Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a publié une déclaration sur le conflit armé au Haut-Karabagh.

Je compatis profondément aux souffrances des habitants du Haut-Karabagh, des peuples azéri et arménien, pris dans l’engrenage d’un conflit armé qui dure depuis plus de trente ans. Des agglomérations sont, une fois de plus, la cible de tirs, des gens meurent, des sanctuaires et d’autres monuments faisant partie du patrimoine culturel, des habitations de paisibles citoyens sont détruits. Je partage sincèrement la souffrance des victimes de cette guerre terrible, j’exprime mes condoléances aux familles de ceux qui ont péri.

Avec les leaders religieux d’Arménie et d’Azerbaïdjan, depuis le début du conflit, l’Église orthodoxe russe a fait et continue à faire son possible pour contribuer à la paix sur cette terre de douleurs qu’est devenue le Haut-Karabagh.

Je m’adresse aujourd’hui au patriarche-catholicos suprême de tous les Arméniens, Garéguine II, et au président de la Direction des musulmans du Caucase, le sheik Allakhchoukiour Pacha-Zadé. Avec vous, chers frères, nous avons beaucoup avancé dans nos efforts pour empêcher que ce conflit n’acquière la dimension d’un conflit interreligieux, pour résoudre les problèmes par la paix. Aujourd’hui, aussi bien chacun de son côté que tous ensemble, nous devons faire notre possible pour arrêter le bain de sang.

J’estime très importants les accords passés avec l’entremise de la Russie au niveau des ministres des Affaires étrangères d’Arménie et d’Azerbaïdjan. Je m’adresse aux dirigeants des deux pays, les appelant à utiliser l’armistice pour résoudre le problème au niveau politique. Au nom de l’avenir de deux pays voisins, j’appelle à prolonger le cessez-le-feu et à l’employer à des négociations de paix.

Une mauvaise paix vaut mieux qu’une bonne dispute: cette vieille vérité est plus que jamais d’actualité. Dans un contexte de paix, on peut se rencontrer, échanger, chercher des solutions. Quand on est en guerre, le sang humain coule, des crimes sont commis, et, dans ces conditions, il est difficile de trouver ensemble des solutions politiques.

J’adresse à tous ceux qui ont part au conflit un appel ardent : épargnez vos vies. Que le chronomètre de la discordre sanglante s’arrête au nom d’un avenir paisible. L’Arménie et l’Azerbaïdjan étaient et seront des voisins, les Azéris et les Arméniens doivent, quoi qu’il arrive, vivre côte à côte.

Je souhaite à tous ceux qui ont part au conflit de réussir dans leur recherche d’une solution pacifique aux problèmes qui existent. Je vous demande d’employer toute votre expérience et toute votre sagesse pour atteindre de vrais résultats et pour surmonter les obstacles dressés sur la voie de l’entente mutuelle. Aujourd’hui, la vie de nombreuses personnes et l’avenir pacifique de vos peuples dépendent de vos décisions.

+CYRILLE,
Patriarche de Moscou et de toute la Russie