Le 12 janvier 2020, 30e dimanche après la Pentecôte, dimanche après la Nativité du Christ, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.

Il concélébrait avec l’archiprêtre Chad Hatfield (Église orthodoxe en Amérique), président du séminaire orthodoxe Saint-Vlaidmir de New York.

Après l’ecténie instante, le métropolite a lu la prière pour la paix en Ukraine.

A la fin de la liturgie, il a prononcé une homélie.

« Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.

Beaucoup cherchent leur chemin vers Dieu, mais se le représentent loin des hommes. Ils s’imaginent que Dieu observent l’homme du haut du ciel, qu’Il le punit pour ses péchés et l’encourage lorsqu’il fait de bonnes actions, mais qu’Il est si loin qu’il est impossible de s’approcher de Lui. On peut cependant, croient-ils, Lui adresser des demandes auxquelles Il répond parfois, mais pas toujours.

Nous, chrétiens, savons que Dieu est tout différent. Il est proche, Il est tout près de nous. En la fête de la Nativité du Christ, qui se poursuit ces jours-ci, nous glorifions Dieu fait homme, Dieu devenu l’un de nous, afin que nous ne sentions pas la distance gigantesque et infranchissable par les seules forces humaines, qui nous sépare du Seigneur. Pour que Nous sentions de tout notre cœur le mystère du salut et y ayons part.

La distance qui sépare les hommes de Dieu et qu’il est impossible de franchir par les seuls efforts humains, le Seigneur Lui-même l’a franchie. Il est né dans une famille ordinaire. Il avait de la parenté, que nous fêtons aujourd’hui, dimanche après Noël. Saint Joseph, père putatif de Jésus Christ, sans être Son père physique puisque le Christ naquit du Saint Esprit et de la Vierge Marie. Le roi David, Son ancêtre dans la chair, et ses autres ancêtres mentionnés dans la généalogie produite dans les Évangiles de Mathieu et de Luc. Jacques, frère du Seigneur, non pas un frère né des mêmes parents, mais ayant des liens de parenté avec lui, et qui, après Sa mort et Sa résurrection dirigea la communauté chrétienne de Jérusalem.

Mais ceux que nous commémorons aujourd’hui ne sont pas les seuls parents du Seigneur dans la chair : le Seigneur fait de chacun de nous son parent, Son fère, Sa sœur, Son fils ou Sa fille. Il nous adopte par la participation à la vie de l’Église et par la communion aux Saints Mystères du Christ, par lesquels nous nous unissons à Lui spirituellement et physiquement. Comme disent saint Jean Chrysostome et saint Syméon le Nouveau Théologien, par la communion aux Saints Mystères du Christ, nous nous apparentons au Seigneur dans la chair. Cela veut dire qu’Il ne nous considère pas comme des êtres humains étrangers, mais comme Sa parenté. Il nous aime, Il s’occupe de nous, Il se souvient toujours de nous.

L’amour de Dieu pour nous est à la fois paternel, maternel, fraternel, il dépasse toutes les formes d’amour humain, étant dépourvu de toute espèce d’égoïsme. L’amour humain comporte toujours une part d’égoïsme : nous aimons parce que quelqu’un nous aime, parce qu’il nous est proche. Parfois, nous considérons celui que nous aimons comme notre chose, nous le poursuivons de notre jalousie, etc. Bien des composantes de l’amour humain ont trait à l’ego et ne sont que des manifestations d’égoïsme.

L’amour de Dieu pour les hommes n’est pas égoïste, c’est un amour d’abnégation. Cet amour s’est manifesté au plus haut point dans les souffrances et dans la mort du Dieu incarné, le Seigneur Jésus Christ, par Sa mort sur la croix, dont l’objet était de racheter les hommes.

Le Seigneur ne nous aime pas parce qu’Il a besoin de nous, c’est nous qui avons besoin de Lui. Nous aimons le Seigneur selon nos capacités et celles de notre cœur. Nous Lui donnons une partie de notre temps, de notre vie. Lui s’est donné tout entier. A Noël, nous faisons mémoire d’un évènement exceptionnel dans l’histoire de l’humanité, l’Incarnation divine. Nous glorifions Dieu qui s’est proche de nous, qui est devenu l’un de nous, est venu vivre avec nous et ne nous abandonne jamais.

Rassemblés à l’église pour la Divine liturgie, élevant ensemble nos prières, nous glorifions Dieu fait homme. Le Seigneur attend que nous apportions nos dons en ces jours de fête. Non pas qu’Il en ait besoin, mais parce que cette offrande nous est nécessaire, pour « rendre » symboliquement à Dieu Son amour, le sacrifice qu’Il a fait pour nous.

Les mages sont venus de très loin. Ils ont marché des jours et des jours, des mois, peut-être, pour venir porter au Seigneur leurs présents, l’or, l’encens et la myrrhe. Le Christ n’avait pas besoin de ces dons, mais eux avaient besoin de les Lui apporter, d’adorer le Sauveur du monde.

Le Seigneur attend de nous des dons spirituels, et non matériels. Il attend que nous observions Ses commandements, que nous nous efforcions de vivre comme Il l’a commandé : lire l’Évangile et confronter notre vie à l’Évangile, faire de bonnes œuvres envers le prochain, aimer les autres non d’un amour égoïste, mais d’une charité pleine d’abnégation, semblable à l’amour dont Dieu nous a aimés. Chaque fois que la Divine liturgie est célébrée à l’église, le Seigneur nous invite à communier aux Saints Mystères, pour que nous ne cherchions pas à nous approcher de Dieu par nos propres forces, espérant uniquement en nos bonnes œuvres, en nos mérites, mais en puisant en Lui les forces nécessaires à devenir tels qu’Il veut nous voir.

En ces jours de Noël, glorifions Dieu fait homme, venu à nous et demeurons parmi nous. Demandons-lui de nous guider sur le chemin du Royaume des Cieux. Amen.

Bonne fête à tous. »