Une réception solennelle a été donnée le 3 novembre 2019 dans les réfectoires de la cathédrale du Christ-Sauveur, à l’occasion du rattachement de l’Archevêché des paroisses de tradition russe en Europe occidentale à l’Église orthodoxe russe.

S’adressant aux invités, le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a partagé ses réflexions sur les causes de la réunion historique de l’Archevêché des paroisses de tradition russe en Europe occidentale à l’Église-Mère.

« Ce n’est pas parce que la situation politique a changé, a dit, notamment le patriarche. Ni parce que la Russie et l’Europe occidentale auraient changé, ni à cause de rapports différents entre les pays, ni, non plus, parce qu’une nouvelle génération a grandi ou que les gens ont ressenti la nécessité d’en venir là. Tous ces facteurs humains auraient pu influer aussi bien en faveur de l’évènement d’aujourd’hui que contre lui, puisqu’il y a autant d’opinions que de têtes, et que les opinions diffèrent. Malgré tout, d’où que nous venions, aussi bien des pays d’Europe occidentale où l’Archevêché est présent, que de Russie où des autres pays où est présent le Patriarcat de Moscou, nous sommes parvenus à un point étonnant de complet accord. »

« Pour moi, ce n’est pas un témoignage de la sagesse humaine, mais de la puissance divine. Les diplomates ecclésiastiques les plus expérimentés peuvent bien siéger pendant longtemps, élaborant d’excellentes formules, tout peut s’arrêter en un instant et revenir en arrière. J’appartiens à une génération du clergé de l’Église orthodoxe russe qui a participé au dialogue avec l’Archevêché, avec l’Église russe hors-frontières, avec d’autres organisations religieuses en Europe et en Amérique. Je me souviens bien que même lorsque tous les interlocuteurs étaient d’accord, on n’arrivait pas à en venir à la décision qui aurait amené le rattachement. Malgré de bonnes relations personnelles avec les prêtres, les laïcs, la jeunesse, on n’arrivait pas à dépasser la ligne de division, et ce n’est pas parce que quelqu’un à Moscou ou à Paris l’empêchait », a constaté le primat de l’Église orthodoxe russe.

« De quoi témoigne notre réunion aujourd’hui ? – a poursuivi Sa Sainteté. Sans doute de ce qu’il fallait boire jusqu’à la lie la coupe de la division engendrée par le péché humain, par la révolution, la guerre civile, l’éloignement moral. Il fallait passer par ce chemin difficile pour que le Seigneur tourne vers nous Sa miséricorde et dise : les enfants, ça suffit ! Unissez-vous ! »

« C’est par Sa parole que tout a eu lieu, je n’ai pas d’autre explication. Car si l’on s’en tient à la logique humaine ordinaire, quelque chose aurait sûrement repoussé les résultats de nos pourpalers à un moment donné. Mais cela ne s’est pas prodruit. Notre gratitude va avant tout, va uniquement non au patriarche, non à Mgr Jean, non au Synode ni à vos instituts conciliaires, mais au Seigneur, qui nous a manifesté Sa miséricorde et nous a dit : Assez, vous avez bu la coupe de la division, maintenant réunissez-vous, souvenez-vous que plus jamais rien de semblable ne doit se produire » a dit le patriarche Cyrille.

« Je pense que c’est la principale leçon à tirer de ce qui nous est arrivé dans le passé et qui nous a amenés à ce jour, à ce miracle de la concélébration de la Divine liturgie à l’église du Christ-Sauveur. Je nous souhaite donc à tous de tirer parti de cette leçon divine et de bâtir les relations entre hiérarques et diocèses, tant en Russie qu’à l’étranger, de façon que la volonté de Dieu ne soit plus bafouée. Car nous avons bu la coupe des souffrances, et le Seigneur a eu pitié de nous, Il nous a réuni par Sa puissance divine autour de l’Eucharistie d’aujourd’hui. A Lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen » a conclu le primat de l’Église russe.