Le 18 octobre 2020, 19e dimanche après la Pentecôte, fête des saints hiérarques moscovites, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés.

L’archipasteur concélébrait avec l’higoumène Arsène (Sokolov), représentant du patriarche de Moscou et de toute la Russie auprès du siège patriarcal antiochien.

Des prières ont été dites à la litanie instante pour obtenir la fin de l’épidémie de coronavirus.

A la fin de l’office, le métropolite Hilarion a prononcé une homélie.

« Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.

Bon dimanche à tous, chers pères, frères et sœurs.

Je dirai aujourd’hui quelques mots du monde parallèle. J’ai regardé récemment une émission de télévision dans laquelle des scientifiques, des professeurs, des astrophysiciens, parlaient de l’origine de l’univers. L’un a affirmé, naturellement, qu’il résultait du big bang : de la matière a explosé et s’est dispersée, il y a 13 800 000 ans. Un autre a rétorqué qu’il n’y avait pas eu de big bang, mais plusieurs petites explosions successives, après lesquelles la matière s’est dispersée. Pour une troisième scientifique, les choses se sont passées autrement. Il y a eu une grande explosion, qui a duré une fraction de seconde, tout a commencé à se disperser, mais ce processus s’est ralenti. On parle d’inflation cosmique, quand l’univers a d’abord explosé, puis s’est ralenti.

Tous ces gens, détenteurs de solides diplômes délivrés par les universités les plus prestigieuses discouraient sur l’origine de l’univers, mais aucun n’a pu dire ce qui avait explosé, si explosion il y avait eu, ni qui avait causé l’explosion.

Ces scientifiques ont aussi discuté de l’existence de mondes parallèles, de savoir si notre univers, avec ses planètes et ses galaxies, est le seul à exister. Les uns disaient que oui, il existe sans doute des univers parallèles, et il serait très agréable de découvrir que nous ne sommes pas seuls. D’autres affirmaient le contraire : il ne peut exister d’univers parallèle.

Les croyants ont une réponse très simple à ces questions : Dieu a créé le monde. Le monde a été créé en plusieurs étapes, qu’on appelle « jours » de la création, bien qu’il ne soit absolument pas nécessaire d’entendre le terme « jour » au sens des journées du calendrier. Il s’agit d’étapes, d’une évolution voulue par le Créateur.

Existe-t-il un monde parallèle ? Oui, bien sûr. C’est le monde spirituel, qui n’est pas peuplé d’extra-terrestres ni d’humanoïdes, ni des créatures décrites dans les romans fantastiques, certaines théories scientifiques allant même jusqu’à affirmer leur existence. Le monde parallèle qui est nous révélé est peuplé d’anges, de saints, des défunts, les hommes qui, une fois finie leur vie terrestre, sont passé à un autre monde après avoir tranchi le seuil de la mort.

Chacun a son monde parallèle, avec lequel il communique par la prière, par la participation aux sacrements, car la présence invisible des anges se fait sentir pendant l’office divin, comme celle de ceux qui sont passé à l’autre monde.

Deux mondes parallèles coexistent, interagissant. Il existe entre eux une compénétration, ils ne sont pas isolés l’un de l’autre. Dès la vie terrestre, nous pouvons toucher à ce monde spirituel parallèle.

L’incroyant ne peut percevoir que l’univers qui l’entoure, le monde matériel. Il ne sent pas au-delà de ce monde matériel, il ne voit ni ne connaît la réalité du monde spirituel, à la différence du croyant qui ne croit pas seulement qu’il y a quelque part aux cieux un autre principe, mais qui vit une vie religieuse, prie, participe aux sacrements de l’Église. Le croyant ne doute pas de l’existence d’un monde parallèle. La question est seulement de savoir comment il se nomme.

On ne sait pas quand le monde apparut. Est-ce il y a 13 800 000 ans, comme l’ont calculé les scientifiques, plus tôt, ou bien plus tard ? On sait, par contre, que ce monde a été créé par Dieu. Si l’univers est en expansion, ce qui n’est qu’une hypothèse, c’est parce qu’il est mû par Dieu. Même si l’univers tire son origine d’un big bang ou de plusieurs explosions, quelqu’un devait causer l’explosion, et c’est Dieu l’origine de ce mouvement.

Pourquoi est-il important de connaître l’existence du monde parallèle ? Parce que nous y serons tôt ou tard. Beaucoup ont peur de la mort, peur de ce qui les attend dans l’au-delà. Mais il est permis, et c’est précieux, de toucher dès la vie terrestre à cet autre monde où l’on sera un jour.

Dans l’épître lue aujourd’hui, l’apôtre Paul raconte avoir été ravi au troisième ciel et avoir entendu des paroles ineffables, impossible à exprimer en langue humaine. De quoi parle l’apôtre ? Pourquoi en parle-t-il, si même la langue humaine ne peut exprimer ce qu’il entendit dans le monde spirituel qu’il appelle « troisième ciel » ?

L’apôtre Paul parle d’une réalité spirituelle, ecclésiale, de la vie religieuse, de la réalité qu’il toucha dans un autre monde. Cette réalité, saint André le fol-en-Christ la vécut aussi, lorsqu’il vit la Sainte-Vierge, prier pendant la liturgie pour le peuple et couvrir la ville de son omophore. Nous avons aussi part à cette réalité en priant Dieu, la Sainte Vierge et les saints, quand nous sentons la présence des anges et des défunts pendant l’office.

Le Seigneur donne à chacun la possibilité, dès cette vie, si ce n’est d’être ravi au troisième ciel et d’entendre des paroles ineffables, du moins de se rapprocher du Royaume des Cieux, de goûter à l’avance la béatitude qui attend dans la vie éternelle ceux qui aiment Dieu. Voilà pourquoi nous aimons et apprécions la liturgie. Voilà pourquoi nous venons à l’église et ressentons, à chaque communion aux Saints Mystères du Christ, que nous avons communié à la vie éternelle, à cet autre mode d’existence du principe éternel.

Chérissons l’expérience offerte par le Seigneur dans l’office divin, dans les sacrements, dans la communion aux Saints Mystères du Christ. Demandons à Dieu de nous donner à la force de participer au monde spirituel et de nous préparer à passer cet autre monde qui attend chacun de nous. Amen.

Bonne fête à tous ! »