Le 5 août 2018, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église moscovite Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka.

L’archipasteur concélébrait avec les clercs de l’église et avec l’higoumène Daniel (Irbits), supérieur du monastère Saint-Georges de Götschendorf (Allemagne).

Après la litanie instante, le président du DREE a lu les prières pour la paix en Ukraine.

A la fin de l’office, le métropolite Hilarion a prononcé une homélie :

« Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit !

Nous venons d’entendre un récit de l’Évangile selon saint Matthieu, dans lequel le Seigneur Jésus Christ guérit un adolescent possédé. Le père du garçon avait déjà imploré les disciples du Sauveur de guérir son fils, mais ils n’y étaient pas parvenu. Lorsque le Christ eut guéri l’adolescent, ses disciples lui demandèrent pourquoi ils n’avaient pas pu chasser le démon. Jésus leur avait pourtant donné un pouvoir de guérison. Le Seigneur leur répondit : « A cause de votre incrédulité » (Mt 17, 20).

J’aimerais attirer votre attention sur cette réponse de Jésus Christ.

Les apôtres ne croyaient-ils donc pas en Dieu ? Est-ce qu’ils n’aimaient pas leur Maître ? Oui, ils avaient la foi, mais, visiblement, elle n’était pas assez grande pour accomplir des miracles. Le père de l’adolescent avait aussi la foi, mais, comme écrit saint Marc, qui rapporte le même épisode dans son Évangile, lorsque le Seigneur lui demanda : « Crois-tu que je peux faire ce miracle ? », l’homme répondit : « Je crois, Seigneur ! Viens au secours de mon incrédulité » (Mc 9, 24). Autrement dit, il avait bien la foi, mais cette foi était trop faible comparativement à celle dont le Seigneur disait à ses disciples : « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : transporte-toi d’ici là, et elle se transporterait ; rien ne vous serait impossible » (Mt 17, 20).

La foi solide que le Seigneur donne à Ses disciples est un don de Dieu. On ne peut l’acquérir par auto-conviction, ni à force d’entraînement, ni par la lecture des Saintes Écritures, ni par aucun autre moyen. La foi est donnée en réponse à la prière, à l’espérance que l’homme a en la miséricorde de Dieu.

Beaucoup de saints des siècles précédents ont témoigné que le Seigneur peut donner une foi capable de transporter des montagnes.

On sait quels miracles faisait saint Jean de Cronstadt. Il célébrait la Divine liturgie avec un zèle ardent, communiait quotidiennement aux Saints Mystères du Christ et appelait ses paroissiens à faire de même. Les miracles qu’il accomplissait dépendaient, certes, de la foi de ceux qui s’adressaient à lui. Mais c’est surtout grâce à la foi ardente de ce juste qu’ils avaient lieu.

Aujourd’hui, nous faisons mémoire de saint Théodore Ouchakov, qui fut amiral, participa à bien des batailles, mettant tous ses espoirs non en son art, ni en l’expérience de ses soldats, mais en la volonté de Dieu. Le Seigneur l’a trouvé digne non seulement d’obtenir d’éclatantes victoires dans les combats navals, sans perdre ses matelots, mais aussi de parvenir à la fin de son existence à une vie angélique, si bien que l’Église l’a déclaré saint.

Nous sommes tous loin de ces saints. Avant tout à cause de la faiblesse de notre foi, car, au moment critique nous nous adressons bien à Dieu, espérant un miracle, mais le doute vit dans nos cœurs, nous ne sommes pas sûrs que ce miracle puisse avoir lieu. Arrivera-t-il ? Dieu a-t-il la force d’opérer ce miracle ? Le ver de l’incrédulité nous ronge aussi parce que certains de nos proches sont incroyants et, par leur incroyance, volontairement ou non, contaminent les autres.

Je suis entré il y a quelques temps à la Maison du Livre, sur le Nouvel Arbat. On trouvait à tous les coins de ce magasin un livre intitulé « Sapiens : Brève histoire de l’humanité », c’est le best-seller du moment. Le mot « sapiens » veut dire « sage », « raisonnable » en latin, il s’agit donc de l’homme raisonnable. Le livre raconte l’histoire de l’humanité, comment les hommes descendraient du singe et comment les singes, parce qu’ils aimaient faire des potins, seraient devenus hommes… On voit aujourd’hui des singes qui savent faire des signaux, tenir des objets, comme nous le faisons, nous, hommes. Peut-être même cancanent-ils dans leur langue. Mais on n’a vu aucun d’eux se transformer en homme. Et même si quelqu’un se donnait pour objectif de transformer en homme un singe savant, il n’y arriverait pas, car le singe est une créature de Dieu, tandis que l’homme en est une autre, toute différente. L’homme ne peut pas descendre du singe, même si certains scientifiques tentent de le prouver.

On affirme depuis plus de cent cinquante ans que l’homme descend du singe. On n’écrit des livres pareils que pour justifier le mode de vie humain, fondé sur le péché, et pour souligner une fois de plus qu’il n’existe aucune norme morale absolue et que toutes les traditions religieuses et les normes morales ne sont que le fruit de la fantaisie humaine. C’est ce qu’explique clairement et en détail, le répétant avec insistance, ce fameux best-seller. On tente de nous faire croire non seulement que Dieu n’existe pas et que vous et moi sommes des singes très développés, mais encore qu’il n’existe pas de norme morale qu’il vaille la peine de suivre, que toutes les normes morales ne sont que le fruit d’un accord social.

Il y a des gens, bien entendu, qui achète ce genre de littérature. Ces livres sont publiés à grand tirage, ils sont lus et commentés. J’ai rencontré des gens qui en disaient le plus grand bien. Mais on comprend bien que c’est le diable qui lutte contre la foi par différents moyens. Il y a deux mille ans, les démons s’introduisaient à l’intérieur des gens, adultes ou enfants, les torturant de l’intérieur. Le malade cherchait la guérison, et, si telle était la volonté de Dieu, il guérissait, comme le rapporte l’Évangile. Aujourd’hui, comme je le dit souvent, les démons agissent autrement. Leurs entreprises ne sont plus si grossières, si vulgaires qu’il y a deux mille ans. Ils agissent avec finesse et avec ruse, par les scientifiques, par les docteurs de l’université d’Oxford et d’autres universités. L’auteur du livre dont je vous parle est, comme moi, diplômé de l’université d’Oxford. Seulement, nous n’avons visiblement pas appris la même chose, à Oxford.

A notre époque, le diable agit par ce genre de littérature, par la propagande de la « liberté » et de la permissivité, afin de diminuer la foi, voire, si possible, de l’éradiquer tout à fait. Nous devons comprendre que ce danger nous guette, qu’il guette plus encore nos proches, car nous qui sommes rassemblés ici nous connaissons la puissance de la foi, nous savons à quoi elle sert, comment elle aide dans la vie. Ceux qui nous entourent, nos proches, hésitent et doutent. S’ils tombent en plus un livre comme celui-là, et ce n’est pas le seul, les étagères de nos librairies en sont pleines aujourd’hui, ils peuvent perdre complètement les prémices de la foi qu’ils avaient peut-être en eux.

Comprenons bien que le diable continue comme auparavant à lutter contre Dieu, même si cela ne se voit pas au premier abord. Le Seigneur nous a fait entrer dans Sa sainte Église avant tout pour que nous fassions grandir la foi en nous. Nous avons aussi à aider les autres à venir à la foi, pour que cette foi qui est un don de Dieu et nous est donnée en réponse à nos prières, à notre zèle et à notre désir d’être avec le Christ, illumine le chemin de notre vie, nous aide à surmonter les difficultés. Pour qu’elle accomplisse en nos vies des miracles et qu’elle porte de bons fruits dans celles de nos proches.

Chaque fois que nous nous rassemblons à l’église de Dieu pour la Divine liturgie, demandons à Dieu d’augmenter en nous la foi, d’arracher de nos cœurs nos doutes sur Sa toute-puissance et sur Sa capacité à accomplir des miracles, non seulement dans le passé, mais dans le présent, non seulement sur les autres, mais sur nous.

Demandons au Seigneur d’être présent dans nos vies et d’agir à travers nous sur ceux qui nous entourent, sur nos proches. Amen.

Bonne fête à tous ! »