Le 10 septembre 2017, 14e dimanche après la Pentecôte, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église moscovite Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés.

Après la litanie instante, Mgr Hilarion a lu la prière pour la paix en Ukraine.

A la fin de l’office, le métropolite a prononcé une homélie.

« Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit !

Dans la parabole des invités au festin que nous avons lue aujourd’hui, il est question des gens que le Seigneur invite à Son banquet nuptial.

Dès l’Antiquité, cette parabole a été interprétée comme une image de la Sainte Eucharistie. C’est la Sainte Eucharistie qui est le repas de noces auquel le Roi céleste invite tous les hommes. Mais il arrive que beaucoup d’invités refusent d’y prendre part sous différents prétextes, et le Seigneur en appelle d’autres, car la salle doit s’emplir de convives.

Chaque fois que nous nous rassemblons pour la Divine liturgie, nous acceptons l’invitation du Seigneur à participer à Sa sainte cène. Nous venons avec l’espoir que le Seigneur nous visitera et nous affermira, que la communion à Son Saint Corps et à Son Précieux Sang sera pour nous un gage de vie éternelle.

Nous amenons à l’église nos enfants, pour qu’eux aussi communient aux Saints Mystères du Christ. Nous le faisons volontairement, car nous savons que la grâce de Dieu touche les enfants aussi bien que les adultes. Le nourrisson qui ne parle pas encore, qui n’est pas encore capable d’expliquer sa pensée comme le font les adultes, répond cependant à l’appel de Dieu, il est touché par la grâce divine, il la sent et il en fait l’expérience. Nous le voyons quand les enfants viennent communier aux Saints Mystères du Christ avec joie. Ils ne comprennent pas rationnellement ce qui se passe, mais leur cœur ressent la présence de Dieu.

Je suis toujours heureux de communier les enfants aux Saints Mystères du Christ, mais je me demande aussi souvent combien d’entre eux seront encore là dans cinq, dix, quinze ans. Seront-ils tous dans l’Église ? Certains la quitteront-ils ? Malheureusement, nous pasteurs, constatons souvent que l’enfant se confesse et communie tant que ses parents ou ses grands-parents l’amènent à l’église, mais qu’une fois grandi, il s’en éloigne car une nouvelle étape commence dans sa vie du jeune homme, ses centres d’intérêt changent, et il lui semble qu’il n’a plus besoin de l’Église.

Efforçons-nous d’éduquer nos enfants de façon que parvenus à l’âge de raison ils apprennent à connaître les bases de la foi chrétienne, sachent qui est Dieu et que Dieu les aime. Qu’ils connaissent la vie de notre Seigneur Jésus Christ, et que la participation à la vie de l’Église ne soit pas pour eux un fardeau, mais une joie.

Cela dépend en grande partie des adultes. Dans chaque cas concret, cela exige des efforts particuliers, une attention particulière, car tous les enfants sont différents. Il y en a qui sont plus attirés par l’Église, d’autres moins. Certains aiment l’ambiance de l’Église, d’autres moins. Chez certains enfants, la parole de Dieu germe et porte du fruit, comme la graine tombée en bonne terre, tandis que d’autres ont plus de mal à découvrir Dieu. Mais il n’y a pas d’enfant qui soit incapable d’apprendre à connaître et à aimer Dieu. Si les enfants, à un moment de leur vie, à une phase de leur développement, s’éloignent de l’Église, cela survient généralement par la faute des adultes, et il faut se demander ce qui s’est passé.

Il arrive que les parents obligent les enfants à venir à l’église : tu dois y aller, tu dois communier. Tant que l’enfant est petit, il est bien obligé d’obéir, il n’a pas les moyens de s’opposer. Mais quand il grandit, il déclare : « Je n’irai plus à l’église ». Cela arrive souvent. Cela veut dire qu’il ne suffit pas d’amener l’enfant à l’église simplement pour qu’il communie, il faut aussi que l’enfant comprenne ce qui se passe pendant l’office divin.

On entend parfois des parents dire à l’enfant, en le portant à la Communion : « Mange, c’est bon » ou : « Bois la bonne tisane » ou encore : « Mange le petit pain ». Cela ne va pas. Les enfants sont capables de comprendre, aussi bien que les adultes. Mais ils comprennent à leur façon. Si nous venons à l’église et que la Sainte communion est une grande joie pour nous, si nous ressentons la présence de Dieu, sentons que la Communion nous donne des forces, il faut trouver les mots qui aideront l’enfant à le ressentir à son tour. Il ne faut pas simplifier, il ne faut pas parler aux enfants dans une langue qui leur serait soit disant accessible. Ils doivent prendre conscience que le pain et le vin se changent en Corps et Sang du Christ dans le Sacrement de l’Eucharistie. Ce n’est pas de « la bonne tisane » ni du « bon petit pain », mais le Christ, auquel nous nous unissons spirituellement et physiquement. Pour que les enfants le comprennent dès la plus petite enfance, il faut leur parler du Christ : qui est-Il, quels miracles accomplissait-Il, qu’enseignait-Il. L’enfant doit s’imprégner de la doctrine évangélique sur les genoux de sa mère.

Si l’enfant a été élevé dans un esprit orthodoxe, il aura conscience de ce qui se passe dans l’église, il tentera d’en percer le sens, de saisir la beauté de l’office divin et ne quittera jamais l’Église, car il sera toujours attiré par le temple de Dieu, comme nous le sommes, nous, adultes. Personne ne nous oblige à venir à l’église. Nous sommes des gens libres, nous vivons, comme on dit, en démocratie. Nous venons à l’église parce qu’elle nous attire, parce que le Seigneur nous appelle à Sa Divine table.

En dehors du fait que nous venons nous-mêmes, nous devons encore amener nos enfants à Dieu, leur dire qu’il est bon de vivre en Dieu, leur parler de l’importance de la Divine cène, à laquelle le Seigneur nous appelle tous, adultes et enfants. Comme il est dit dans la parabole, le Seigneur attend tout le monde, les bons comme les méchants, afin de les rendre bons. Nous devons le comprendre, adultes et enfants.

Je vous souhaite à tous que la participation au banquet nuptial auquel le Roi céleste Lui-même nous convie, soit toujours pour nous une fête et une joie, et que nos enfants y participent toujours. Amen. »