Le 28 août 2018, fête de la Dormition de la Mère de Dieu, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou. L’archipasteur concélébrait avec les clercs de la paroisse. La veille, Mgr Hilarion avait célébré les vigiles de la fête.

Les participants de l’Université d’été pour les représentants de l’Église catholique romaine, organisée par l’Institut des Hautes-Études Saints-Cyrille-et-Méthode, avec la participation du Département des relations ecclésiastiques extérieures du patriarcat de Moscou et du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, assistaient à la liturgie. Le groupe est présidé par l’évêque de Saint-Dié-des-Vosges (France), président du Conseil pour la promotion de l’unité des chrétiens de la Conférence des évêques catholiques de France, Mgr Didier Berthet.

La délégation était accompagnée du père Hyacinthe Destivelle, collaborateur du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, de Miguel Palacio, responsable de la Direction des relations publiques et du protocole de l’Institut des Hautes Études, et de Karina Gandour, secrétaire du recteur de l’Institut.

Après la litanie instante, le métropolite Hilarion a récité la prière pour la paix en Ukraine.

A la fin de la Divine liturgie, l’archipasteur a prononcé une homélie :

« Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit,

L’Église orthodoxe fête aujourd’hui la Dormition de la Mère de Dieu. Nous appelons cette fête la Dormition, en l’honneur de la Toute-Bénie, de la Vierge choisie par Dieu qui devint le tabernacle de l’Incirconscrit, qui donna la vie au Fils de Dieu et qui s’est éteinte aujourd’hui dans la béatitude, remettant Son esprit entre les mains de Son Fils.

L’icône de la Dormition de la Mère de Dieu représente cet évènement, empreint d’une douce et pieuse joie. La Mère de Dieu est noblement étendue sur Son lit de mort, Ses yeux sont fermés. Le Seigneur Jésus Christ se tient devant le tombeau et reçoit dans Ses mains très-pures la Sainte âme de Sa Mère. Cette âme est représentée sous la forme d’un nouveau-né emmailloté de langes.

Cette icône invite à réfléchir aux mystères de la naissance et de la mort. Seuls ceux qui sont incapables de discerner la présence de Dieu en ce monde et dans la vie des hommes peuvent croire que les processus de la naissance et de la mort sont purement biologiques : l’homme vient au monde grâce à des circonstances bien connues de la science, puis meurt, l’un de vieillesse, un autre des suites d’un accident, un troisième de maladie, et la vie s’arrête là.

Du point de vue religieux, du point de vue chrétien, il en va tout autrement. La naissance, la vie, la mort d’un homme sont un miracle. Chaque fois qu’un homme vient au monde, nous contemplons ce miracle, comprenant qu’il n’aurait pu avoir lieu sans l’aide de Dieu : c’est le Seigneur qui donne la vie à l’homme sur cette terre. Le Seigneur dispose d’un pouvoir absolu sur la vie de tout homme, de sa naissance à sa mort. Seul le Seigneur sait quand l’homme doit venir au monde, et quand il le quittera.

Parfois, classant nos archives familiales, nous regardons les photos de nos parents, de nos grands-parents, de nos aïeux. Ces photos permettent de comprendre que chacun d’eux a vécu à une époque donnée parce que telle était la volonté de Dieu. Le Seigneur a amené chacun d’eux à la vie, à un moment donné de l’histoire. Il a donné à chacun une tâche à accomplir. Et chacun d’eux s’est efforcé de remplir sa tâche à la mesure de ses forces.

Nous vivons aujourd’hui dans ce monde, car le Seigneur nous y a placés, et Il veut que nous vivions précisément à cette période du temps sur la terre. Mais le mystère de notre naissance, de notre vie et de notre mort est entièrement entre les mains de Dieu. Nous connaissons le jour de notre naissance, mais nous ne savons pas quel est le jour que le Seigneur a déterminé pour celui de notre mort. Nous prions pour que le Seigneur nous donne une fin sans douleur, digne et paisible, telle que celle qu’Il a donnée à Sa Sainte Mère.

Les hommes meurent différemment, les circonstances de la mort varient, mais la vie d’un homme a un lien mystérieux avec sa mort. Cela ne veut pas dire que quiconque mène une vie vertueuse profitera d’une longue vie et mourra de sa belle mort. Cela ne veut pas dire non plus que quelqu’un qui a fait beaucoup de mal durant sa vie sera forcément châtié et que sa mort sera funeste, comme dit le psalmiste.

Le Seigneur distribue différemment la durée de la vie et la façon de mourir, de passer dans l’autre monde. Une chose est sûre : quiconque a vécu avec Dieu en ce monde, vivra avec Dieu dans l’autre. Qui a mis sa confiance dans le Seigneur Jésus Christ en cette vie, rencontrera le Fils de Dieu dans la vie à venir. Qui s’est efforcé d’observer les commandements du Christ à la mesure de ses forces, recevra de Lui sa récompense. Quelle sera cette récompense, nous n’en savons rien ; nous ne savons qu’une chose, selon le mot de l’apôtre Paul, ce sera : « des choses qui ne sont point montées au cœur de l’homme et que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment » (I Cor 2, 9).

En contemplant le tombeau de la Mère de Dieu qui est devant nous, nous contemplons le mystère de l’autre monde, qui se découvre par Sa fin bienheureuse, par Sa divine Dormition. Nous la glorifions comme Plus vénérable que les chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins, et remettons notre vie entre les mains de Dieu.

Contemplant l’image de la Dormition de la Mère de Dieu, demandons que notre fin soit aussi sans douleur, digne et paisible. Que notre vie sur la terre soit telle que fut celle de la Très-Sainte Mère de Dieu – certes à la mesure de nos forces, de nos possibilités et de nos capacités. Lorsque nous passerons le seuil qui nous sépare de la vie éternelle, et chacun de nous, tôt ou tôt, devra franchir ce seuil, que le Christ nous accueille aux portes de la mort.

Prions pour cela, prions le Seigneur, Sa Sainte Mère, la Très-Sainte Mère de Dieu. Bonne fête à tous. »

Ensuite, le métropolite Hilarion a souhaité la bienvenue aux membres de l’Église catholique romaine.

« Ces dernières années, l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique romaine échangent régulièrement des délégations ; nous appelons cela des universités d’été, a constaté le président du DREE. Durant l’été, généralement à la fin de l’été, une délégation du Vatican vient chez nous, visite nos églises, rencontre le patriarche, vénère les sanctuaires et les reliques de notre Église. L’année suivante, un groupe de clercs de l’Église orthodoxe russe se rend en Italie pour vénérer les sanctuaires chrétiens de la Rome antique. »

Ayant chaleureusement salué le groupe de pèlerins, le métropolite Hilarion leur a souhaité un bon séjour en terre russe : « Que le Seigneur vous conforte dans les obédiences que vous remplissez dans votre Église, que le Sainte Mère de Dieu vous aide et vous garde de tout mal, vous protégeant de son saint omophore. Que le Seigneur vous garde. »

Après la Divine liturgie, le métropolite Hilarion s’est entretenu avec les membres du groupe à la maison paroissiale.