Le 26 septembre 2017, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a été reçu par le pape François de Rome à la Maison Sainte-Marthe.

Au début de la rencontre, le métropolite Hilarion a transmis au chef de l’Église catholique romaine la profonde reconnaissance de Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie pour la translation des reliques de saint Nicolas le Thaumaturge en Russie, de mai à juillet dernier, conformément à l’accord passé pendant la rencontre des Primats des deux Églises à La Havane.

Le président du DREE a raconté au pontife que plus de 2 300 000 personnes de Russie, d’Ukraine, de Biélorussie, de Moldavie et d’autres pays étaient venues vénérer les reliques, pendant leur séjour à Moscou et à Saint-Pétersbourg. 14 000 volontaires ont aidé les pèlerins. Les gens passaient des heures à faire la queue pour s’incliner devant les reliques du saint le plus vénéré de Russie. Selon le métropolite Hilarion, la translation des reliques de saint Nicolas en Russie a été l’évènement le plus significatif de l’histoire des relations entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe russe. Le président du DREE a cité le patriarche Cyrille, d’après lequel aucune action de diplomatie ecclésiastiques n’a fait autant pour le rapprochement entre l’Orient et l’Occident que ne l’a fait la translation des reliques de saint Nicolas en Russie.

Durant l’entretien, les deux hommes d’Église ont échangé leur avis sur de nombreux thèmes de l’actualité internationale. Le métropolite Hilarion a attiré l’attention de son interlocuteur sur la situation en Ukraine, où trois projets de lois ont été portés à l’examen de la Rada suprême, projets discriminatoires à l’encontre de l’Église orthodoxe ukrainienne. Comme l’a souligné le président du DREE, l’Église orthodoxe ukrainienne dispose d’un statut d’auto-administration à l’intérieur du Patriarcat de Moscou, elle est une entité administrative indépendante, bien qu’elle garde un lien spirituel avec la plénitude de l’Église orthodoxe russe. Les auteurs de deux de ces projets de lois s’efforcent de montrer que l’Église orthodoxe ukrainienne n’est pas l’Église nationale d’Ukraine qu’elle est pourtant, puisqu’elle rassemble la majorité des orthodoxes du pays, mais une organisation religieuse étrangère, dont les activités doivent être concertées avec les autorités. Un autre projet de loi cherche à légaliser la pratique d’usurpation des bâtiments cultuels de l’Église canonique : l’Église canonique a ainsi été dépossédée de plus de 40 églises.

La situation au Proche-Orient a aussi été discutée. Le métropolite Hilarion a souligné qu’après la fin des opérations anti-terroristes en Syrie, un immense travail de reconstruction des églises et des monastères serait nécessaire. Il faudrait aussi recréer les conditions du retour des réfugiés dans leurs foyers. L’Église orthodoxe russe et l’Église catholique peuvent unir leurs efforts pour aider les chrétiens de Syrie. Le président du DREE a constaté qu’un travail commun était déjà en cours. Les orthodoxes et les catholiques œuvrent notamment à l’établissement d’une liste des églises et des monastères de Syrie détruits pendant la guerre.

Le métropolite Hilarion a aussi évoqué avec le pape François le bilan de la visite en Russie, en août dernier, du secrétaire d’état du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin. Les rencontres et les négociations qui ont eu lieu avec les autorités de la Fédération de Russie et avec la hiérarchie de l’Église orthodoxe russe ont témoigné de la proximité de leurs positions respectives sur les problèmes les plus graves, notamment la lutte contre le terrorisme au Proche-Orient et le conflit en Ukraine.

Les résultats de la réunion du Comité de coordination de la Commission mixte pour le dialogue théologique entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine, qui s’est déroulée à Leros (Grèce), en septembre, ont aussi été discutés. Les deux parties ont constaté l’importance de la nouvelle étape dans le dialogue théologique orthodoxe-catholique, dans le cadre duquel seront examinés les principaux problèmes empêchant la restauration de l’unité entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine.

Les participants à la rencontre ont aussi soulevé certaines questions pratiques, comme les échanges culturels, les échanges d’étudiants, notamment dans le cadre du Groupe de travail commun pour la coopération culturelle entre l’Église catholique romaine et le Saint-Siège, créée en 2015. Mgr Hilarion a aussi parlé au pontife du travail de l’Université d’été pour les clercs de l’Église catholique, qui a eu lieu récemment à l’Institut des Hautes-Études Saints-Cyrille-et-Méthode. Le 30 août, les participants au programme de l’Université d’été avaient été reçus par Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie.

A la fin de l’entretien, qui s’est déroulé en privé en présence de deux interprètes, le métropolite Hilarion a présenté au pape François les membres de la délégation l’accompagnant : l’évêque Mathieu de Bogorodsk, administrateur des paroisses du Patriarcat de Moscou en Italie, le hiéromoine Stéphane (Igoumnov), secrétaire du DREE aux relations interchrétiennes, le hiéromoine Jean (Kopeïkine), vice-recteur de l’Institut des Hautes-Etudes Saints-Cyrille-et-Méthode, le hiéromoine Ambroise (Matsegoru), secrétaire de l’Administration des paroisses du Patriarcat de Moscou en Italie, le prêtre Alexis Dikarev, du secrétariat du DREE aux relations interchrétiennes, ainsi que des mécènes orthodoxes, ayant apporté un soutien considérable à l’Église orthodoxe russe dans le projet de translation des reliques de saint Nicolas en Russie : le vice-président du Conseil des directeurs de la compagnie « FosAgro », A. G. Gouriev et son épouse, le directeur général de la compagnie « FosaAgro », A. A. Gouriev et son épouse, et A. V. Motlokhov.

A la fin de la rencontre, qui a duré plus d’une heure et s’est déroulée dans un climat chaleureux et cordial, le pape François et le métropolite Hilarion ont échangé des cadeaux en souvenir.