Le 22 octobre 2017, 20e dimanche après la Pentecôte, mémoire des pères du VII Concile œcuménique, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.

Après la litanie instante, Mgr Hilarion a lu la prière pour la paix en Ukraine.

A la fin de l’office, le métropolite a proposé l’homélie suivante :

« Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit !

Dans la lecture de l’Évangile d’aujourd’hui, nous avons entendu comment le Seigneur Jésus Christ ressuscita le fils unique d’une veuve, qu’on emportait pour l’enterrer. Le Seigneur croisa cette procession funéraire alors qu’Il entrait dans la ville. Au moment où le miracle se produisit, les gens dirent : « Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple » (Lc 7, 16).

Pourquoi cette exclamation ? Tous savaient quels miracles avaient accompli les prophètes de l’ancien temps : le prophète Élie ressuscita le fils de la veuve, le prophète Élisée accomplit un miracle semblable en ressuscitant un garçonnet mort. Ces deux miracles de deux prophètes de jadis ont été conservés par l’Écriture sainte par la tradition du peuple d’Israël, mais durant les derniers siècles précédant l’avènement du Sauveur, le peuple hébreu n’avait plus connu de miracles semblables. C’est pourquoi, au moment où se produisit ce miracle, sous les yeux de la foule, les gens se rappelèrent avant tout les prophètes d’autrefois, Élie et Élisée, et dirent de Jésus qu’Il était un grand prophète.

Ceci nous ramène à un autre épisode de l’Évangile, où le Fils de Dieu demande à Ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » (Mt 13, 16). Les disciples lui répondent : « Pour les uns, Jean le Baptiseur ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore Jérémie ou l’un des prophètes » (Mt 13, 15). En d’autres termes, les gens considéraient Jésus comme un prophète, et son ministère prophétique était confirmé par Ses miracles. Lorsque le Seigneur vint en Samarie et s’entretint avec la Samaritaine, celle-ci, voyant qu’Il savait tout d’elle, Lui dit : « Seigneur ! je vois que Tu es un prophète » (Jn 4, 19).

Mais le Seigneur Jésus Christ était plus qu’un prophète. Il n’est pas un prophète au même titre que Moïse, Élie, Élisée, Isaïe, Jérémie et les autres prophètes de l’Ancien Testament. Il était Celui qu’annonçaient les prophètes, eux qui en étaient les précurseurs. Il était le Messie promis envoyé non seulement au peuple d’Israël, mais au monde entier, à toute l’humanité. Mais les hommes, ceux qui écoutaient Jésus et ceux qui voyaient Ses miracles, ne L’ont pas reconnu. Ce n’est qu’après la résurrection que les apôtres, et, à leur suite, des milliers de convertis à la foi chrétienne, crurent que le Christ n’était pas simplement un prophète, mais le Fils de Dieu, le Dieu incarné, le Sauveur non seulement du peuple d’Israël, mais du monde entier.

Cette conscience leur vint progressivement. C’est après la Résurrection du Sauveur que Sa puissance divine et Son essence divine se manifestèrent pleinement. Cependant, dès Son vivant, mystérieusement, les disciples avaient commencé à prendre conscience que le Fils de Dieu n’était pas un simple prophète. A la question de Jésus : « Et pour vous, qui suis-je ? » (Mt 16, 15), l’apôtre Pierre, au nom de tous les disciples, encore doutant et hésitant, répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16).

Entre le prophète et le Fils de Dieu incarné, il y a une différence colossale. Le prophète, c’est un homme que Dieu appelle à Le servir, un homme auquel Dieu peut donner le don de prédire l’avenir, d’accomplir des miracles ; Il peut lui donner d’autres facultés. Mais le Fils unique de Dieu qui est dans le sein du Père (Jn 1, 18), c’est Dieu Lui-même, venu dans ce monde pour sauver chacun de nous et ouvrir à tous les hommes, par Sa doctrine et par Ses miracles, la voie du Royaume des cieux.

Deux mille ans ont passé depuis que le Seigneur Jésus Christ séjourna sur la terre, mais la puissance de Son Évangile, la force de Sa présence dans l’Église qu’Il a fondée ne se sont en rien amoindries et n’ont pas taries. Le Seigneur continue à accomplir des miracles et nous enseigne ce qu’Il entendit du Père et qu’Il nous a transmis, pour que nous sachions toujours quelle est la volonté de Dieu et sachions comment Dieu veut que nous soyons.

Les trois résurrections décrites dans les pages de l’Évangile, celle de la petite fille, celle du fils de la veuve de Naïn, dont nous avons lu aujourd’hui le récit, et la résurrection de Lazare, témoignent de ce que Dieu est le Seigneur de la vie et de la mort, et qu’Il a remis les clés de la vie, de la mort et du Royaume des cieux à Son divin Fils. C’est le Fils de Dieu qui est la voie, la vérité et la vie (Jn 14, 6), que Dieu nous commande de suivre.

Jésus Christ est vénéré dans d’autres religions, mais comme un prophète, et non comme le Fils de Dieu. Nous, chrétiens, disons que le Seigneur Jésus Christ est véritablement le Fils de Dieu et que c’est en cela que consiste le cœur de notre foi. Nous confessons le Christ Dieu incarné et nous témoignons que le Fils de Dieu, après être ressuscité et monté aux cieux, continue à demeurer parmi nous. Nous ressentons Sa présence chaque fois que nous venons à l’église pour la Liturgie, lorsque nous communions aux Saints Mystères du Christ, que nous ouvrons la porte de notre cœur, pour qu’Il y entre et vienne y demeurer. Les portes de Son Royaume sont ouvertes à chacun de nous.

Prions le Seigneur Jésus Christ Fils unique de Dieu, non seulement comme un prophète ou un maître à penser, mais comme Celui qui vient dans le monde pour nous sauver. Demandons-Lui de nous apprendre les vérités de la foi, afin qu’en recevant les Saints Mystères du Christ – le Corps divin et le Précieux Sang du Sauveur – nous communions à la vie éternelle. Demandons à Sa Très-pure Mère, la Très-Sainte Mère de Dieu, dont l’icône miraculeuse demeure dans notre sainte église, de nous aider à connaître les mystères du Royaume de Dieu, que le Seigneur révèle dans l’évangile à tout le monde, mais que chacun de nous doit découvrir lui-même et incarner dans sa propre vie. Amen.

Je vous souhaite à tous, une bonne fête ! »