Le 8 octobre 2019, mémoire de saint Serge de Radonège, le métropolite Hilarion de Volokolamsk a célébré la Divine liturgie à l’église de la Descente-du-Saint-Esprit-sur-les-apôtres, avec la bénédiction de Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie.

Le métropolite concélébrait avec Mgr Hilarion concélébrait avec l’évêque Lazare de Narva et de Pritchoudié, l’évêque Nectaire de Livny et de Maloarkhangelsk, l’évêque Mathieu de Souroge, le hiéromoine Nicolas (Ono), clerc du métochion de l’Église orthodoxe russe à Tokyo (Japon), des membres de la communauté monastique.

Après la litanie instante, l’archipasteur a lu la prière pour la paix en Ukraine.

A la fin de l’office, Mgr Hilarion a prononcé une homélie, commençant par souhaiter une bonne fête à l’assistance.

« Nous avons lu aujourd’hui ces paroles de saint Paul : « Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs » (Ga 5,24). Ces paroles sont difficiles à comprendre. Que signifie « crucifier la chair » ? Que sont les passions et les désirs ? De quelle façon ceux qui sont au Christ peuvent-ils crucifier leur chair avec ses passions et ses désirs ?

La vie de notre saint père théophore Serge, comme celle de beaucoup d’autres saints moines, répond à ces questions. Ceux qui choisissent la voie monastique ont eu l’audace de vouloir devenir des anges, car la tradition patristique et le rite même de la tonsure n’appelent pas autrement le monachisme, le saint schème, que l’état angélique. Ce n’est pas pour rien que saint Jean Climaque disait que la lumière, pour les moines, ce sont les anges, tandis que pour les laïcs, ce sont les moines.

Les moines n’ont pas voulu fonder de famille, ni vivre une vie de famille ordinaire. Pour atteindre l’état des anges, ils renoncent à beaucoup de ce qui appartient à l’homme. Tous n’y parviennent pas, et beaucoup de moines souffrent, comme les laïcs, des passions et des désirs, sans parvenir à vaincre en eux le vieil homme. Mais ceux des moines qui, inspirés par l’exemple du Seigneur Jésus Christ et des saints qui l’ont suivi, ceux qui ont décidé de s’engager dans la voie monastique, pour avancer aussi loin que possible, les moines qui s’efforcent à chaque jour et à chaque heure de demeurer avec Dieu, sans cesser jamais de penser au Seigneur, réchauffant leur vie intérieure par la prière de Jésus, s’inspirent certes de l’exemple des saints et cherchent à les imiter dans leur vie terrestre non seulement en paroles, mais en actes, parviennent à ce que nous appelons l’état angélique. Ils deviennent semblables aux anges, gardant leur corps terrestre, et crucifiant les passions et les désirs afin de ressembler en tout au Christ crucifié sur la croix.

Rappelons-nous les paroles de saint Paul : « Que personne désormais ne me fasse de la peine, car je porte sur mon corps les marques de Jésus » (Ga 6,17). Ces mots sont écrits sur le scapulaire imposé à tout moine du petit ou du grand schème. Que veut dire porter sur son corps les marques de Jésus ? Non pas au sens propre, bien entendu, mais au sens figuré, bien que cela signifie aussi être co-participant des souffrances du Seigneur Jésus Christ tout à fait réellement, se tenir devant Sa croix avec la Mère de Dieu, avec son disciples bien-aimé, avec le petit nombre de ceux qui sont restés fidèles au Christ lorsqu’il a été crucifié.

Peu nombreux sont ceux qui ont su voir dans cette terrible exécution l’annonce du salut du monde. Mais le Seigneur Jésus Christ a souffert pour ouvrir à tout homme la voie du Royaume des cieux. Pour atteindre le Royaume des cieux, il n’est pas nécessaire de se faire tonsurer, il existe plusieurs voies possibles pour suivre le Christ.

Jésus Christ, parlant du monachisme, disait à Ses disciples que ceux qui peuvent comprennent, comprennent. La voie monastique exige un héroïsme particulier, une certaine concentration, de grands efforts au quotidien. C’est ce que l’apôtre Paul appelle crucification de la chair avec ses passions et ses désirs. La chair n’en disparaît pas pour autant. Qui est tonsuré ne devient pas semblable aux anges par l’immatérialité ou la finesse du corps, comme les anges, mais suit un chemin par lequel sa nature corporelle se transfigure, s’affine peu à peu.

Les icônes montrent l’image de l’homme dans son état transfiguré, divinisé. On y voit état  auquel parvient la chair des saints, on y voit leurs yeux briller d’une lumière intérieure, spirituelle. Ainsi, la représentation iconographique n’est-elle pas simplement une image symbolique du saint, mais la représentation de l’état spirituel qu’on peut atteindre dans la vie humaine.

En ce jour où nous faisons mémoire de notre père théophore Serge, nous le glorifions parce qu’il est parvenu à la vie angélique. Avec lui, nous glorifions tant d’autres ascètes de ce saint monastère et des monastères fondés par les disciples de saint Serge. Nous glorifions les pères et les mères théophores qui ont illuminé notre terre. Demandons au Seigneur de nous aider tous, chacun à sa place, les moines dans leurs état angélique, les laïcs, dans l’état ordinaire des hommes, à atteindre le Royaume des Cieux, préparé pour tous, mais qui se prend par l’effort, et auquel peu parviennent.

Prions saint Serge de nous aider à avancer dans cette voie. Prions avec notre sanctissime patriarche, avec l’épiscopat de notre Église, pour l’unité de l’Église orthodoxe, pour la paix et la prospérité des saintes Églises de Dieu, et pour que le Seigneur garde notre patrie bien-aimée.

Bonne fête à tous, que le Seigneur vous garde !

A la fin de la liturgie, le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, et tous les hiérarques ayant célébré à sa bénédiction la liturgie dans les différentes églises de la Laure, ont pris la tête de la procession vers l’esplanade, où le primat de l’Église orthodoxe russe a célébré un office d’intercession.

Depuis le balcon des appartements patriarcaux, le patriarche a prononcé une homélie.