie a déjà entrepris différentes initiatives allant dans ce sens. Nous avons, notamment, proposé que la question des persécutions contre les chrétiens soit incluse à l’ordre du jour du sommet Russie – Afrique.

Au nom de l’Église orthodoxe russe, j’aimerais appeler toutes les forces intéressées à s’allier, en premier lieu les Églises et les organisations chrétiennes, afin de défendre les chrétiens persécutions d’Afrique. J’estime que le résultat des discussions d’aujourd’hui doit être la création d’une plateforme favorable à cette alliance.

Par ailleurs, s’agissant d’action humanitaire, l’Église orthodoxe russe s’en tient à la règle selon laquelle ce type d’initiative doit être réalisé en coordination avec les communautés et les organisations chrétiennes locales. On ne peut à la fois exprimer le désir d’aider les chrétiens persécutés et ignorer leur point de vue. Je suis convaincu que dans le cas du continent africain, il est nécessaire de suivre cette règle. Ensemble seulement nous pourrons atteindre notre objectif.

Merci de votre attention.