Une table ronde internationale autour du thème « L’avenir du christianisme au Proche-Orient : réalité et pronostics » a eu lieu le 1er mars 2018 à Moscou.

Cette manifestation était organisée par la Société impériale orthodoxe de Palestine (SIOP) et l’Institut des Hautes Études Saints-Cyrille-et-Méthode. Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou et recteur de l’Institut des Hautes Études, y prenait part.

Participaient également à la rencontre : S. Stépachine, président de la SIOP ; M. Bogdanov, vice-ministre des Affaires étrangères représentant spécial du président de la Fédération de Russie chargé du Proche-Orient et des pays d’Afrique ; M. Marguelov, vice-président du Conseil russe des affaires étrangères ; A. Pouchkov, membre du Conseil de la Fédération de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie, animateur de l’émission « Post-Scriptum » ; M. Piotrovski, directeur général du Musée de l’Ermitage, historien, orientaliste, islamologue, membre d’honneur de la SIOP ; le métropolite Niphon de Philippopolis, représentant du patriarche d’Antioche et de tout l’Orient auprès du patriarche de Moscou et de toute la Russie ; l’évêque Dimitri (Église orthodoxe d’Antioche) ; l’archevêque Celestino Migliore, nonce apostolique en Russie ; le mufti A. Krganov, président de l’Assemblée spirituelle des musulmans de Russie, membre de la Chambre publique de la Fédération de Russie ; V. Kviatkovski, vice-président du Département synodal des affaires de la jeunesse de l’Église orthodoxe russe ; l’archiprêtre Dimitri Rochtchine, responsable de la Direction du travail avec les organisations publiques du Département synodal aux relations de l’Église avec la société et les médias, membre du Conseil de la SIOP ; des représentants du monde de la culture et des spécialistes du Proche-Orient.

E. Agapova, directrice du Centre public de la SIOP pour la défense des chrétiens du Proche Orient et d’Afrique du Nord, et M. Palacio, chargé des relations publiques et du protocole de l’Institut des Hautes Études Saints-Cyrille-et-Méthode, étaient modérateurs de la discussion, à laquelle ont pris part des invités étrangers, représentants de communautés ethniques et religieuses des pays du Proche-Orient, ainsi que les ambassadeurs de Syrie, du Liban, de Palestine et de Jordanie.

Selon le président de la Société impériale orthodoxe de Palestine, les premiers lots d’aide humanitaire ont été livrés en Syrie en 2013.

« Aujourd’hui, la SIOP, le ministère des Affaires étrangères et l’Église orthodoxe russe, font leur possible, conjointement avec nos frères syriens, pour sauver non seulement les chrétiens du Proche-Orient, notamment en Syrie, mais aussi la civilisation, a constaté S. Stépachine. Ce qui s’est passé là et qui, malheureusement, continue à se passer, menace le monde entier et la civilisation. La Syrie a montré aujourd’hui, à mon avis, que les chrétiens et les représentants d’autres courants religieux, notamment les musulmans, travaillent ensemble. Il n’y a pas de conflit interreligieux. La guerre, le malheur, le terrorisme qui ont frappé la région unissent les gens pour lesquels la défense de la paix et de la civilisation ne sont pas des simples mots, de la rhétorique, mais un problème réellement sérieux. »

Le métropolite Hilarion a ensuite pris la parole, soulignant qu’il était important de parler de l’aide dont ont besoin les chrétiens de Syrie. « Il y a un an, pendant une réunion de la Commission pour la coopération internationale du Conseil présidentiel d’interaction avec les associations religieuses de Russie, dont je suis le président, j’ai proposé de créer un groupe de travail spécial, se composant de représentants des communautés religieuses et des structures de l’état, a rapporté le métropolite Hilarion. Ce groupe travaille à unir les efforts d’organisation d’une aide humanitaire en faveur de la population civile du Proche-Orient, notamment de Syrie et du Liban. Durant l’année écoulée, il y a eu 5 réunions de ce groupe, qui a organisé plusieurs convois d’aide humanitaire. La plus grande action caritative s’est déroulée en février. » Selon Mgr Hilarion, les communautés chrétiennes et musulmanes ont joint leurs efforts pour réaliser ce projet humanitaire.

Ensuite, le métropolite Hilarion a remercié le président de la SIOP, la Société impériale orthodoxe de Palestine étant largement impliquée dans ce projet interreligieux. « La SIOP, en tant qu’une des plus anciennes associations publiques de Russie, possède une immense expérience dans le domaine humanitaire. Elle a su apprécier la valeur de ce projet et été l’une des premières organisations publiques russes à le rejoindre » a dit le président du DREE. Selon lui, cela a permis à la SIOP de s’élever à un nouveau niveau, tant par l’ampleur de l’aide convoyée, que par les ressources organisationnelles impliquées.

« Aujourd’hui, alors qu’il est temps de penser à restaurer le pays, une tâche urgente, pour résoudre le problème des réfugiés syriens, du retour au pays de la présence chrétienne et de la paix interreligieuse, est la reconstruction des églises et des monastères, a souligné le chef du DREE. L’existence d’une église ou celle, tout au moins, d’une petite maison de prière comme centres de vie publique et de consolidation de la population chrétienne de la région permet d’espérer que les villes et les villages reconstruits pourront pleinement revivre. » L’hiérarque a aussi rappelé que la première partie d’un catalogue des églises détruites de Syrie, établi grâce au travail minutieux de l’Église orthodoxe russe et de la Fondation caritative « Aide à l’Église en détresse » a été présenté récemment à Vienne.

Ensuite, le vice-ministre des Affaires étrangères, M. Bogdanov, est intervenu à son tour, transmettant à l’auditoire les salutations du ministre des Affaires étrangères de Russie, S. Lavrov.

  1. Bogdanov a constaté avec regret que les évènements du « printemps arabe », commencés il y a 7 ans, continuaient à « avoir des conséquences extrêmement négatives sur le destin des chrétiens du Proche-Orient ». « Dans le contexte de l’activité au Proche-Orient des rebelles de l’État islamique et d’autres groupes terroristes, la menace de violences physiques contre les chrétiens est toujours vive. Malheureusement, ceux-ci ne cessent de fuir la région »a dit le diplomate.

« La situation tragique des chrétiens du Proche-Orient, suscite une forte inquiétude en Russie, a poursuivi Mikhaïl Bogdanov. La situation est particulièrement difficile en Syrie et au Liban où, pendant les années de guerre, les terroristes ont tué ou chassés des dizaines de milliers de chrétiens. Le résultat des actions barbares des guerriers de l’EI et des autres groupes terroristes est que beaucoup d’églises chrétiennes et de monastères ont été pillés ou entièrement détruits. » Cependant, grâce aux actions des armées gouvernementales syriennes, avec le soutien des forces militaires et aériennes russes, les conditions d’un retour de la partie chrétienne de la population sur leurs lieux de résidence, se mettent en place, a constaté M. Bogdanov.

« Nous estimons que la participation des leaders religieux fait partie intégrante du processus de régulation politique de la situation en Syrie et porte en soi un important potentiel de paix » a souligné le représentant spécial du président de la Fédération de Russie chargé du Proche-Orient et des pays d’Afrique.

Il a également constaté que la Russie continuait à envoyer de l’aide humanitaire à la population chrétienne de Syrie, notamment aux chrétiens. La problématique de la défense des chrétiens du Proche-Orient est régulièrement abordée dans les rencontres du président de la Fédération de Russie V. Poutine, du ministre des Affaires étrangères S. Lavrov et d’autres représentants du ministère des Affaires étrangères.