Le 26 août 2020, fête de l’icône de la Vierge de Minsk, l’évêque Benjamin, récemment élu métropolite de Minsk et de Zaslavl, exarque patriarcal de toute la Biélorussie, a adressé un message aux fidèles de l’Église orthodoxe biélorusse.

“Vierge Hodigitria, réjouis-toi,

abîme de graces et de largesses,

Réjouis-toi, qui comble de joie les fidèles,

O, réjouis-toi, Médiatrice diligente des malheureux et des affligés »

 (Canon de la Très-Sainte Mère de Dieu Hodigitria, ode 5)

Paix à tous !

Chers compatriotes, chers frères et sœurs !

Mon premier message en tant que primat de l’Église orthodoxe biélorusse ne sera ni solennel, ni emphatique. Il découle de la douleur que j’éprouve pour mon peuple, pour notre sol, il découle de mon affection pour vous tous.

Depuis le Grand Carême jusqu’à aujourd’hui, afflictions et émotions se succèdent rapidement les unes aux autres. Nous cherchons une sortie à la crise, sans encore la trouver. Que faisaient nos pieux ancêtres, en pareil cas, et que nous enseignent les saints ? Quel est le sens spirituel de ce qui se passe ?

« Dieu s’adresse à l’homme dans le murmure de l’amour ; s’il n’est pas entendu, par la voix de la conscience. Si l’homme n’entend pas la voix de la conscience, la souffrance se fait le porte-parole de Dieu » (K. Lewis). Il faut rendre la paix à notre terre et à nos cœurs.

En ce carême de la Dormition qui s’achève, où nous nous consacrons au souvenir des derniers jours de la Très-Sainte Mère de Dieu sur terre, j’appelle tous les chrétiens à observer scrupuleuseument le jeûne et à le rallonger de trois jours. Lorsque l’antique ville de Ninive fut menacée, tous ses habitants s’imposèrent un jeûne, même les animaux, et Dieu leur fit miséricorde (Jon 3,5-10). Jeûnant, redoublons de prière pour la Biélorussie, ensemble et en particulier. Retrouvons-nous dans les églises et autour des églises pour y prier ensemble, allumons le luminaire d’une ardente prière pour toute la Biélorussie dans chacune de nos maisons.

Il est encore une chose importante, sans laquelle le retour de la paix n’est pas possible, et c’est le repentir. Le mot grec « metanoïa », traditionnellement traduit par « repentir », veut dire « conversion ». L’Eglise du Christ invite chacun à prendre conscience de ses péchés, à se résoudre à en être pardonné, à recourir au sacrement de confession et, surtout à produire les dignes fruits de la repentance (Mt 3,8), à réparer le péché commis et ses conséquences négatives. La conversion des esprits, la conversion des cœurs du mal vers le bien, du mensonge vers la vérité, de la division à l’unité, du jugement à la compréhension, voici les changements dont notre société a surtout besoin.

Nous tous, orthodoxes, connaissant la puissance de la prière commune et sachant qu’en dehors des affrontements extérieurs, c’est aussi une lutte spirituelle pour notre patrie qui est en cours dans le cœur de chacun, sommes appelés à intensifier notre prière, à prier avec ardeur et audace, avec foi, espérance et amour de Dieu et du prochain. Cette unité dans la prière commune et dans la charité, suivant la foi et la loi du Christ, a toujours servi à surmonter les différents malheurs, les afflictions, les maladies et les troubles qui ont frappé la Russie Blanche au cours des siècles.

Les derniers tristes évènements survenus dans notre patrie se sont produits parce que nos cœurs ont incliné vers le mal, parce que la lumière du Christ n’a pu briller en ces temps difficiles, où le péché de l’iniquité s’est répandu.

Je croix que si nous accomplissons avec enthousiasme notre intention de passer ces trois jours dans le jeûne, la prière et le repentir, la réponse du Ciel ne se fera pas attendre, et nous comprendons ce que nous, habitants de la Biélorussie, avons à faire pour que le mal soit vaincu par le bien, pour ne pas laisser se répandre le mal.

Il est dit dans l’Évangile : « Viens et vois ! » (Jn 1,46). Je vous demande, chers frères et sœurs, de venir au Seigneur et de voir. Tous les orthodoxes n’observent pas le jeûne, en ce moment ; beaucoup n’ont pas purifié leur âme par le repentir depuis longtemps. Le désir d’une vie meilleure est tout à fait légitime et naturel, mais si l’on ne demande pas l’aide d’en haut et si l’on compte y arriver uniquement par des efforts humains, le résultat sera le même que pour les bâtisseurs de la Tour de Babel (Gn 11,1-9). Commençons notre cheminement en vue du bien de la patrie en la fête de l’icône de Vierge de Minsk, cette image sacrée pour la Biélorussie et l’ensemble du monde orthodoxe. Le blason de la capitale est représenté sur cette icône, comme un message légué par les précédentes générations : vénérer la Mère de Dieu, chercher secours auprès d’elle, demander son intercession. Le Seigneur entend toujours notre Médiatrice et Protectrice, la Très-Sainte Mère de Dieu, comme Il lui obéit jadis à Cana de Galilée, bien que le temps de faire des miracles ne fût pas encore venu.

« Nous n’avons pas d’autre secours, nous n’avons pas d’autre espérance que Toi, Souveraine. Viens à notre aide, nous espérons en Toi et nous louons de Toi, car nous sommes Tes serviteurs, que notre espérance ne soit pas déçue ».

Que le Seigneur et la Mère de Dieu, que les saints soient toujours avec nous, en particulier maintenant, dans cette première œuvre que nous entreprenons ensemble !

+ Évêque Benjamin, métropolite élu de Minsk et de Zaslavl, exarque patriarcal de toute la Biélorussie