Le 21 novembre 2018, Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a reçu à la résidence patriarcale et synodale du monastère Saint-Daniel de Moscou les membres du Conseil des leaders des Églises chrétiennes d’Irak.

Ce Conseil était représenté par : Avak Asadourian, archevêque d’Irak (Église apostolique arménienne), secrétaire général du Conseil des leaders des Églises chrétiennes d’Irak ; le métropolite Ghattas Hazim, métropolite de Bagdad et du Koweit (Église orthodoxe d’Antioche) ; l’archevêque de Mossoul, de Kirkouk et de la région kurde autonome Nicodème Daoud Charaf (Église syriaque orthodoxe) ; l’évêque d’Erbil Mar Abris Youkhanna Tyari (Église assyrienne d’Orient) ; le protopresbytre Sami Younan Alfred Ibrahim (Église orthodoxe d’Antioche) ; l’higoumène Mina Alorshalemy, représentant de l’Église copte.

Prenaient aussi part à la rencontre : l’hiéromoine Stéphane (Igoumnov), secrétaire du DREE aux relations interchrétiennes du DREE ; l’hiéromoine Cyrille (Peregoudine), collaborateur du secrétariat du DREE aux relations interchrétiennes ; le chorévêque Samano Odisho, représentant de l’Église assyrienne d’Orient, recteur de l’église Mat Mariam de Moscou ; R. Akhmatkhanov, collaborateur du secrétariat du DREE aux relations interchrétiennes ; I. Lapchina, premier secrétaire du Secteur Irak et Jordanie du Département du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie.

Accueillant ses hôtes, le patriarche Cyrille a fait part de ses souvenirs de voyage en Irak, en 2002. « J’ai séjourné à Bagdad, à Mossoul, j’ai visité les églises, les monastères, j’ai pu constater la richesse de la vie spirituelle de votre peuple. Peu après, votre pays a subi une agression, des forces armées y sont entrées et la vie a changé. Des sanctions économiques ont suivi et l’Irak a été frappé par de nombreux malheurs » a dit Sa Sainteté.

Le primat de l’Église russe a constaté avec regret que l’Irak n’était pas le seul pays à avoir subi une agression étrangère. Il a remarqué que, dans le contexte géopolitique actuel, il n’est pas rare qu’un pays ayant une forte influence mondial ou régional envahisse un état plus faible, y répande le chaos, y provoque une crise migratoire et une catastrophe humanitaire.

« L’exemple de l’Irak est l’un des plus dramatiques, il montre à quoi mènent les agressions étrangères. Lorsque je suis venu en Irak, on m’a dit que plus d’un million et demi de chrétiens y vivaient. Il paraît qu’ils sont aujourd’hui dix fois moins » a rappelé le patriarche.

Selon lui, en plus des dommages causés par l’agression étrangère, le pays a beaucoup souffert des violences commises par les rebelles terroristes, qui ont enlevé des ecclésiastiques et des laïcs, détruit des églises chrétiennes. Le primat a rappelé que l’Église orthodoxe russe avait toujours élevé sa voix pour défendre les chrétiens d’Irak.

« Nous apprécions que les liens se développent entre notre Église et les chrétiens du Proche-Orient, malgré la situation difficile, a constaté Sa Sainteté. Tout récemment, à ma demande, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, s’est rendu à Damas, où il a pris part à une Conférence interreligieuse de haut niveau. Il est très important de développer les liens entre chrétiens, avant tout pour soutenir la population chrétienne du Proche-Orient. Nous accordons aussi, naturellement, une grande importance aux programmes d’aide humanitaire vers votre région. Cela concerne la Syrie, notamment, mais nous sommes aussi prêts à aider l’Irak. »

Sa Sainteté a parlé du voyage en Irak de l’hiéromoine Stéphane (Igoumnov), représentant de l’Église orthodoxse russe, et du chorévêque Samano Odischo, représentant de l’Église assyrienne d’Orient, en mars dernier. L’objet du voyage était d’intensifier la coopération entre l’Église orthodoxe russe et les Églises chrétiennes, ainsi que les autres communautés religieuses, en réponse à leur demande, eu égard aux efforts du Patriarcat de Moscou pour soutenir les populations du Proche-Orient, éprouvées par les évènements tragiques des dernières années.

Sa Sainteté a aussi mentionné sa rencontre avec la délégation du peuple yazidi, en octobre dernier, à la résidence patriarcale et synodale du monastère Saint-Daniel.

« Nous compatissons aux souffrances du peuple irakien, tant éprouvé aujourd’hui, souffrant des conséquences de l’agression étrangère et de la guerre civile » a dit le patriarche.

Le primat de l’Église orthodoxe russe s’est dit sérieusement inquiet de la destruction des sanctuaires chrétiens en Urak. « Nous sommes touchés par ce qui s’est passé dans la vallée de Ninive, en Irak, où se trouvent un certain nombre de villes chrétiennes, dont les églises ont été détruites ou profanées. On m’a informé que 90% des bâtiments chrétiens de Batanaya avaient été anéantis. C’est vraiment une catastrophe civilisationnelle. Alors que le monde ne cesse de parler des droits de l’homme, de la défense des minorités religieuses, des iniquités semblables se produisent sous nos yeux. Nous devons agir tous ensemble pour que les sanctuaires chrétiens du Proche-Orient soient restaurés, pour que les chrétiens reviennent en Irak, ainsi qu’en Syrie et partout où ils vivaient et d’où ils ont été chassés par la guerre ou par les conflits civils. »

L’archevêque d’Irak, secrétaire général du Conseil des leaders des Églises chrétiennes d’Irak, Avak Asadourian (Église apostolique arménienne), s’est adressé à son tour au primat de l’Église russe : « Je tiens tout d’abord à remercier Votre Sainteté de nous recevoir, de votre désir de parler de nos problèmes. Nous vous sommes très reconnaissants de votre position, de votre soutien à vos frères chrétiens. »

L’archevêque a exposé la situation actuelle de la population irakienne sur le plan humanitaire, qui reste difficile à cause des violences ininterrompues.

« Nous nous demandons comment préserver nos Églises dans notre patrie, comment faire cesser les violences, comment répandre l’égalité, la justice. Nous estimons qu’une des solutions à ces problèmes est de ne pas nous considérer comme des personnalités isolées, mais comme les membres d’une seule société. Notre société chrétienne irakienne représente un symbole de paix, elle appelle à la rénovation et aux réformes » a-t-il souligné.

L’archevêque de Mossoul, Kirkouk et de la région kurde autonome, Nicodème Daoud Sharaf (Église syriaque orthodoxe), a transmis à Sa Sainteté les salutations du patriarche Mar Ignace Ephrem II, disant : « Nous vous parlons comme à notre père. Il est très important pour nous de ressentir que l’Église orthodoxe russe pense à ses frères irakiens, qu’elle compatit à leurs souffrances. Malheureusement, ces dernières années, nous avons été abandonnés de tous. Nous remercions Votre Sainteté de sa sollicitude envers nos besoins. Nous vous remercions d’avoir envoyé au printemps votre représentant, l’hiéromoine Stéphane, avec lequel nous avons eu des négociations constructives, nous vous remercions de nous accueillir aujourd’hui à Moscou. Nous y voyons un gage de la poursuite de notre collaboration. »

L’évêque d’Erbil Abris Youhanna Tyari (Église assyrienne d’Orient) a exprimé l’espoir que le rôle bienfaisant de la Russie en Irak se renforcerait et donnerait d’aussi bons résultats qu’en Syrie.

Le représentant de l’Église copte en Irak, l’higoumène Mina Alorshalemy, a souligné qu’en Orient on se souvenait toujours que l’Église orthodoxe russe aidait depuis des siècles les chrétiens du Proche-Orient et défendait les opprimés.

Le métropolite de Bagdad et du Koweit Ghattas Hazim (Église orthodoxe d’Antioche) a transmis les salutations du primat de l’Église orthodoxe d’Antioche, Sa Béatitude le patriarche Jean X, précisant notamment : « Je tiens à transmettre la gratitude et l’affection du peuple syrien pour tout ce qu’ont fait l’Église orthodoxe russe et l’état russe. Nous sommes témoins des défis dangereux auxquels est confrontée l’Église orthodoxe russe et le monde orthodoxe dans son ensemble. Nous prions pour la Russie, pour l’Église orthodoxe russe, vers laquelle nous regardons avec espoir. »

Les participants à la rencontre se sont dit reconnaissants à l’Ambassade de Russie à Bagdad, et personnellement, à l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie en République d’Irak, M. Maximov, ainsi qu’aux employés de l’Ambassade.

A la fin de la rencontre, le patriarche Cyrille a souligné que l’Église orthodoxe russe était solidaire du peuple irakien, et que les contacts avec les chrétiens d’Irak devraient absolument se poursuivre, ce qui permettra de mettre en œuvre des projets concrets pour leur venir en aide.