Le 18 mars 2018, 4e dimanche du Grand Carême, dimanche de saint Jean Climaque, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.

Après la litanie instante, le métropolite a lu la prière pour la paix en Ukraine.

A la fin de l’office, Mgr Hilarion a prononcé une homélie :

« Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,

Nous avons entendu aujourd’hui le récit de l’Évangile selon saint Marc, où le Seigneur Jésus Christ guérit un adolescent possédé. Lorsque le père amena l’enfant à Jésus, il lui raconta qu’il s’était d’abord adressé aux disciples, qui n’avaient pas pu guérir le garçon. C’est pourquoi, dit le père au Sauveur, si Tu peux quelque chose, fais-le. Le Christ répond alors : « Si tu peux ! Tout est possible à celui qui croit ». Alors le père de l’enfant a ces mots, que chacun de nous aurait pu prononcer : « Je crois ! Viens au secours de mon incrédulité ! » (Mc 9, 23-24).

Ces mots témoignent de ce que cet homme qui vint à Jésus était, comme tant d’autres, à mi-chemin entre l’incrédulité et la foi. Il y a plusieurs étapes sur ce chemin : parfois une foi très faible, parfois ce que le Seigneur Jésus Christ appelait le peu de foi, c’est-à-dire le manque de foi. Peu à peu, si l’on continue à avancer dans cette voie sur laquelle le Seigneur nous guide, la foi s’affermit, et c’est finalement elle qui devient la dominante intérieure qui règle la vie.

Le chemin de l’incrédulité vers la foi est un chemin de toute la vie, et tous les hommes l’empruntent, même ceux qui ont été élevés dans la foi et, semble-t-il, ne s’en sont jamais éloignés. L’incrédulité revêt des formes différentes et même un homme profondément croyant peut éprouver des doutes et demander au Seigneur : « Peux-tu faire cela ? » Dieu peut tout faire, Il est capable d’accomplir n’importe quel miracle, mais Il ne répond pas toujours à nos demandes. Le Seigneur attend que nous ayons d’abord avancé au moins un peu vers Lui à Sa rencontre. C’est pourquoi Il dit au père de l’adolescent possédé : « Si tu peux croire au moins un peu, toute est possible à celui qui croit. » Comme si le miracle ne s’accomplissait pas par la puissance de Dieu, mais par la force de la foi.

En fait, le miracle, comme le montrent beaucoup de récits évangéliques, est toujours le fruit d’un acte commun entre Dieu et l’homme. Dieu accomplit le miracle lorsqu’Il répond au besoin et à la foi d’une personne, mais le miracle est impossible sans la foi. De façon caractéristique, le même Évangile de Marc raconte que le Seigneur Jésus Christ vint à Sa ville natale, y fut mal reçu, y fut offensé et, comme écrit l’évangéliste, « Il s’étonnait de leur incrédulité » (Mc 6, 6) et ne put faire aucun miracle à cause de leur manque de foi. Il ne put accomplir aucun miracle parce que le niveau d’incrédulité de ces gens était si élevé, que le miracle était pour eux quelque chose d’impossible. Ils ne répondaient pas, ils ne faisaient aucun mouvement à la rencontre du miracle.

Le Seigneur agit dans le monde, dans la société, au milieu de nous, mais Il veut que nous répondions à Ses actes de notre foi, de notre cœur. Dieu ne veut pas s’immiscer dans notre vie en dépit de notre volonté. Voilà pourquoi Il nous enseigne patiemment ce qu’est la foi. Sans doute n’est-ce pas pour rien que la lettre de l’apôtre Paul aux Hébreux mentionne aujourd’hui le juste Abraham, de l’Ancien Testament, auquel le Seigneur jura qu’Il lui donnerait une descendance innombrable. Abraham crut à ces paroles. Dans l’épître aux Hébreux, l’apôtre Paul donne Abraham comme un exemple de foi inébranlable, que nous devons imiter.

C’est la foi qui incita Abraham, déjà âgé, à se lever avec tous ses biens, toute sa famille et tous ses troupeaux, pour s’engager dans un long voyage, sans savoir où il allait parce qu’il avait entendu la parole du Seigneur : « Va dans la terre que Je te montrerai » (Hb 11, 8). C’est la foi qui l’incita à sacrifier sans hésiter son fils Isaac lorsque le Seigneur l’exigea. Cette foi le guida durant toute sa vie, c’est pourquoi l’apôtre Paul appelle Abraham « Père de tous les croyants » (Rm 4, 11).

L’Ancien et le Nouveau Testaments abonde en exemples de foi permettant à Dieu d’accomplir des miracles. Parfois, cette foi se manifeste de façon tout à fait inattendue, si bien que le Christ s’exclame : « Même en Israël, je n’ai pas trouvé une telle foi » (Mt 8, 10). Le Seigneur nous appelle à aller sur le chemin de la foi durant toute notre vie. C’est la foi qui doit être le diapason intérieur sur lequel s’accordent tous les sons de notre vie humaine. C’est la foi qui doit nous guider dans nos actes, dans nos affaires, dans nos pensées.

Le Seigneur nous appelle à croire en Lui, et promet que nous recevrons selon notre foi, comme Abraham, tout ce qu’Il nous a promis, et bien plus encore. Efforçons-nous, durant toute notre vie, d’affermir cette foi par la lecture des Saintes Écritures, par la prière, par la confession, par la Sainte Communion et par le désir de vivre selon les commandements de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.

Gardons à l’esprit l’avertissement des saints apôtres : la foi, sans les œuvres, est morte. La foi n’est pas simplement la conviction que Dieu existe et qu’Il nous aide. La foi, c’est aussi d’être prêt à répondre à l’appel de Dieu et à vivre comme le Seigneur l’a commandé. Cultivons une foi active, demandons que le Seigneur augmente en nous la foi. Adressons-Lui la prière du père de l’adolescent possédé : « Je crois, Seigneur ! Viens au secours de mon incrédulité » !