Le 25 janvier 2017, à la salle des Conciles de l’église du Christ Sauveur, avait lieu la présentation des manuels les plus remarquables des années 2016-2017, ayant passé avec succès l’expertise et reçu l’approbation du Département synodal d’enseignement religieux et de catéchèse de l’Église orthodoxe russe.

Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, recteur de l’Institut des hautes études Saints-Cyrille-et-Méthode, président de la Commission synodale biblique et théologique, a présenté son propre catéchisme, intitulé Catéchisme. Petit guide de la foi orthodoxe.

Prenaient part à l’évènement l’évêque Nicolas de Balachikha, rédacteur en chef des Éditions du Patriarcat de Moscou, V. R. Legoïda, président du Département synodal aux relations de l’Église avec la société, de nombreux participants des Conférences.

Remarquant que les illustrations de l’ouvrage avaient été choisies avec les collaborateurs de la revue « Thomas » (Foma) dont V. Legoïda est rédacteur en chef, celui-ci a parlé du travail de mise en forme de la maquette. « Beaucoup pensent qu’on peut tout trouver sur internet, n’importe quelle image, n’importe quelle information, etc. Pourtant, en préparant la maquette de ce catéchisme, ayant consulté quantité de sites internet, ayant examiné toutes les possibilités, comme nous le croyions, nous avons entendu Mgr Hilarion nous dire, quand nous lui avons présenté le meilleur de ce que nous avions trouvé : « Dans telle ville italienne, il y a une église ; dans cette église, sur le côté droit, il y a une fresque. Je ne sais pas si vous la trouverez, ce serait formidable. » Il y a eu plusieurs histoires comme cela. Il faut donc tenir compte du fait que Mgr Hilarion a plus d’informations que l’internet, nous l’avons vérifié de façon empirique ! Par ailleurs, je constate que malgré nos 20 années d’expérience de présentation d’un livre, nous avons fait beaucoup de découvertes grâce à l’honneur et à joie de travailler sur ce texte.»

Citant le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie sur l’importance de la catéchisation, V. Legoïda a souligné que la parution du catéchisme du métropolite Hilarion était un évènement important.

S’adressant à l’assistance, le métropolite Hilarion a commencé par citer le patriarche Cyrille, qui disait en 2012, à la réunion du Haut Conseil : « Notre Église continue à travailler à la catéchisation. La catéchisation, c’est une sorte de liquidation de l’analphabétisme, qui ne concerne pas seulement les membres de la communauté, mais tous ceux dont les représentations sur l’orthodoxie sont stéréotypées. La catéchisation doit toucher l’ensemble du pays, l’ensemble du territoire canonique de notre Église. Lorsque nous disons que nous avons en Russie 80% d’orthodoxes, nous exprimons une vérité sociologique. Mais on nous fait souvent le reproche suivant : de quels orthodoxes s’agit-il, s’ils ne connaissent pas les choses les plus élémentaires sur la vie de l’Église, s’ils ne savent pas les prières de base, ne participent pas aux Sacrements, etc ? C’est un exemple d’indulgence et de charité manifesté par l’Église. Si quelqu’un se déclare orthodoxe, mais ne connait pas les principales fêtes, ne sait pas pourquoi il faut jeûner le mercredi et le vendredi, on ne lui dit pas : « Tu n’as pas le droit de t’appeler orthodoxe, puisque tu n’observes pas les prescriptions de l’Église. » L’Église doit accueillir tout homme avec amour, elle ne lui refuse pas le droit de se dire orthodoxe. Devant un orthodoxe qui ne connait pas les rudiments de l’Orthodoxie, qui n’a aucune expérience de vie dans l’Église, notre tâche consiste à faire en sorte que les orthodoxes des statistiques deviennent des membres actifs de l’Église. »

Ensuite, le métropolite Hilarion a dit :

« On n’applique souvent le mot « catéchisation » qu’à la préparation des personnes intéressées au Sacrement du baptême, qu’il s’agisse du sien propre, du baptême de son enfant ou de celui d’un proche. Pourtant, comme le montre cette citation de Sa Sainteté, la tâche qui incombe à notre Église est beaucoup plus large. Il y a 80% d’orthodoxes dans ce pays, c’est-à-dire de gens qui se déclarent orthodoxes. En réalité, si l’on fait le compte de ceux qui viennent à l’église pour Pâques, par exemple, il ne s’agit pas de 80%, ni même de 8% de la population. Comment, par quels moyens surmonter ce fossé colossal entre les chrétiens pratiquants et les chrétiens réels. La première chose à faire pour que les gens prennent conscience de leur foi, c’est de les catéchiser, c’est-à-dire de leur apprendre les vérités de la foi.

Le Catéchisme que nous présentons aujourd’hui a une brève histoire et une très longue préhistoire. Tout a commencé sous le patriarche Alexis, lorsque la Commission synodale biblique et théologique, présidée alors par le métropolite Philarète de Minsk et de Sloutsk, a été chargée de rédiger un nouveau Catéchisme de l’Église orthodoxe russe. L’objectif était formulé de telle façon que le nouveau catéchisme ne devait pas seulement être un bref recueil sur les grands principes de la foi, mais une œuvre fondamentale, répondant aux principales questions sur la doctrine de la foi, sur la pratique liturgique et sur la morale. La Commission synodale biblique et théologique a commencé à travailler sur le projet de Catéchisme, et j’ai été chargé de diriger les travaux du groupe de travail concerné.

Plus tard, alors que le patriarche Cyrille était déjà primat de l’Église orthodoxe russe, j’ai été nommé à la présidence de la Commission synodale biblique et théologique et les travaux se sont poursuivis. Finalement, la Commission a rédigé un texte très volumineux, qui a été envoyé dans les diocèses pour y recueillir les appréciations des hiérarques. Nous avons ensuite reçu de nombreux avis et, à côté des éloges, revenait souvent la même idée : ce n’est pas le catéchisme qu’on peut donner aux gens qui se préparent au baptême, ce n’est pas le livre facile et court qu’on peut lire en quelques jours et en retirer au moins quelques vérités fondamentales sur l’Église orthodoxe. En lisant ces avis, j’ai compris qu’il y avait besoin d’un petit manuel, d’un petit Catéchisme qui exposerait les fondements de la doctrine, de la morale et de la pratique orthodoxes sous une forme moderne et accessible.

Sachant comment fonctionne la Commission biblique et théologique et quel travail exige toute œuvre collective, j’ai compris qu’on ne pouvait pas confier ce travail à une commission et je m’y suis attelé moi-même, sachant bien que ce ne serait, certes, qu’un catéchisme d’auteur, ne prétendant à aucun titre panecclésial, comme beaucoup d’autres catéchismes d’auteur avant lui.

Je ne place pas le Catéchisme de saint Philarète (Drozdov) au rang des catéchismes d’auteur, car il a été approuvé par la hiérarchie et continue jusqu’à aujourd’hui à faire autorité comme exposé de la doctrine orthodoxe. Mais ce Catéchisme aura bientôt 200 ans. Saint Philarète l’a écrit pour une société complètement différente, qui pensait différemment, qui parlait autrement. Certains problèmes qui se posaient alors ne sont plus d’actualité, tandis que des thèmes brûlants aujourd’hui n’existaient tout simplement pas. C’est pourquoi des catéchismes ont été publiés durant tout le XX siècle, notamment dans l’émigration. Il suffit de mentionner le Catéchisme du métropolite Antoine (Khrapovitski), le Catéchisme de l’évêque Alexandre (Semenov-Tian-Chanski), et d’autres.

J’ai écrit ce livre d’un seul souffle, il m’a fallu trois jours pour rédiger la majeure partie du livre. Ensuite, à vrai dire, comme cela arrive souvent, j’ai mis le livre de côté, je l’ai corrigé, complété. Finalement, le volume a augmenté d’un quart, mais, dans l’ensemble, cet ouvrage porte la marque de l’inspiration. J’espère que ceux qui le liront le ressentiront. En même temps, je me suis efforcé de ne manquer aucun aspect important de la doctrine, de la morale ni de la pratique liturgique, pour les exposer de façon à les rendre accessibles à nos contemporains, notamment aux jeunes.

Avant de publier l’ouvrage, je l’ai envoyé à l’appréciation de personnes très différentes, notamment à des jeunes, à des gens assez éloignés de l’Église, et j’ai reçu d’eux des avis utiles. Par exemple, certains termes que nous, gens d’Église, employons sans penser à leur sens, se sont avérés incompréhensibles pour les jeunes. Lorsqu’on m’indiquait ces termes, je m’efforçais de les expliquer ou de les échanger contre d’autres plus compréhensibles.

Le Catéchisme a aussi été soumis à l’appréciation du Département synodal pour l’enseignement religieux et la catéchèse, qui a émis trois avis, et j’ai apporté quelques corrections en conséquence. Ensuite, ce processus d’appréciation s’est poursuivi au Conseil éditorial de l’Église orthodoxe russe et, là encore, j’ai apporté des modifications en fonction des avis donnés.

Finalement, le texte a été publié. Une première édition non illustrée est d’abord sortie, puis une seconde édition illustrée, celle dont vient de parler Vladimir Romanovitch Legoïda. C’est l’équipe de la revue « Thomas » qui s’est chargée du travail. Je souhaitais que le Catéchisme illustré ressemble à la revue « Thomas », mais l’équipe ne s’est pas contentée de chercher des illustrations : cette édition comporte un grand nombre d’infographies, c’est-à-dire que le texte est illustré au moyen de tableaux montrant de façon didactique ce dont il s’agit. Certains thèmes comme les habits sacerdotaux, les fêtes de l’Église, les Sacrements et les rites de l’Église orthodoxe, les principaux types d’églises orthodoxes, l’organisation de l’autel et de l’iconostase ne sont pas seulement expliqués par du texte, mais présentés aussi sous forme d’infographies.

J’aimerais que ceux qui lisent ce livre sentent que mon objectif n’était pas seulement d’exposer les fondements de la doctrine chrétienne. Ce n’est pas pour rien que j’ai donné à ce livre le sous-titre de « Petit guide de la foi orthodoxe », je souhaitais guider le lecteur dans les dogmes, mais d’une façon informelle. Ce n’est pas un manuel, ce ne sont pas des textes à apprendre par cœur, mais une tentative d’aider le lecteur à comprendre lui-même ce dont il est question.

Le tirage de la première édition s’est monté à 10000 exemplaires, le tirage de la seconde, l’édition illustrée, à 5000. Tous les participants des Conférences de Noël ont reçu un exemplaire de la troisième édition (20000 exemplaires), non illustrée.

Au fur et à mesure que je reçois des réactions sur ce Catéchisme, je me convaincs qu’il atteint généralement son but. Des gens viennent me voir, qui se préparent à recevoir le Sacrement du Baptême, ou veulent faire baptiser leur enfant, ou encore doivent devenir parrain ou marraine, mais ne connaissent pas même les rudiments de la foi chrétienne. Je leur donne ce petit livre, leur propose de le lire, puis de revenir pour discuter. La personne lit, et revient avec une toute autre idée de ce qui l’attend si elle accepte, par exemple, de devenir parrain ou marraine.

Nous sommes tous appelés à travailler à résoudre le problème de la catéchisation, dont ne cesse de parler Sa Sainteté depuis déjà près de 9 ans, chacun selon ses forces, ses particularités, ses capacités, sous des formes différentes. J’espère que d’autres catéchèses d’auteur verront le jour, d’autres livres expliquant les fondements de la foi orthodoxe, afin que ceux qui se déclarent orthodoxes en viennent à comprendre ce qu’est la foi orthodoxe et ce qu’enseigne l’Église orthodoxe.

Par ailleurs, je constate que les livres rédigés dans une langue simple et accessible sont très demandés. J’ai écrit relativement beaucoup dans ma vie, notamment différents ouvrages scientifiques, de gros livres mais je constate aujourd’hui la nécessité de livres de petit format. La jeune génération a presque cessé de lire, peu nombreux sont ceux qui lisent des livres. On lit sur écran, on lit de brèves informations dans les réseaux sociaux. Les gens n’ont plus l’habitude, ils ont, je dirais, perdu l’habitude d’assimiler des textes sérieux. C’est pourquoi plus nous parlerons simplement de choses complexes, plus notre parole sera entendue. »

Ensuite, le métropolite a répondu aux questions de l’assistance.

  • Des traductions de ce Catéchisme en langues étrangères sont-eles prévues?
  • Le Catéchisme est déjà traduit en allemand, l’édition allemande est même sortie avant l’édition russe. Il s’est trouvé qu’un vieux prêtre catholique a lu une de mes interviews et m’a écrit pour dire qu’il était prêt à traduire ce Catéchisme. Je lui ai envoyé le texte, il l’a traduit très vite, et la traduction allemande est sortie avant l’édition russe. Quant à des traductions en d’autres langues, je pense qu’elles viendront, mais cela demandera sans doute du temps.
  • Ne pourrait-on pas étudier la possibilité de transformer le livre que vous avez écrit en un cours sous forme de rencontres avec vous, ou avec d’autres spécialistes, pendant lequel on pourrait directement raconter aux jeunes ce qui est écrit dans le Catéchisme ?
  • Je suis prêt à remettre mon livre à toute personne qui souhaiterait s’en servir comme base pour des entretiens, je suis prêt à y participer, dans la mesure du possible. Cependant, compte tenu de mon emploi du temps très chargé, ce ne serait sûrement pas possible de façon régulière.

J’en profite pour attirer l’attention sur une particularité de ce Catéchisme. Il se compose de trois parties : « Doctrine », « Morale », « l’Église et la liturgie ». Après chacune de ces parties, je propose un exercice au lecteur. Le but de ce livre n’est pas que le lecteur lise et oublie, mais qu’il se plonge dans l’atmosphère de la vie de l’Église orthodoxe par le texte, par les citations, par les images. Lorsque nous avons choisi les illustrations, j’ai dit qu’il devait s’agir, d’une part, de très belles représentations canoniques (icônes, fresques, mosaïques), d’autre part, de photographies de nos contemporains, parmi lesquels des jeunes, pour que les jeunes ne perçoivent pas l’Orthodoxie comme quelque chose d’exotique, comme un archaïsme n’ayant aucun rapport avec eux, pour qu’ils voient que des jeunes de leur génération vivent pleinement leur foi chrétienne orthodoxe.