Le président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a commenté dans une interview pour « Interfax-religion » les tensions internationales actuelles.

  • Cette semaine a été marquée par un vif affrontement entre la Russie et les États-Unis, risquant de dégénérer en confrontation militaire. En tant qu’archipasteur, que conseilleriez-vous à ceux qui craignent le déclenchement d’une guerre ?
  • Je conseille à tous de prier pour que le Seigneur donne la sagesse aux gouvernants, afin qu’ils prennent conscience qu’ils sont responsables du sort de leurs peuples et de l’humanité entière. De prier pour que les dirigeants des grandes puissances s’asseyent immédiatement à la table des négociations. Aujourd’hui, la menace ne plane pas seulement au-dessus de la Syrie, mais au-dessus du monde entier. Tout homme, sur la planète, doit faire ce qui dépend de lui pour éviter la tragédie d’une troisième guerre mondiale.

Le monde est depuis longtemps un tonneau de poudre. Tout le monde sait que les évènements de la crise des Caraïbes, en 1962, ont manqué de peu d’aboutir à une guerre nucléaire. On connaît beaucoup moins un incident qui a eu lieu en 1983 : le système d’alarme prévenant d’une attaque de missiles nucléaires s’est déclenché par erreur dans une base militaire russe. Si le lieutenant-colonel Stanislav Petrov, qui commandait la base à l’époque, avait fait confiance aux données transmises par le système et informé sa hiérarchie d’un lancer de missiles depuis le territoire des États-Unis, on aurait riposté. Petrov, cependant, n’a pas suivi les instructions, mais a agi selon ce que son cœur lui suggérait. Et des millions de vies ont été sauvés. Mais la situation aurait pu évoluer autrement, si un autre avait été à sa place.

Ces deux incidents montrent combien le monde dans lequel nous vivons est fragile. Il est devenu encore plus fragile depuis les deux incidents que je viens de mentionner, parce que le potentiel nucléaire n’a cessé d’augmenter. Le potentiel destructeur de l’arme nucléaire, dont disposent aujourd’hui les principales puissances mondiales, est incomparablement plus grand que celui des bombes que le président américain Garry Truman ordonna de lâcher sur Hiroshima et Nagasaki. Aujourd’hui, un simple hasard pourrait entraîner non seulement la mort de millions de gens, mais la disparition totale de la vie sur la terre.

Les forces militaires des grandes puissances mondiales se concentrent vers les rives de la Syrie. Des menaces se font entendre de différents côtés. Le président Trump menace de lancer des missiles « intelligents », l’ambassadeur de Russie au Liban promet une riposte. La guerre informationnelle est à son comble, mais la guerre informationnelle est souvent le prélude d’une guerre réelle.

Au XX siècle, le monde a survécu à deux guerres mondiales. Mais, soit elles ne nous ont rien appris, soit nous en avons déjà oublié les terribles leçons. Combien les pays protagonistes ne se sont-ils pas jetés d’ordures à la tête sur le plan informationnel avant le déclenchement de la Première guerre mondiale ! Avec quelle ardeur ne se sont-ils pas engagés dans cette guerre, chacun espérant résoudre ses problèmes grâce à elle… Aucun problème n’a été résolu, il n’y a pas eu de vainqueur. Au contraire, la guerre a amené au pouvoir les forces qui, vingt ans plus tard, ont déchaîné une nouvelle guerre, encore plus sanglante et plus cruelle.

Nous ne devons pas permettre que se déclenche une troisième guerre mondiale. C’est pourquoi toutes les initiatives en faveur de la paix sont importantes, qu’elles émanent d’hommes politiques, de leaders religieux ou de simples fidèles. Si nous ne pouvons aider par l’action, aidons par la prière.

  • Dans quelles dispositions le chrétien doit-il vivre les périodes dramatiques de l’histoire ?
  • Il faut espérer en Dieu, avoir confiance en Sa miséricorde. L’Église prie à chaque office « pour la paix du monde entier » et croit que sa prière sera entendue. Dans les moments de crise, elle appelle tous ses enfants à se joindre à cette prière.