Le 20 janvier, fête de saint Jean Baptiste, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, recteur de l’Institut des Hautes-Études Saints-Cyrille-et-Méthode, a célébré la divine liturgie à l’église de l’Institut, dédiée à la Décollation de saint Jean-Baptiste, au métochion patriarcal de Tchernigov.

L’archipasteur concélébrait avec les enseignants et les étudiants de l’Institut ayant rang ecclésiastique.

La prière pour la paix en Ukraine a été lue après la litanie instante.

Pendant la liturgie, le métropolite Hilarion a lu une prière pour le repos de l’âme de l’archiprêtre Gueorgi Orekhanov. Vice-recteur de l’Université Saint-Tikhon, vice-président du Conseil réuni de soutenance en théologie, docteur en sciences historiques, le père Gueorgui a été rappelé à Dieu dans la nuit du 20 janvier 2020 à l’âge de 58 ans.

Après l’office, le métropolite Hilarion a prononcé une homélie.

« Le deuxième jour de la fête de la Théophanie, nous célébrons la Synaxe de saint Jean Baptiste, prophète et précurseur du Seigneur. Dans cette église, dédiée à la Décollation de saint Jean-Baptiste, nous le prions de nous aider à avancer sur le chemin qu’il montra aux hommes lorsqu’il enseignait sur les rives du Jourdain.

Dans la lecture de l’Évangile selon saint Jean d’aujourd’hui, nous avons entendu saint Jean-Baptiste dire de Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde ». C’est la principale nouvelle sur le Sauveur, celle que Jean-Baptiste annonce à chacun. Le Christ n’est pas un simple maître à penser, il n’est pas un simple prophète, Il est Celui qui porte les péchés du monde et, comme l’agneau, est sacrifié pour que l’homme ait part au salut, grâce à la mort sur la croix de notre Seigneur Jésus Christ.

Jean le Précurseur vit de son regard prophétique non seulement son propre martyre, mais aussi la destinée de Celui dont Il avait pour vocation d’annoncer la venue, au nom Duquel il était venu et Dont il disait : « Je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers » (Jn 1,27), « je baptise dans l’eau » (Jn 1,26), mais « Lui vous baptisera du Saint-Esprit et du feu » (Lc 3,16).

Dans l’histoire de l’humanité, beaucoup d’hommes ont levé leur regard vers Jésus Christ et n’ont vu en Lui que ce qu’ils voulaient voir. Les uns disaient : Jésus Christ était un prophète. D’autres affirmaient qu’Il était un maître de morale, comme tant d’autres maîtres spirituels à différentes époques et dans différents pays. Le grand écrivain Lev Tolstoï, par exemple, considérait Jésus comme quelqu’un qui prêchait le bien et l’amour.

Tolstoï plaçait Jésus Christ au même rang que Confusius, Bouddha, Mahomet et d’autres prophètes et maîtres à penser, Il ne voyait rien de plus en Lui. Mais comme les Évangiles témoignent que Jésus Christ n’était pas simplement un homme, mais Dieu incarné, qu’Il accomplissait des miracles, qu’Il naquit d’une manière surnaturelle et ressuscita d’une manière tout aussi surnaturelle, Lev Tolstoï s’efforça de « purifier » l’Évangile de tout ce qu’il contient de surnaturel et, selon lui, d’improbable.

Lev Tolstoï réécrivit donc l’Évangile à sa guise, en excluant Sa naissance d’une Vierge, la résurrection et la majorité des miracles ; quant au reste des récits évangéliques, il en donna une interprétation rationnaliste.

Tolstoï s’éleva contre l’Église, et l’Église lui répondit avec humilité, défendant la vérité. L’Église excommunia l’écrivain ou, plus exactement, constata qu’il s’était lui-même exclu de l’Église. Ce dont Tolstoï ne se cachait pas, car il se prononçait ouvertement contre l’Église, contre les sacrements, blasphémant à l’écrit et à l’oral. L’Église n’hésita pas à rendre sa sentence sur cet homme, si grand écrivain fût-il, quelle que fût son autorité au sein de l’intelligentsia et du peuple.

L’Église a toujours défendu la vérité enseignée par Jean-Baptiste : Jésus Christ est l’Agneau de Dieu, venu sur terre pour prendre sur Lui les péchés du monde. Jésus Christ est le Sauveur du monde, le Fils unique de Dieu, qui accomplit de nombreux miracles et ne peut être comparé à aucun homme, ni avant, ni après Lui. Sa mort sur la croix n’est pas simplement la mort d’un de ces nombreux innocents injustement condamnés, comme il y en eut tant dans l’histoire de l’humanité, mais un sacrifice rédempteur.

Ce n’est pas par hasard que j’ai mentionné Lev Tolstoï. Cette nuit, l’archiprêtre Gueorgui Orekhanov est mort, lui qui a beaucoup travaillé sur l’œuvre de Tolstoï, envisagée du point de vue de l’Église. Il a expliqué posément et clairement la situation à tous ceux qui considèrent qu’il faudrait réhabiliter Tolstoï, puisque tant d’années ont passé, que les passions se sont apaisées. Or, l’Église n’a pas condamné Tolstoï à cause de son œuvre, mais parce qu’il s’est élevé contre elle, parce qu’Il a blasphémé le nom du Seigneur, qu’il prenait le Sauveur du monde pour « un homme comme les autres », et qu’il donna le titre « Evangile de Jésus Christ » à sa version déformée de l’Évangile.

Nous avons prié aujourd’hui pour le repos de l’âme du père Gueorgui (…) A nous tous, je souhaite qu’en enseignant et en étudiant la théologie, nous gardions à l’esprit que Jésus Christ est l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde. C’est ce que le saint prophète, précurseur et baptiste Jean a proclamé.

Que notre théologie, que notre vie se construisent autour de cet Agneau divin. Que la mort rédemptrice du Seigneur Jésus Christ porte ses fruits dans nos vies. Que le prophète, précurseur et  baptiste Jean continue à montrer à chacun qui est « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14,6). Amen. »