Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, se rendra cette semaine en Israël, où l’on commémorera au niveau international la tragédie de l’Holocauste. Les diplomates ecclésiastiques ont d’importants objectifs à réaliser au Proche-Orient. Dans une interview à RIA Novosti, le hiérarque a exposé les buts de sa visite à Jérusalem, l’éventualité d’une rencontre des primats des Églises orthodoxes dans la capitale de la Jordanie voisine ; il a aussi parlé de la position d’éminents représentants de l’épiscopat grec dans le contexte de la crise de l’Orthodoxie mondiale.

  • Mgr Hilarion, quels sont les objectifs de votre séjour en Israël, quels sont vos plans ?
  • L’objectif principal de ce voyage est de participer à la commémoration des victimes de l’Holocauste. Des délégations de nombreux pays y prendront part, celle de la Fédération de Russie sera conduite par le président Vladimir Poutine. Je compte aussi rendre visite à Sa Béatitude le patriarche Théophile de Jérusalem.
  • Est-ce en rapport avec l’initiative du patriarche Théophile d’organiser à Amman une rencontre des chefs des Églises orthodoxes ? Selon vous, serait-elle capable de faire sortir les relations entre Églises de la crise qu’a provoqué la reconnaissance des schismatiques ukraniens par le patriarche de Constantinople ?
  • Pendant sa visite à Moscou, en novembre dernier, Sa Béatitude le patriarche Théophile III de Jérusalem a proposé d’organiser fin février une rencontre fraternelle des primats des Églises orthodoxes locales, pour discuter de « la sauvegarde de notre unité dans la communion eucharistique ». Le Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe a approuvé cette initiative, dont l’objet est de surmonter les divisions et de rétablir l’unité dans l’Église orthodoxe.

Nous sommes prêts à soutenir toute proposition et toute forme de discussion des moyens de sortir de la crise, car toute rencontre au plus haut niveau est une nouvelle chance de faire au moins quelques pas dans cette direction.

  • Mais cette rencontre est-elle envisageable, compte tenu de la crise des relations entre plusieurs Églises ?
  • Pour autant que je sache, plusieurs Églises locales ont réagi positivement à cette proposition du patriarche de Jérusalem. Nous espérons que la rencontre aura lieu, même si tous les primats n’y participent pas.
  • L’archevêque Jérôme d’Athènes a récemment commémoré le leader des schismatiques ukrainiens, Épiphane Doumenko, pendant un office célébré lors de sa visite au diocèse du métropolite Séraphin du Pirée, connu pour être opposé à la légalisation des schismatiques par Constantinople. Le métropolite Séraphin concélébrait. Aurait-il changé de position ?
  • Le métropolite Séraphin est connu dans le monde orthodoxe pour sa culture, pour la profondeur de ses vues et la cohérence de sa position. Il a publiquement déclaré plus d’une fois être en désaccord avec les démarches de Constantinople en Ukraine. Sa signature figure sous la lettre collective de quatre hiérarques de l’Église de Grèce, adressée le 29 novembre 2019 aux primats des Églises orthodoxes locales.
  • A quel point et en quoi cette lettre est-elle importante ?
  • Elle contient un appel à convoquer un Concile panorthodoxe sur le schisme ukrainien, afin de répondre à la question : « A qui et comment l’autocéphalie a-t-elle été accordée en Ukraine au mépris total de l’Église orthodoxe ukrainienne canonique et avec « le rétablissement dans leur dignité sacerdotale » des schismatiques ».