Le 31 août 2018, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a parlé de la rencontre des primats des Églises orthodoxes de Constantinople et de Russie, au cours d’un entretien avec les journalistes, qui a eu lieu au DREE.

Le métropolite Hilarion a rapporté que Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie était arrivée au Phanar le matin et avait vénéré les reliques conservées à la cathédrale patriarcale Saint-Georges, notamment celles de saint Basile le Grand, de saint Jean Chrysostome et de saint Grégoire le Théologien. Le patriarche Bartholomée attendait le primat de l’Église orthodoxe russe dans les locaux du patriarcat de Constantinople. La partie officielle de la rencontre s’est déroulée en présence de tous les membres du Synode du Patriarcat de Constantinople. Sa Sainteté le patriarche Bartholomée a prononcé un discours d’accueil, auquel le patriarche Cyrille a répondu brièvement. Ensuite, les deux primats se sont retirés dans le bureau du patriarche Bartholomée pour un entretien confidentiel en tête-à-tête. Le métropolite Emmanuel de France, pour le patriarcat de Constantinople, et le métropolite Hilarion de Volokolamsk, pour le patriarcat de Moscou, assistaient à cet entretien.

« La conversation s’est poursuivie durant près de deux heures et demi en tout. Elle a été très franche, très cordiale. Ce fut vraiment un entretien à cœur ouvert » a souligné le président du DREE.

Mgr Hilarion a rappelé que le patriarche Bartholomée et le patriarche Cyrille se connaissaient depuis 1977, partageant ainsi une longue et très riche histoire de rapports personnels. Avant leur élection à la fonction patriarcale, ils ont beaucoup travaillé ensemble à obtenir un consensus sur différents thèmes à l’agenda panorthodoxe.

« Cette rencontre était surtout importante pour la consolidation des relations personnelles entre les deux patriarches et, bien entendu, pour la consolidation des relations bilatérales entre nos deux Églises, a témoigné l’archipasteur. Les interlocuteurs ont abordé de nombreux thèmes, notamment ceux qui sont à l’ordre du jour des relations bilatérales, ainsi que ceux se rapportant à l’unité panorthodoxe. L’entretien a débuté dans un climat de sincérité et s’est terminé très amicalement. Les patriarches ont échangé des cadeaux. » Le métropolite Hilarion a exprimé l’espoir que cette rencontre serait un nouvel évènement important dans l’histoire déjà multiséculaire des rapports bilatéraux entre les deux Églises.

Ensuite, le président du Département des relations ecclésiastiques extérieures a répondu aux questions des représentants des médias.

  • Monseigneur, les patriarches ont-ils discuté de la situation ecclésiale en Ukraine ? A quelle conclusion les primats des deux Églises sont-ils parvenus ?
  • Je ne pense pas que je doive, ni que j’ai le droit de dévoiler dès à présent le contenu de l’entretien des deux patriarches, car, s’ils l’avaient souhaité, leur conversation aurait été publique, ils auraient fait une déclaration devant la presse. Ce ne fut pas le cas, l’entretien a été privé, mais ce fut une conversation fraternelle.

Certes, certains médias sont en émoi, surtout en Ukraine, ils commencent à publier des informations sur l’entretien qui a eu lieu. Mais je pense que nous ne commenterons son contenu que si des personnalités officielles du patriarcat de Constantinople commentent eux-mêmes ce qui s’est dit entre les deux primats. Il ne peut y avoir que deux personnalités : le patriarche Bartholomée et le métropolite Emmanuel, qui assistait à la rencontre. Si quelqu’un d’autre fait des commentaires, il s’agit sûrement de simples conjectures. Certains voudront sûrement faire passer leurs désirs pour des réalités, mais j’estime que nous devons nous montrer responsables lors de rencontres semblables, et protéger au maximum nos relations interecclésiales de quelque spéculation mal fondée que ce soit.

  • A en juger par les informations diffusées par les médias grecs, le métropolite Emmanuel a, en fait, déjà commenté la rencontre des primats des Églises orthodoxes de Constantinople et de Russie. Il a dit que le patriarche Cyrille avait parlé de la situation autour de l’autocéphalie en Ukraine. Y a-t-il effectivement eu des commentaires de la part de Constantinople, l’affirmation citée correspond-elle à la réalité ?
  • J’aimerais attirer votre attention sur la déclaration du métropolite Emmanuel diffusée aujourd’hui par les médias grecs, qui constate que le Patriarcat de Constantinople n’essayera pas de régler le schisme existant en créant un autre schisme. Je pense que c’est une position très raisonnable.

Certes, l’Église de Constantinople et l’Église orthodoxe russe ont leur propre position sur certaines questions. Nous n’avons jamais caché notre position, elle est publiée. Le patriarcat de Constantinople a aussi rendu publique sa position. Nous ne pouvions donc sans doute rien nous dire de nouveau sur le fond. Mais il est très important que cette rencontre ait permis d’échanger des informations, de remettre nos pendules à l’heure, comme on dit. Il arrive souvent qu’une partie ait ses propres renseignements, tandis que l’autre dispose d’autres informations. Ce genre de rencontres permet d’exprimer différents points de vue sur un même thème, ou de parvenir – immédiatement ou par la suite – à un certain dénominateur commun.

On a souvent posé la question aujourd’hui de savoir si des décisions ont été prises pendant cette rencontre. Je tiens à préciser que deux patriarches ne peuvent pas se rencontrer et prendre des décisions pour leurs Églises, car chaque Église orthodoxe est dirigée par un Concile. C’est le Concile épiscopal qui est à la tête de l’Église, et, entre les Conciles, c’est le Saint-Synode qui la dirige. Chaque patriarche, représentant son Église, parle en son nom, mais les décisions ne se prennent pas dans les couloirs, elles se prennent dans les Synodes des Églises concernées.

L’entretien qui a eu lieu aujourd’hui peut déboucher ultérieurement sur des décisions que prendront les Synodes de l’Église orthodoxe de Constantinople et de l’Église orthodoxe russe, mais il est encore trop tôt pour parler de ces décisions. L’essentiel, c’est qu’il y ait eu un échange d’opinions très fructueux, et, je le souligne encore une fois, la conversation est restée très franche et fraternelle du début jusqu’à la fin. Nous sommes partis de Constantinople sur une très bonne impression et de très bonne humeur.