Le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a présidé le 11 décembre 2019 une réunion du Haut Conseil de l’Église orthodoxe russe. Ouvrant la séance, Sa Sainteté a prononcé un discours, adressé aux membres du Conseil.

Bienvenue à tous les membres du Haut Conseil ecclésiastique !

Le Haut conseil se réunit pour la dernière fois de l’année. C’est la dernière fois que les membres ici-présents se réunissent, et la dernière fois de l’année 2019. On peut donc procéder dès aujourd’hui à un bilan.

L’année a été difficile. Elle a été remplie d’épreuves pour notre Église, mais aussi de grâces divines. D’un côté, nous avons été témoins des conséquences de la violation des normes canoniques, de l’autre nous avons pu constater l’unité des hiérarques, du clergé, des laïcs qui, dans notre Église et dans le monde gardent la foi et la pureté canonique de l’Orthodoxie.

Nous voyons que dans le monde ecclésiastique grec, à l’intérieur des Églises d’Alexandrie et de Grèce, des hiérarques, des clercs et des laïcs n’approuvant pas la profanation des canons, entrent en opposition. Pour eux, comme pour nous, l’unité de l’Église est une valeur absolue. Ils trouvent inadmissible de trahir cette l’unité au profit des grands de ce monde. Ils compatissent au sort de l’Église orthodoxe ukrainienne, victime des démarches du Patriarcat de Constantinople.

Nos prières et nos efforts visent au soutien de nos frères en Ukraine, où, grâce à Dieu, la pression sur les fidèles de l’Église canonique s’est affaiblie. La déclaration de non-ingérence dans les affaires de l’Église, prononcée par le président Zelinski, témoigne de ce que l’état occupe aujourd’hui une juste position : ne pas interférer dans les contradictions ecclésiastiques, et ne pas exercer de pressions, notamment sur notre Église canonique.

Je dois dire, néanmoins, que la menace d’intervention dans les affaires de l’Église est toujours là, parce que tous les dirigeants ukrainiens n’ont pas renoncé complètement à la ligne définie par l’ancien président, qui supposait justement cette intervention. Mais les enfants de notre Église restent fermes sur leurs positions. Leur fermeté et leur dignité sont d’autant plus évidentes sur le fond des hostilités permanentes dans lesquelles s’enfoncent les schismatiques ukrainiens et leurs protecteurs. Ce qui se passe aujourd’hui à l’intérieur du schisme témoigne qu’il est privé de la grâce. La grâce de Dieu est absente, la conscience des gens s’obscurcit, les passions prennent le dessus sur la responsabilité canonique, le schisme engendre de nouveaux schismes. De profondes contradictions sont apparues entre les membres du schisme.

Nous avons partagé une joie pascale avec nos frères et sœurs de l’Archevêché des paroisses d’Europe occidentale, revenus à l’Église-mère. Le Seigneur miséricordieux a transformé en bien les misérables tentatives de suppression de cette structure, ce qui a permis de poser le point tant attendu à l’histoire de la division de la diaspora ecclésiastique russe.

Quoiqu’il arrive en 2020, nous garderons toujours à l’esprit les paroles du Sauveur : « Ne crains point, petit troupeau; car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume » (Lc 12,32). Il est évident que nous aurons à répondre à de nombreux défis durant l’année qui vient, il faudra travailler à consolider la pureté canonique de l’Orthodoxie, déployer toujours plus d’efforts pour préserver l’unité de l’Église ; là où cette unité a été rompue, tenter de la retrouver. Nous espérons que le Seigneur nous montrera Sa miséricorde et nous aidera à rapprocher la résolution de ce problème d’envergure panorthodoxe : restaurer l’unité et surmonter la puissance destructive des schismatiques qui ont, effectivement, semé de dangereux germes de discorde et de contradiction.

Espérons qu’avec la miséricorde de Dieu, le schisme ne s’étendra pas, mais, qu’au contraire il y soit mis fin. Le Seigneur nous a tous appelés à Lui être fidèles jusqu’à la mort, et cette fidélité doit se manifester, notamment, dans la défense de l’unité de l’Église. Aujourd’hui personne ne nous appelle au martyre, mais nous sommes tous appelés à la fermeté et à être résolus à préserver l’unité de la Sainte Orthodoxie, à rester fidèles à la structure canonique de l’Église.

C’est par ces paroles que je voulais ouvrir notre dernière séance de l’année.