Le 19 août 2018, fête de la Transfiguration du Seigneur, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou. Les clercs de l’église concélébraient.

Le même jour, Mgr Hilarion fêtait le 31e anniversaire de son ordination sacerdotale.

Après la litanie instante, le métropolite a lu la prière pour la paix en Ukraine. A la fin de l’office, Mgr Hilarion a procédé à la traditionnelle bénédiction des fruits, après avoir prononcé l’homélie suivante :

« Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit !

Chers pères, chers frères et sœurs, je vous souhaite à tous une bonne fête de la Transfiguration du Seigneur, fête patronale de notre sainte église.

En ce jour, nous faisons mémoire d’un évènement décrit dans trois Évangiles, celui de Matthieu, celui de Marc et celui de Luc. Il est également mentionné dans la lettre de saint Pierre, que nous avons lue aujourd’hui pendant la Divine liturgie. Le jour de cette fête, selon une coutume que l’Église orthodoxe russe a hérité de Byzance, on bénit les fruits. A Byzance, on bénissait le raisin, dans nos contrées septentrionales, ce sont des pommes.

J’attire votre attention sur la façon dont viennent les fruits, que ce soit le raisin ou les pommes ou n’importe quel autre fruit que nous mangeons mûr, rendant grâce à Dieu. Pendant l’hiver, la nature s’endort. Le pommier et la vigne se ressemblent : ce sont des branches sèches, couvertes de neige. Lorsque vient le printemps, la vie renaît dans ces branches sèches. S’il s’agit des pommiers, ils donnent d’abord des bourgeons, puis viennent les fleurs, nous nous admirons la beauté et le parfum pendant une ou deux semaines. Ensuite, les fleurs tombent, et il se forme de petites pommes qui poussent, de gorgent de jus, rougissent. Vient ensuite le temps de les cueillir et de les manger.

Qu’est-ce qui fait pousser les fruits ? Avant tout, l’énergie solaire, sans laquelle il n’y aurait pas de vie sur la terre. Il y tant de planètes privées de vie, dans l’univers (bien qu’il puisse y avoir une vie moléculaire sur certaines). Sur notre planète, le Seigneur a voulu qu’il y ait la terre, les rivières, les arbres, les plantes, les animaux, les hommes. Nous nous nourrissons tous du soleil. Si le soleil s’éteignait un jour, la vie sur terre cesserait. On voir les fleurs se tourner vers le soleil, fermer leurs corolles lorsque le soleil se couche, ouvrir leurs boutons à la rencontre du soleil. Le tournesol, par exemple, suit la marche du soleil durant la journée, se tournant vers lui pour ne pas laisser passer ne serait-ce qu’un petit peu d’énergie solaire. Lorsque le soleil se couche, il baisse la terre et attend le matin. Ainsi en va-t-il sur la terre, dans ce monde matériel.

Nous, hommes, bien que ne dépendant pas directement du soleil, nous réjouissons de son apparition, nous attristons lorsqu’il se couche. Si le ciel est couvert de nuages et que le soleil n’apparaît pas pendant des jours, l’humeur peut en souffrir, voire la santé, cela peut influer sur la durée de la vie.

Le Seigneur Jésus Christ, dans Ses paraboles et dans ses sermons enseigne à rapporter les réalités terrestres aux réalités célestes. Les Pères de l’Église et les textes liturgiques comparent souvent le Christ au soleil. Certains Pères disent que le soleil est au monde sensible ce que Dieu est au monde spirituel. Sans Dieu, il n’y aurait pas de vie, ni végétale, ni moléculaire, ni cette vie que nous vivons, vous et moi. La vie, chaque cellule, dépend de Dieu, elle est pénétrée de Sa présence vivifiante et porteuse de vie. Comme le soleil illumine ce monde et lui donne la vie, Dieu illumine notre monde intérieur et nous permet de vivre pleinement sur cette terre.

La vie, qui commence ici, sur la terre, se poursuit dans l’éternité, dans le Royaume des Cieux. C’est à cette vie éternelle que le Seigneur Jésus Christ préparait Ses disciples durant Son ministère terrestre, par les miracles qu’Il accomplissait, par Ses sentences dans lesquelles Il dévoilait le sens du Royaume céleste. En même temps, le Christ n’a jamais donné de définition du Royaume. Il comparait le Royaume céleste au blé, à un filet plein de poissons, au levain de la pâte, à beaucoup d’autres objets simples du quotidien. Il enseignait à voir la présence du Royaume des Cieux derrière ces objets. De la même façon, Il nous y invite aujourd’hui à travers ce qui nous entoure, à travers les réalités du quotidien.

Il importe de s’en souvenir : de même que toute vie matérielle cesserait sur terre si le soleil s’éteignait, de même, la vie spirituelle et intellectuelle de n’importe qui cesse si Dieu lui retire de quelque façon Sa confiance, Son amour et Sa lumière divine. Mais cela ne peut se produire car, pour Dieu, nous sommes tous Ses créatures. Il nous aime tous, indépendamment de ce que nous pensons de Lui. Qu’on croit en Lui ou qu’on ne croit pas, qu’on L’aime ou qu’on Le haïsse, qu’on reconnaisse Son existence ou qu’on la nie, le Seigneur aime chacun de nous. De même que, selon la parole du Seigneur Jésus Christ, la pluie tombe à la fois sur les justes et sur les injustes, que le soleil brille sur les innocents et sur les coupables.

Quel est ce soleil intérieur qui illumine notre chemin spirituel ? Ce Soleil, c’est le Seigneur Jésus Christ Lui-même, qui dit : « Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père, qui est dans les cieux » (Mt 5, 16). Mais quelle lumière pouvons-nous irradier, si nous n’avons pas la propriété de luire nous-mêmes ? Il n’y a qu’une réponse possible : nous pouvons luire par réflexion, comme la lune luit dans les ténèbres de la nuit lorsque les nuages la dévoilent. Sa surface n’est pas brûlante et elle ne peut que refléter la lumière solaire. De la même façon, nous ne pouvons briller en ce monde qu’en nous imprégnant de la lumière du soleil spirituel : le Seigneur Jésus Christ, de Son image, de Ses enseignements, de Ses commandements. En vivant selon Ses commandements et en faisant le bien, en participant aux offices liturgiques et aux Sacrements de l’Église, nous pourrons transmettre à nos proches la lumière divine que nous recevons par la communion aux Saints Mystères du Christ.

Le Seigneur, selon l’apôtre, nous a appelés à Sa splendide lumière pour que nous proclamions Sa perfection devant tous. Prêchant Dieu moins par des enseignements ou des exhortations que par de bonnes œuvres et un mode de vie qui témoigne de l’existence d’une lumière spirituelle en dehors de la lumière physique, que le monde matériel a le Créateur pour origine et qu’Il le dirige, que Dieu règne dans le monde spirituel aussi bien que dans le monde matériel, et que les anges obéissent sans objection à Sa volonté.

Ici, sur terre, les hommes sont loin de toujours accomplir la volonté du Seigneur. Ils agissent souvent suivant leur propre mouvement, ou bien se laissent tenter par le diable. Dieu donne la liberté à tout homme, lui découvrant en même temps la voie de la lumière véritable. Il lui suffit de ne pas se boucher les oreilles et de ne pas fermer les yeux. Car, lisant l’Évangile, on constate qu’il y a eu beaucoup de témoins des miracles de Jésus Christ, que beaucoup ont entendu Ses enseignements. Certains ont ouvert leur cœur à Sa parole divine, et ont changé leur mode de vie, se laissant attirer par le Royaume des Cieux qu’Il leur découvrait, tandis que d’autres, selon la parole du Sauveur, voyaient sans voir, entendaient sans entendre, sans comprendre ce que Dieu leur découvrait.

En cette fête de la Transfiguration du Seigneur, demandons à Dieu de nous aider à ne pas seulement entendre Ses paroles, mais à vivre selon elles. Pour que la lumière divine dont Il nous illumine, se transmette par nous à d’autres hommes. Pour que toujours plus d’hommes viennent à l’église, s’approchant du Royaume des Cieux qui est le Seigneur Jésus Christ Lui-même. Amen. »