Le 17 avril 2019, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Liturgie des Présanctifiés à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.

L’archipasteur concélébrait avec les clercs de l’église. Après la litanie instante, Mgr Hilarion a lu la prière pour la paix en Ukraine.

Ensuite, le métropolite a prononcé une homélie :

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit !

Au cours de cette liturgie des Présanctifiés, nous avons entendu une lecture du livre de la Genèse, rapportant l’histoire de Joseph, vendu en esclavage par ses frères jaloux, car ils croyaient que leur père préférait Joseph. Il avait eu l’imprudence et la bêtise de leur raconter ses rêves prophétiques, dans l’un desquels les gerbes de ses frères s’inclinaient devant la sienne. Joseph avait raconté son rêve à ses frères, plein de confiance juvénile, et eux, au lieu d’y voir une prédiction sur ce qui se réaliserait finalement, résolurent, dans leur jalousie, de se débarasser de Joseph. Il le jettèrent dans un puits, se mirent à l’écart et observèrent. Une caravane, passant par là, prit Joseph, qui fut vendu en esclavage en Égypte.

Ensuite, le livre de la Genèse rapporte l’ascension progressive de Joseph en Égypte, qui devint le co-dirigeant de ce pays, Pharaon lui ayant confié l’économie égyptienne. Lorsqu’il fut prophétisé qu’après sept années de prospérité viendraient sept années de famine, Joseph fit d’immenses réserves de grain, grâce auxquelles le blé suffit non seulement à l’Égypte, mais à d’autres pays. C’est à ce moment que le père des douze frères de Joseph envoya ses fils acheter du pain en Égypte, hormis le plus jeune. Les frères rencontrèrent Joseph, qui leur remit du blé et les renvoya, leur ordonnant de revenir avec Benjamin, le seul des frères de Joseph à avoir la même mère.

Peu après, les frères vinrent à nouveau en Égypte et rencontrènt Joseph. Lorsqu’il vit son jeune frère, il ne put retenir ses larmes. Il s’enfuit dans la pièce voisine, y pleura, puis revint vers ses frères pour leur parler. Incapable de cacher ses sentiments, il leur dit : Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu en Égypte. Il s’efforça d’abord de les calmer, leur dit qu’ils avaient agi humainement, mais que s’était accomplie la volonté de Dieu par là : ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, c’est Dieu qui m’a envoyé pour que je vous sauve à présent.

Cette histoire, intéressante et touchante, préfigure ce qui arriva au Fils unique de Dieu. Lisant l’Ancien Testament à travers le prisme du Nouveau Testament et de l’histoire terrestre de notre Seigneur Jésus Christ, nous voyons dans la destinée du juste Joseph une préfiguration vétérotestamentaire des souffrances et de la mort de notre Seigneur et Sauveur. Le Fils de Dieu, Lui aussi, fut vendu à cause de la jalousie des hommes, remis entre les mains d’étrangers par ses propres concitoyens. Il souffrit et mourut sur la croix, mais l’injustice humaine fit apparaître l’immense miséricorde de Dieu pour tous les hommes, car à travers Ses souffrances, le Seigneur Jésus Christ a racheté du péché l’humanité, et, dans cet acte rédempteur du Sauveur, mis à mort par des mains humaines, par la jalousie humaine, s’accomplit la volonté de Dieu.

L’histoire de Joseph enseigne encore autre chose : elle tourne autour du thème du pain. Le pays d’Israël souffrait de la faim, et les frères vinrent chercher du blé en Égypte. Joseph leur remit du blé ce qui préfigure, là encore, notre Seigneur Jésus Christ nous nourrissant de Son Pain céleste, de Son Corps très-pur. Venus à l’église comme d’un pays de famine vers une terre d’abondance, nous recevons le Pain très-pur, non des mains de Joseph, mais de celles du Seigneur, dont il était la préfiguration. Ce pain, qui n’est pas une nourriture terrestre, est le gage de la vie éternel et du Royaume des cieux.

En ces jours du Grand Carême, venus participer à la Liturgie des Présanctifiés, écoutant ces histoires étonnantes et touchantes de l’Ancien Testament, préparons-nous à la Semaine Sainte, qui nous découvrira les derniers jours de la vie terrestre de notre Seigneur Jésus Christ, et à la fête de Pâques, dans laquelle nous serons les témoins et les participants de la fin de l’histoire de la vie terrestre du Sauveur et de toute l’histoire vétérotestamentaire, par laquelle commence l’histoire de l’Église et celle de nous tous, chrétiens. Amen. »