Le 26 novembre 2017, 25e dimanche après la Pentecôte et fête de saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.

Après la litanie instante, l’archipasteur a lu la prière pour la paix en Ukraine.

A la fin de la liturgie, le métropolite Hilarion a prononcé une homélie :

« Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit !

Nous avons entendu aujourd’hui une lecture de l’Évangile selon saint Luc. Un scribe était venu voir Jésus et, pour le mettre à l’épreuve, lui demanda : « Que faut-il faire pour avoir la vie éternelle ? » (Lc 10, 25). Le Seigneur lui répondit : « Qu’est-il écrit dans la loi ? Comment lis-tu ? » (Lc 10, 26). Le scribe cita alors les deux commandements que le Seigneur Jésus Christ lui-même considérait comme les plus importants de la loi : ceux de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain. Le Christ remarqua : « Tu as bien répondu » (Lc 11, 28), mais le scribe, insatisfait, poussa la question plus loin demandant : « Et qui est mon prochain ? » Alors le Seigneur, sans répondre directement à la question, lui conta la parabole du bon samaritain, que nous connaissons bien.

« Qui est mon prochain ? » La question du scribe se pose souvent à nous, qui sommes entourés de tant de gens. Ceux qui ont besoin d’attention, de soins et d’aide, sont nombreux aussi. Beaucoup trop nombreux pour que nous y suffisions. Que faire alors ? On se demande parfois comment faire la charité, puisqu’il y a tant de malheureux : faut-il donner un peu à chacun, à une ou deux personnes seulement ? De nombreux sites, sur internet, aussi bien des ressources laïques que des sites orthodoxes, publient les photos d’adultes et d’enfants qui ont besoin d’aide. En les regardant, en lisant ces appels à l’aide, devons-nous aider chacun, ou faut-il choisir qui aider ?

Ni l’Écriture Sainte, ni la Tradition de l’Église ne donnent de réponse claire à ces questions. Notre conscience doit nous guider, nous dire qui le Seigneur nous appelle à aider. Beaucoup se demandent souvent pourquoi y a-t-il tant d’injustice, tant d’indifférence autour de nous ? Pourquoi Dieu permet-Il la souffrance ? Au lieu de se poser ces questions oiseuses, mieux vaut s’interroger : comment ai-je allégé les souffrances de telle ou telle personne ? Ai-je fait quelque chose de bon pour que quelqu’un aille mieux ? Ai-je aidé ceux qui en avaient besoin, les personnes dans le malheur ?

Le bon samaritain, donné par le Seigneur en exemple dans Sa parabole, a été le premier à ne pas passer à côté de l’homme blessé par les bandits, battu, souffrant et, probablement, sans connaissance. En effet, le prêtre qui est passé à côté du malheureux a pu se dire : « Cet homme est peut-être mort, si je touche un mort, j’en deviendrai impur. » Comme on sait, les prêtres juifs et les pharisiens craignaient surtout de toucher à quelque chose d’impur afin de ne pas le devenir eux-mêmes. Un corps mort était considéré comme impur.

Le lévite qui passe aussi à côté a pu penser la même chose ou bien se dire : « Pourquoi est-ce que je dois m’occuper de cet homme ? Il ne bouge pas, je ne sais pas qui il est, pourquoi est-il couché là ? Peut-être est-il coupable de son malheur ? »

Il y a tant de cas de gens qui ont eu une crise cardiaque en pleine rue, et dont les gens se sont détournés, croyant qu’ils étaient ivres. Il y a ceux qui meurent de froid dans la rue. Ceux qui n’ont pas reçu l’aide médicale que leur crise cardiaque nécessitait ; les gens allaient, pressés, chacun préoccupé de ses affaires, trouvant un prétexte pour se détourner de cet homme.

Le bon samaritain dont le Seigneur parle ne s’est pas détournée de l’homme victime des brigands. Il n’a pas craint ses blessures, ne s’est pas demandé s’il était coupable ou non, dans quelles circonstances cela avait eu lieu. Il n’a même pas réfléchi qu’il était, lui, un samaritain, et que la victime était, visiblement, un juif, car l’affaire avait lieu sur la route de Jérusalem à Jéricho, assez loin de la Samarie. Il vit que l’homme souffrait, il voulut l’aider. Il ne se contenta pas de l’emmener à l’hôtel, ni de payer l’hôtelier pour le séjour et les soins du blessé, mais il resta avec lui une nuit, puis dit à l’hôtelier qu’il payerait à son retour si des soins supplémentaires s’avéraient nécessaires. Le samaritain, donc, ne sacrifie pas seulement son argent, mais aussi son temps.

Beaucoup se demandent comment aider les autres s’ils n’ont pas eux-mêmes assez d’argent ? Si l’on n’a pas assez d’argent, il y a d’autres moyens d’aider. Tout le monde n’a pas besoin d’aide financière. Beaucoup ont besoin qu’on leur consacre du temps. Mais nous regrettons souvent plus de donner notre temps que de donner notre argent. Pourtant, le Seigneur nous appelle à ne pas épargner notre temps pour ceux qui en ont besoin. Peut-être le temps que nous aurons passé avec quelqu’un nous sera-t-il rendu, le Seigneur allongera-t-il d’autant notre vie. Nous ne savons pas comment agit la justice divine, mais comme l’a dit le Sauveur, si nous donnons à boire un verre d’eau fraîche à l’altéré, même ce simple geste ne restera pas inaperçu de Dieu.

Le Seigneur nous appelle à faire le bien. A ne pas se détourner des gens, à ne pas se chercher de justifications, au contraire, à regarder autour de nous et à se demander : qui est mon prochain ? Le Seigneur nous enverra forcément quelqu’un qui a besoin de nos soins et de notre attention. Si nous sommes ouverts, prêts à aider les autres, le moment venu, Dieu nous enverra l’argent nécessaire, et nous donnera du temps pour aide ceux qui souffrent et qui ont besoin.

Écoutant les récits évangéliques et les paraboles du Seigneur Jésus Christ, souvenons-nous que ces textes, bien qu’ils aient déjà deux mille ans, ont été prononcés par le Verbe de Dieu incarné, et qu’ils restent toujours d’actualité, qu’ils le seront jusqu’à la fin des temps. Ils s’adressent à chacun de nous, car ils n’ont pas été prononcés par un maître de morale, comme il y en a eu tant dans l’histoire de l’humanité, mais par Dieu Lui-même. Les lisant dans l’Évangile, nous entendons l’annonce que Dieu fait à chacun de nous. Le Seigneur dit : « Va, et toi aussi fais de même ». C’est ce que je vous souhaite sincèrement et cordialement.

Bonne fête à tous, chers pères, frères et sœurs !

Que Dieu vous garde ! »