Le 24 décembre 2017, 29e dimanche après la Pentecôte, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka.

Mgr Hilarion concélébrait avec l’higoumène Métrophane (Chkourine), vice-président du Département en charge de l’enseignement religieux et de la catéchèse, et avec le prêtre Mikhaïl Asmus, consultant du DREE.

L’office était chanté par le Chœur synodal de Moscou, sous la direction d’A. Pouzakov.

Après la litanie instante, le métropolite a lu la prière pour la paix en Ukraine.

A la fin de la liturgie, Mgr Hilarion a prononcé une homélie :

« A nom du Père et du Fils et du Saint Esprit !

Nous avons entendu aujourd’hui la lecture de la parabole des invités au festin de noces. Cette parabole a été rapportée par deux évangélistes, Luc et Mathieu, dans deux versions différentes. Nous entendons aujourd’hui celle de Luc. Selon lui, le Seigneur a prononcé cette parabole sur la route de Jérusalem, tandis que Mathieu la situe à Jérusalem même, peu avant la Passion et la crucifixion. Cela veut dire que le Seigneur a pu prononcer cette même parabole plusieurs fois : Il passait de ville en ville, de village en village, il était accueilli par des gens différents et Il a pu raconter la même parabole plusieurs fois, ajoutant des éléments ou abrégeant, ou bien apportant quelque autre changement.

Selon qu’elle est rapportée dans l’Évangile de Luc ou dans celui de Mathieu, la parabole diffère en effet légèrement. La principale différence tient au fait que Mathieu ajoute tout un épisode : il fait entrer en scène un homme qui arrive au festin sans porter la robe de noce, et est rejeté au dehors. Cet épisode est absent de la version rapportée par l’Évangile de Luc, mais le sens reste le même dans les deux textes.

Le Seigneur invite les hommes au festin de noces. Les premiers invités sont les membres du peuple d’Israël, car c’est à lui qu’est venu le Seigneur Jésus, et il devait répondre le premier à l’appel du Sauveur. Mais ils n’ont pas reconnu dans Jésus Christ Celui qu’annonçaient les prophètes, Celui qu’ils avaient eux-mêmes attendus pendant des siècles. Ils voulaient un autre Messie, quelqu’un qui rétablirait la puissance du royaume d’Israël, et ils n’avaient pas besoin de Celui qui ouvre les portes du Royaume des cieux au monde. Ils n’ont pas reçus le Sauveur, ils l’ont condamné et ont obtenu Sa crucifixion.

Alors le Seigneur appelle d’autres hommes à Sa cène, des gens qui n’appartiennent pas par la naissance au peuple élu, mais qui vont devenir le nouvel Israël, car ils ont répondu à la prédication du Seigneur Jésus Christ.

Nous savons que l’histoire de l’Église commence autour d’un petit groupe. Le Livre des Actes des apôtres parle des deux cents, ceux qui décidèrent de former une communauté et de vivre en mémoire du Fils de Dieu. Ces gens étaient unis non seulement par la mémoire du Sauveur et de Ses actes, mais aussi par ce qu’Il avait demandé à Ses disciples de faire en mémoire de Lui, par la Sainte Eucharistie, la fraction du pain, comme l’appelle le Livre des Actes. Bien que les premiers chrétiens aient continué à fréquenter le temple de Jérusalem et de participer aux offices du temple, ils avaient leur propre office, la Sainte Eucharistie. Celle-ci répète la Sainte Cène, celle que le Seigneur Jésus Christ célébra avec Ses disciples à la veille de Sa mort sur la Croix.

La Sainte Eucharistie est devenue ce repas de noces qui unit toute l’Église : d’abord un tout petit groupe, devenu peu à peu une communauté de plusieurs centaines, puis de plusieurs milliers de membres. Par exemple, le jour de la Pentecôte, ce sont plusieurs milliers de personnes qui se convertissent au Christ (Ac 2, 41). C’est ce festin de noces du Seigneur, institué par Lui pour les générations suivantes de chrétiens, qui réunit des gens complètement différents, des juifs et des païens, en une seule communauté chrétienne. Au cours de ce repas, ils entendaient des récits sur la vie et sur le ministère de Jésus Christ, mangeaient ensemble et, à la fin du repas, refaisaient le geste du Seigneur Jésus Christ, la fraction du pain, devenu par leur prière Corps du Christ. Puis ils communiaient au vin, devenu par leur prière Sang du Christ.

Ainsi en était-il dans l’Église paléochrétienne, ainsi en va-t-il aujourd’hui. Et bien qu’il se soit passé depuis déjà presque deux mille ans, et que les générations aient succédé aux générations, bien que les circonstances aient radicalement changé, l’Eucharistie reste intangible, comme par le passé, et le festin des noces est toujours offert à ceux qui désirent y prendre part. Si les invités n’y viennent pas, le Seigneur en appelle d’autres, si ceux-ci ne veulent pas venir, il vient toujours à l’Église des hommes désireux de prendre part à la cène du Seigneur. Nous croyons, selon la parole du Sauveur, que « les portes de l’enfer » ne prévaudront pas sur l’Église du Christ (Mt 16, 18), et que l’Église du Christ demeurera sur la terre jusqu’à la fin de l’histoire terrestre de l’humanité. Ensuite, son existence se poursuivra dans le siècle à venir, où les membres de l’Eglise vivront et où, comme nous l’entendons dans le canon de Pâques, nous communierons à ce divin repas de noces dans le jour sans fin du Royaume de Dieu.

Chaque fois que nous venons à la Divine Eucharistie, nous nous souvenons dans la prière de toute l’histoire de l’humanité, depuis la création du monde, en passant par l’histoire de l’Incarnation que nous rapportent les saints apôtres dans les Évangiles. Nous faisons partie de cette histoire, nous savons que beaucoup de générations ont passé et que notre génération passera aussi, mais l’Église restera. Lorsque nous nous en irons, d’autres prendront notre place qui occuperons la leur au festin de l’Agneau de Dieu. Lorsque nous passerons à l’autre monde, la cène se poursuivra, car le Seigneur Jésus Christ est miséricordieux envers tous les hommes. Il appelle tout homme et tout homme qui répond à cet appel aura place au festin du Seigneur dans cette vie et dans la vie future.

Venons à la Divine liturgie, communions aux Saints Mystères du Christ et remercions le Seigneur de nous avoir appelés. Demandons-Lui que nous ne soyons pas seulement appelés, mais élus, pour que la Sainte Cène à laquelle nous communions ici, sur la terre, se poursuive pour nous dans le Royaume des Cieux. Amen. »