Le 9 juin 2019, 7e dimanche de Pâques, dimanche des saints pères du Premier Concile, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.

Après la litanie instante, Mgr Hilarion a récité la prière pour la paix en Ukraine.

A la fin de la liturgie, le métropolite a prononcé une homélie.

« Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.

Durant toute la période entre Pâques et la Pentecôte, l’Église lit l’Évangile selon saint Jean. Dans la lecture d’aujourd’hui, nous avons entendu la prière qu’on appelle prière du grand-prêtre, que le Sauveur prononça avant Sa passion et Sa mort. Quittant ce monde pour un autre monde, retournant à Son Père, le Christ pria pour Ses disciples et pour tous ceux qui croient en Lui : « Père, je veux que là où Je suis ceux que tu M’a donnés soient aussi avec Moi » (Jn 17,24).

L’Évangile de Jean s’ouvre sur l’annonce de l’Incarnation du Verbe de Dieu. Le Dieu d’avant les siècles, par ineffable condescendance du Père, s’est incarné et est devenu Fils de l’Homme. Le Christ était et reste toujours Fils de Dieu, mais Il s’est fait chair, est devenu Fils de l’Homme. Tout ce qu’il a accompli sur la terre était accomplissement de la volonté de Son Père divin. Sur la terre, le Seigneur Lui a donné des disciples, ceux qu’Il choisit Lui-même et institua Ses apôtres, afin qu’ils soient avec Lui, qu’ils entendent Sa prédication, qu’après Sa mort et Sa résurrection ils répandent cette prédication sur toute la terre.

Avant Son arrestation, le Christ prie une dernière fois pour ses disciples, ensuite Il prie pour tous ceux qui auront cru en Sa prédication. Le Fils de Dieu demande à Son Père que tous les croyants soient avec Lui, là où Il se trouve. Cela veut dire que le Seigneur montant à Sa gloire céleste vers Son Père, veut emmener tous ceux qui croient en Lui. Sa prière concerne donc chacun de nous, car nous sommes ceux qui ont cru en la parole des apôtres et de leurs successeurs. Par les Saintes Écritures, l’Évangile, les épîtres apostoliques, les Actes des apôtres, lus également entre Pâques et la Pentecôte, nous avons cru que Jésus Christ est le Seigneur et Sauveur, qu’Il est l’unique Fils de Dieu, venu sauver tous les pécheurs, tout homme qui veut être sauvé par Lui.

Le Sauveur manifeste Son désir que tous les croyants soient avec Lui. Le lieu, ou l’état, où Il se trouve, le Christ le désigne de la notion peu compréhensible pour ses auditeurs d’alors de « Royaume céleste ». Lorsque le Fils de Dieu, dans Ses sermons et Ses paraboles parlait du Royaume des Cieux, beaucoup croyaient qu’il s’agissait d’un royaume qu’Il créerait ici, sur la terre. D’autres estimaient qu’il s’agissait de l’existence post-mortem.

Cependant, le Seigneur parlait d’un espace spirituel dans lequel les hommes peuvent Le rencontrer et s’unir à Lui, qu’ils soient dans l’autre monde ou qu’ils vivent encore sur terre. L’Église créée par le Christ est cet espace spirituel, le Royaume de Dieu sur la terre. Nous croyons que le Christ demeure invisiblement dans l’Église. La parole du Seigneur : « Père, je veux que là où Je suis ceux que tu M’a donnés soient aussi avec Moi » (Jn 17,24) nous concerne aussi, nous qui vivons, aussi bien que ceux qui ont quitté ce monde. Car l’Église unit tous les hommes, les vivants et les morts ; tous ceux qui ont cru au Christ, qui ont été baptisés, qui ont observé ou observent Ses commandements et qui désirent être avec Lui.

Le Seigneur veut que nous soyons avec Lui. Mais souhaitons-nous être là où est le Seigneur ? Voulons-nous suivre le Christ au calvaire, être avec lui au moment de Sa condamnation et de Sa crucifixion ? Voulons-nous être avec Lui dans Sa gloire céleste ? Chacun répondra sans doute que oui, certes, nous voulons être trouvés dignes d’avoir part à la gloire que le Christ a de toute éternité auprès de Son Père. Cependant à Ses deux disciples qui voulaient s’assurer une place auprès de Lui, l’un à droite et l’autre à gauche, le Seigneur montra que le chemin de la gloire des cieux passe par la souffrance : « Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, ou être baptisés du baptême dont je dois être baptisé? » (Mc 10,38).

Ces questions, le Christ les adresse à chacun de nous. Dieu désire que nous soyons un avec le Christ, et nous voulons aussi être avec Lui dans sa gloire céleste. Mais pour cela, nous devons boire la coupe qu’Il nous tend, non seulement le calice eucharistique duquel nous communions au Sang divin, mais la coupe des afflictions, des souffrances et des épreuves que tout homme est amené à boire un jour.

Écoutant la prière du Seigneur Jésus Christ à Son Père avant d’être arrêté, telle que la rapporte l’Évangile de Jean, n’oublions pas qu’Il n’a pas prié seulement pour Ses disciples, mais pour nous tous. Le Christ nous a promis la joie que personne ne pourra nous enlever. Dans sa prière au Père, le Christ dit : « Je dis ces choses dans le monde, afin qu’ils aient en eux ma joie parfaite » (Jn 17,13). Mais cette joie s’acquiert par les exercices de toute une vie, notamment par la patience et l’humilité dans les afflictions et dans les souffrances.

Demandons au Seigneur Jésus Christ d’être toujours là où Il est, d’être toujours dans l’Église. Afin que nous vivions du Christ et communions à Son Corps très-pur et à Son précieux sang. Afin que nous observions Ses divins commandements et acceptions sans broncher les épreuves qui surviennent, pour avoir part dès cette vie au Royaume des cieux qui se découvrira pleinement lorsque nous passera à la vie éternelle. Amen. »