Le 21 avril 2019, fête de l’Entrée du Seigneur à Jérusalem, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.

Après la litanie instante, Mgr Hilarion a récité la prière pour la paix en Ukraine.

Dans l’homélie prononcée à la fin de l’office, le métropolite a dit :

« Nous avons fêté hier le Samedi de Lazare, nous célébrons aujourd’hui la grande fête de l’Entrée du Seigneur à Jérusalem. Dans l’évangile de Jean, ces évènements se suivent. L’évangéliste montre que le peuple accueillit Jésus à Jérusalem dans l’allégresse, comme un nouveau prophète, comme un faiseur de miracles et comme le Messie, ayant été frappé par la nouvelle des miracles qu’Il avait accomplis et, surtout par le miracle de la résurrection de Lazare. La rumeur, partie de Béthanie, avait rapidement atteint Jérusalem, et incité la foule à sortir à la rencontre de Jésus.

Si l’on lit attentivement les récits de l’Entrée du Seigneur à Jérusalem (que rapportent les quatre évangélistes), on y remarque certains différences.

Les évangélistes Matthieu et Marc disent que le peuple acclamait Jésus Christ, mais ils ne précisent pas de quel peuple il s’agissait. Probablement des multiples pèlerins, venus à Jérusalem des différentes villes de Galilée, de Judée et même de la diaspora, afin de fêter la Pâque. Ils avaient entendu parler des miracles de Jésus Christ et sortirent à Sa rencontre.

Saint Luc rapporte que Jésus, à l’entrée de Jérusalem, était attendu par la multitude de Ses disciples. Nous ne savons pas de quels disciples il veut parler, mais on sait que des foules de gens suivaient Jésus Christ. Ce sont ces disciples qui, selon le témoignage de Luc, accueillirent le Seigneur lorsqu’Il entra à Jérusalem.

L’évangéliste Matthieu souligne la présence d’enfants. Il témoigne que les enfants, en même temps que les adultes, sortirent à la rencontre de Jésus Christ avec des branches de palme, qu’ils plaçaient sous les pattes de l’ânon sur lequel était monté le Seigneur, clamant : « Hosannah au Fils de David » (Mt 21,9).

Les évangélistes rappellent que cet évènement eut lieu pour que s’accomplît l’antique prophétie : « Sois transportée d’allégresse, fille de Sion! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem! Voici, ton roi vient à toi; Il est juste et victorieux, Il est humble et monté sur un âne, Sur un âne, le petit d’une ânesse. » (Za 9,9).

Beaucoup, certes, attendaient que Jésus les délivrât de l’occupation étrangère, la restauration de l’antique piété, le règne de Jésus qui chasserait les occupants haïs. Bien peu d’entre eux comprenaient que le Christ n’entrait pas à Jérusalem pour s’emparer du Royaume, mais pour s’emparer du monde, non par la violence des armes, ni par la contrainte, mais par la force de l’amour et de la conviction, par Sa prédication et par Son sacrifice salutaire.

Lorsque le Christ entra à Jérusalem, la foule exultante l’accueillit devant les murs de la ville. Une autre foule attendait à l’intérieur, celle qui criera plus tard : « Crucifie-le ! Que Son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! » Peut-être une partie de la foule qui accueillit Jésus avec des branches de palme, rentra-t-elle ensuite dans la ville et, subissant la propagande des pharisiens et des scribes, cria aussi « Crucifie-Le ! ». Nous ne savons pas exactement qui participa à l’un et à l’autre évènement. Mais les sympathies de la foule varient : son héros d’aujourd’hui sera le paria de demain. Aujourd’hui, elle accueille le Christ avec des branches de palme, demain elle exigera Sa crucifixion.

Le Seigneur Jésus Christ est entré à Jérusalem sachant pourquoi Il y allait. Le Sauveur avait prédit plus d’une fois à Ses disciples qu’Il serait livré aux païens à Jérusalem, qu’Il subirait l’opprobre, qu’Il serait battu et crucifié. Les disciples avaient réagi différemment à ces annonces : les uns s’étaient tus, les autres, comme Pierre, avaient tenté de protester, d’autres encore Lui avaient demandé pourquoi aller en Judée s’Il savait que les Juifs cherchaient à Le tuer.

Lorsque le Seigneur entra à Jérusalem, raconte l’évangéliste Marc, Il marchait seul, Ses disciples se tenant à une certaine distance, car ils ressentaient trouble et crainte, ne comprenant pas pourquoi Il allait volontairement à la mort, alors qu’il aurait été possible d’y échapper, de rester en Galilée et de poursuivre Sa prédication. Mais le Seigneur savait que ses jours sur terre étaient comptés, et qu’Il n’était pas venu pour vivre et prêcher longtemps : tout ce qu’Il voulait dire, Il l’avait dit en un peu plus de trois ans, lorsqu’Il prêchait en Galilée et, parfois à Jérusalem. A présent, il Lui fallait accomplir l’œuvre pour laquelle Il était venu, pour laquelle Il avait été envoyé par Dieu le Père dans ce monde pécheur. Il Lui fallait racheter l’humanité du péché en mourant Lui-même.

Lorsque nous suivrons le Christ durant les jours de la Semaine sainte, nous verrons qu’humainement le Sauveur avait peine à accomplir la volonté du Père, car, comme tous les hommes, Il souffrit et s’affligea sentant venir Sa propre mort. Le Fils de Dieu pria Son Père : « Si cela est possible, que cette coupe s’éloigne de Moi » (Mt 26,39), bien qu’il sût que cette coupe ne s’éloignerait pas de Lui, et, inévitablement, Il conclut ainsi Sa prière : « Cependant, non pas Ma volonté, mais Ta volonté » (Lc 22,42). Nous l’entendrons durant la Semaine sainte qui commence dès ce soir, avec les matines du Lundi saint.

Les premiers jours de la Semaine sainte, nous célébrerons la Liturgie des Présanctifiés, nous souvenant des différents évènements des derniers jours de la vie terrestre du Seigneur Jésus Christ, notamment de la Cène à Béthanie, dont nous avons entendu aujourd’hui la lecture dans l’Évangile selon saint Jean. Le Jeudi Saint, nous ferons mémoire de la Sainte Cène, lorsque le Seigneur, sous les espèces du pain et du vin, donna aux disciples Son Corps et Son Sang. En ce jour, nous nous rassemblerons tous à l’église pour communier aux saints dons du Christ. Ensuite, le Vendredi Saint, nous ferons mémoire du jugement et de la crucifixion de notre Seigneur Jésus Christ, de Sa mort sur la croix. Le Samedi Saint, nous nous rappelerons Sa mise au tombeau et la descente aux enfers.

La fête de l’Entrée du Seigneur à Jérusalem est à la fois joyeuse et triste, car elle ouvre la Semaine Sainte. Avec le Christ, nous entrons aujourd’hui à Jérusalem pour être témoins de Sa gloire terrestre et pour devenir témoins de Sa gloire céleste, le chemin de laquelle passant par la souffrance et par la mort.

Durant les jours de la Semaine Sainte, efforçons-nous de venir à l’église, d’écouter les lectures de l’évangile, notamment les douze passages de la Passion et de la mort de Jésus Christ, qui seront lus le jeudi soir, aux matines du Vendredi Saint. Demandons au Seigneur, nous ayant fait passer par la voie de Sa Croix au Golgotha, de nous permettre de L’accueillir à Sa Sainte Résurrection, et de nous réjouir, comme se réjouirent Ses disciples, comme exultèrent les femmes myrophores et des dizaines et des centaines de personnes qui avaient aimé Jésus et cru en Lui. Tous avaient vécu dans la crainte et dans le tremblement Sa passion et Sa mort sur la croix. L’ayant vu ressuscité, et s’étant convaincus que c’était vraiment le Christ qui était devant eux, ils avaient compris et connu qu’Il était vraiment le Fils de Dieu, le Sauveur du monde, le Dieu incarné.

Bonne fête à tous, que Dieu vous garde. »