L’évêque Jean de Pakrac and Slavonia a donné une interview à la télévision de la République serbe à propos des derniers évènements au Monténégro.

S’arrêtant en détail sur le lien historique étroit entre l’idéologie actuelle de l’état monténégrin et l’oustachisme, le hiérarque a critiqué la politique des autorités monténégrines et la loi discriminatoire qu’elles viennent d’adopter sur la liberté des confessions religieuses, la qualifiant de « loi totalitaire, qui donne en pratique à l’état le droit de décider ce qui appartient à l’état et ce qui peut rester à l’Église ».

L’évêque Jean a raconté qu’il était arrivé au Monténégro en 1991, pour y devenir novice, d’abord au monastère Saint-Sabas, puis au monastère de Cetinjé. Décrivant la situation au Monténégro, l’archipasteur a rappelé que les moines de l’époque « vivaient dans la crainte et dans la terreur ». Évoquant le climat violemment athée de ces années, le hiérarque a partagé ses souvenirs d’un temps où il y avaient des nids de serpent dans les églises et, « sur la route d’Ostrog, vers Saint-Basile, se dressait une église en ruines, couverte de slogans à la gloire de Tito ». L’archipasteur se souvient que le peuple, « en 1991, jetait des pierres sur le monastère de Cetinjé pendant la Liturgie, et des pierres étaient tombées sur le Corps et le Sang du Christ ». La renaissance spirituelle de ces 30 dernières années n’en est que plus impressionnante : aujourd’hui, le peuple « prie Dieu, défendant son Église, et des centaines de milliers de personnes marchent tous les jours des kilomètres en priant ». Au Monténégro, a précisé le hiérarque, la conscience ecclésiale orthodoxe du peuple s’est éveillé, et le mouvement de protestation contre la loi discriminatoire « n’est organisé ni par le métropolite Amphiloque, ni par l’évêque Joannice, encore moins par la Serbie, ni même par l’opposition politique monténégrine ».

Répondant aux questions du reporter sur la récente célébration du 800e anniversaire de l’autocéphalie de l’Église orthodoxe serbe, l’archipasteur a dit : « Ce qui se passe aujourd’hui au Monténégro est la célébration authentique du 800e anniversaire de l’autocéphalie de l’Église serbe. Quel meilleure preuve d’indépendance que celle donnée par ce peuple dont la conscience de son identité est si forte qu’il est prêt à sortir dans les rues pour défendre son Église par la prière ? ».

« L’Église de Dieu a déjà vaincu » a dit l’évêque Jean, parlant de l’évolution de la situation, avant de constater que la position courageuse de l’Église orthodoxe serbe était partagée par les croyants de différentes nationalités et de différentes confessions religieuses : « Dans les marches qui traversent en ce moment le Monténégro, on trouve ceux qui se considèrent comme Serbes, et ceux qui se disent Monténégrins ; y participent des représentants sérieux de la communauté islamique, parce qu’ils ont vu dans le mouvement quelque chose de vrai et de pur ; ils ont vu que les gens étaient descendus pour défendre ce qui leur appartient depuis des siècles. »

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Dans la nuit du 26 au 27 décembre 2019, le parlement du Monténégro a adopté une loi discriminatoire sur la liberté de confession religieuse, prévoyant la nationalisation de la majeure partie des propriétés de l’Église orthodoxe serbe. Depuis décembre 2019, les citoyens du Monténégro organisent des marches et des processions sans précédent par le nombre de participants, des offices d’intercession en public, des meetings de protestation contre l’impiétement des autorités sur les sanctuaires de la patrie. Le 2 février 2020, à Podgorica, 60 000 fidèles ont pris part à une station de prière, ainsi que 40 000 à Niksice. Le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie et le Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe ont exprimé dans une déclaration leur soutien à Sa Sainteté le patriarche Irénée de Serbie et aux archipasteurs du Patriarcat de Serbie au Monténégro.