Le 21 novembre 2019, à l’aéroport « Chérémétiévo », après avoir raccompagné Sa Béatitude le patriarche Théophile III de Jérusalem, qui vient d’achever une visite à l’Église orthodoxe russe, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a répondu aux questions des représentants des médias.

Question : Éminences, quel est le bilan de la visite du patriarche de Jérusalem ?

Le métropolite Hilarion : Dans l’Église orthodoxe, on a beaucoup apprécié aussi bien le fait même de la visite du patriarche de Jérusalem, que les résultats de cette visite. Sa Béatitude le patriarche Théophile a pu s’entretenir avec le patriarche Cyrille, discuter des thèmes à l’agenda des relations bilatérales entre nos Églises, ainsi que de l’actualité interorthodoxe.

Les deux patriarches ont aussi rencontré le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, et le primat de l’Église orthodoxe de Jérusalem a hautement apprécié les résultats de cette rencontre. Il a beaucoup parlé de l’impression exceptionnellement positive que notre président avait produite sur lui.

Le 21 novembre, Sa Béatitude le patriarche Théophile a reçu le prix de la Fondation internationale pour l’unité des peuples orthodoxes, qu’il a mérité grâce à sa contribution à la sauvegarde de l’unité et de l’interaction interorthodoxe.

Enfin, et c’est important, Sa Béatitude le patriarche Théophile et Sa Sainteté le patriarche Cyrille, avec de nombreux hiérarques de l’Église russe, ont concélébré la Divine liturgie le jour de la fête de saint Michel archange et de toutes les puissances célestes incorporelles. Des demandes spéciales pour l’unité de toutes les Églises orthodoxes locales ont été formulées pendant la liturgie, conformément aux statuts de l’Église orthodoxe russe.

Je pense que la visite du patriarche de Jérusalem sera un jalon important dans l’histoire des relations entre nos deux Églises.

Question : Que pensez-vous de l’initiative du patriarche de Jérusalem sur la tenue d’une rencontre des chefs des Églises orthodoxes locales en Jordanie, sous l’égide du roi Abdallah II, pour discuter de la crise actuelle dans l’Orthodoxie mondiale ?

Le métropolite Hilarion : Nous avons accueilli très positivement cette initiative. Nous sommes toujours prêts au dialogue, et l’avons souvent dit au patriarche de Constantinople.

Cependant, le patriarche de Constantinople n’a pas voulu dialoguer. Pendant sa visite d’août 2018, le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a proposé de discuter du problème ukrainien au niveau bilatéral et au niveau interorthodoxe. Mais toutes ces propositions ont été rejetées, parce que le patriarche de Constantinople avait déjà pris la décision « d’octroyer l’autocéphalie à l’Ukraine », comme il s’est exprimé, ce qui, dans les faits, s’est limité à accorder « un tomos d’autocéphalie » à des schismatiques ukrainiens. Nous voyons aujourd’hui les funestes conséquences de cet évènement.

Nous sommes contents que ce soit l’Église orthodoxe de Jérusalem qui ait eu l’initiative de cette rencontre internationale. Dans les textes liturgiques, elle est désignée comme la Mère de toutes les Églises. Ainsi, dans les stichères du lucernaire dominical du 8e ton, des textes antiques datant au plus tard du VIIIe siècle, on trouve, notamment, ces versets : « Réjouis-toi, ô sainte Sion, Mère des Églises, habitacle de Dieu, toi qui la première as reçu la rémission des péchés par la sainte Résurrection ».

Historiquement parlant, l’Église de Jérusalem a la primauté dans la famille des Églises orthodoxes locales, parce que c’est à Jérusalem que le Seigneur Jésus Christ a souffert et est mort sur la Croix, à Jérusalem qu’Il ressuscita, c’est la communauté des apôtres à Jérusalem qui a été témoin de la Résurrection du Christ. Personne n’enlèvera jamais cette primauté historique à l’Église de Jérusalem. Aujourd’hui, alors que l’Orthodoxie traverse une crise générale, elle est intervenue avec une initiative très importante. J’espère qu’elle sera soutenue par les autres Églises orthodoxes locales et que la question de la résolution du schisme ukrainien sera, enfin, discutée au niveau panorthodoxe et recevra une solution panorthodoxe.