Le 4 octobre 2020, 17e dimanche après la Pentecôte, clôture de la fête de l’Exaltation de la croix du Seigneur, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.

Des prières ont été dites pour la fin de l’épidémie de coronavirus.

A la fin de la liturgie, le clergé et les fidèles ont vénéré la croix, après quoi le métropolite Hilarion a prononcé une homélie :

« Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit !

Nous clôturons ce dimanche la fête de l’Exaltation de la Croix du Seigneur. Comme souvent, les textes de la liturgie orthodoxe glorifient à la fois la croix et la résurrection. Exaltant la Passion du Christ, glorifiant la rédemption opérée par notre Seigneur Jésus-Christ, nous glorifions aussi Sa résurrection qui ouvre le chemin de la résurrection des morts à toute chair et à chacun de nous.

Dans le passage de l’Évangile lu aujourd’hui, le Seigneur Jésus-Christ réagit à la demande d’une cananéenne, d’une païenne qui, ayant entendu parler de la puissance thaumaturgique du Christ, L’avait suivi pour le prier de prendre sa fille en pitié. Le Sauveur commence par l’ignorer, et les disciples lui demandent : « Renvoie-la, car elle crie derrière nous » (Mt 15,23). Au lieu de s’adresser à la païenne, Jésus-Christ dit aux disciples : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » (Mt 15,24).

Pourquoi le Seigneur fait-Il cette réponse ? Parce que Sa parole s’adressait avant tout au peuple élu.

Mais le peuple élu est resté sourd à Sa parole. Pas tous, certes, mais l’élite de ce peuple, l’élite spirituelle et politique, les grands-prêtres, les scribes, les anciens, les membres de l’administration, le roi en tête qui, bien que créature des Romains, disposait malgré tout d’une certaine autorité : tous sont restés sourds à la parole de Jésus-Christ et aveugles à Ses miracles. C’était le peuple, qui suivait le Christ, des gens pauvres, des misérables, des nécessiteux ou bien des hommes sans instruction livresque qui, dans de rares cas, occupaient quelque position dans le pouvoir, comme le centurion romain qui demanda la guérison de son serviteur.

La cananéenne s’était mêlée à cette foule. Elle n’aurait pas dû être là, mais elle avait entendu dire que Jésus faisait des miracles, qu’Il guérissait les malades et chassait les démons. Or, sa fille était gravement malade et possédée d’un démon. La femme vint alors à Jésus lui demander de lui accorder la guérison de sa fille. Pas tout de suite, car Il avait dit être envoyé d’abord aux brebis perdues de la maison d’Israël. Ces paroles, le Christ les destine aussi aux brebis de la maison d’Israël et à Ses disciples.

« Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus » (Mt 22.14) dit Jésus. Les appelés, ce sont au départ le peuple que le Seigneur avait choisi pour garder le trésor de la foi en un Dieu unique dans un environnement païen. Finalement, les élus ne sont pas tant les appelés que ceux qui ne l’avaient pas été, mais qui ont répondu à l’appel, comme la femme cananéenne, qui suivit le Christ et reçut ce qu’elle voulait.

Pourquoi Dieu appelle-t-il certains à la foi et pas d’autres, se demande-t-on souvent en pensant à soi-même et à ses proches. Dieu appelle chacun au moment où il est prêt, où il est mûr. Cela peut être à la première heure, à la troisième, à la sixième, à la neuvième ou à la onzième heures. Que les appelés de la onzième heure ne se désolent pas : comme le montre la parabole, Dieu ne laisse personne sans rétribution. Il donne à chacun ce dont il a besoin au moment où il en a besoin.

Certaines personnes ne répondent jamais à l’appel de Dieu. Non pas que Dieu ne se soit pas adressé à elles, ne les ait pas appelés, mais parce qu’elles sont restées sourdes à la voix de Dieu ou ont préféré les richesses, leurs intérêts terrestres, leurs objectifs terrestres à ceux auxquels Dieu les appelait. Certes, le Seigneur ne les châtie pas, Il est longanime et miséricordieux. Dieu ne cesse de s’adresser à elles, dans l’espoir qu’elles répondent à Sa parole, à Son appel. Mais toutes ne répondent pas, pas toujours ou pas tout de suite. Elles répondront quand elles seront prêts, ou quand le Seigneur le voudra.

Le cheminement vers le Royaume de Dieu est fait de la conjonction de la volonté divine sur le salut de tout homme et de la volonté de l’homme à être sauvé. Comme disent les Pères, on ne peut se sauver par ses propres forces ou par ses propres efforts. Il n’est pas de bonnes actions, de vertus, de prouesses suffisantes pour rendre digne du Royaume des Cieux. Mais on est appelé à faire ce qui dépend de nous ; ce qui n’en dépend pas, le Seigneur s’en charge.

Le Royaume des Cieux que Dieu a préparé est ouvert à tous. Mais le Seigneur attend qu’on L’appelle, qu’on Lui demande Son aide et qu’on Le prie, comme le fit la cananéenne. Alors le Seigneur donnera le nécessaire au salut.

Vénérons la Croix du Christ, demandons au Seigneur Jésus-Christ, crucifié sur la croix, mort pour le rachat de nos fautes et ressuscité des morts pour nous ouvrir la voie de la résurrection, de nous conduire sur le chemin du salut jusqu’à la fin, jusqu’au Royaume des Cieux préparé à tout homme. Amen. Bonne fête à tous, que le Seigneur vous garde ! »