Le 3 septembre 2017, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou et recteur de l’Institut des hautes études Saints-Cyrille-et-Méthode, a célébré la Divine liturgie à l’église de la Décollation-de-Saint-Jean-Baptiste du métochion patriarcal de Tchernigov, à Moscou.

Mgr Hilarion concélébrait avec l’archimandrite Séraphin (Semiatovski), représentant de l’Église des terres tchèques et de Slovaquie près du patriarche de Moscou et de toutes les Russies, l’archimandrite Philarète (Boulekov), vice-président du DREE, directeur du département des relations extérieures et des sciences sociales de l’Institut des hautes études, l’archimandrite Serge (Akimov), recteur du séminaire de Minsk, directeur du département de sciences bibliques du Département, l’higoumène Sérapion (Mito), vice-président du Département synodal des missions ; le hiéromoine Jean (Kopeïkine), vice-recteur de l’Institut des hautes études ; l’archiprêtre Pavel Khondzinski, doyen de la faculté de théologie de l’université orthodoxe Saint-Tikhon, le prêtre Dimitri Safonov, secrétaire du Conseil scientifique de l’Institut ; le prêtre Mikhaïl Nemnonov, inspecteur de l’Institut, les clercs de la paroisse.

Après la litanie instante, le métropolite a lu la prière pour la paix en Ukraine.

Ensuite, il a prié pour le repos de l’âme du violoniste Dimitri Kogan, récemment décédé.

A la fin de la liturgie, Mgr Hilarion a lu une prière pour le début de l’année scolaire et aspergé les étudiants d’eau bénite, avant de prononcer un sermon :

« Les enseignants et les étudiants de notre école de théologie, les professeurs, les directeurs de départements et ceux qui viennent d’entrer à l’institut sont rassemblés aujourd’hui pour la célébration de l’office divin. Nous avons prié pour que le Seigneur nous donne la sagesse et l’intelligence, pour qu’Il nous illumine de la lumière de Sa vérité.

A la fin de la liturgie, nous avons lu une prière spéciale pour les étudiants, dans laquelle nous demandons notamment au Seigneur de les garder dans la foi orthodoxe. Car c’est l’essentiel, ce sur quoi est fondé le système de connaissances dans notre Église : la sainte foi orthodoxe, les Saintes Écritures et la Sainte Tradition, qui sont les fondements sur lesquels nous bâtissons l’édifice de l’instruction théologique dans l’Église.

Au début du mois de septembre, nous pensons à ce qui nous attend durant l’année scolaire et, chaque fois, nous comprenons que cette année doit nous apporter de nouvelles connaissances. Et pas seulement des connaissances qui nous serviront plus tard, mais aussi celles qui nous nourriront spirituellement. Car la différence entre un établissement d’enseignement religieux et un établissement public consiste dans ce que nous n’assurons pas seulement la formation professionnelle des étudiants, nous ne préparons pas seulement d’étroits spécialistes, que ce soit des prêtres, des diacres ou des professeurs de théologie, mais nous éduquons ceux que le Seigneur a appelé à son Royaume, afin qu’ils soient prêts à rejoindre ce Royaume. L’ensemble de notre système d’enseignement tend à former. Le mot formation vient du mot « forme » car chacun de nous est créé à la forme, à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Le processus de formation dans les écoles de théologie est semblable à un processus de restauration d’icône. Le restaurateur sait que sous l’épaisse couche de suie qui recouvre l’icône ancienne qu’on lui apporte, sous les couches plus récentes de peinture, est cachée l’icône originelle, celle qui avait été peinte sur cette même planche. Lentement, avec de grandes précautions, il doit enlever ces différentes couches : d’abord la fumée et la suie, ensuite les peintures plus récentes, superposées sur la planche, les unes après les autres, avant de découvrir l’image d’origine. Le Seigneur nous a créés à son image, mais cette image est souvent obscurcie. Par la prière, par la participation aux sacrements de l’Église, par l’étude de la sagesse contenue dans les Saintes Écritures et dans la Sainte Tradition de l’Église, nous restaurons et retrouvons cette image de Dieu. Alors elle se découvre dans sa splendeur première, telle que Dieu l’avait créée.

Ce n’est pas un hasard si le processus d’enseignement ne se réduit pas dans l’église au schéma classique où les gens viennent, s’assoient à un banc, lisent des livres, rédigent des dissertations, passent des examens. Tout cela a son importance et est certes nécessaire, parce que nous avons des connaissances à acquérir et qu’il doit y avoir un contrôle de ces connaissances. Tout cela existe dans n’importe quel établissement. Mais qu’est-ce qui différencie un établissement religieux d’un établissement public ? Le processus d’enseignement y est inséparable de la vie spirituelle et de la vie liturgique. A chaque fois que nous nous rassemblons à l’église, nous prenons conscience que nous ne sommes pas seulement des professeurs et des étudiants, mais des hommes que le Seigneur appelle à l’apostolat.

Cet apostolat n’est pas toujours directement lié au sacerdoce. On peut être apôtre et prédicateur sans avoir reçu le sacerdoce, mais en ayant, par exemple, un diplôme de théologie, en enseignant, en écrivant des livres et des articles, en contribuant à la mission apostolique que le Seigneur a confiée à l’Église depuis l’origine. Le Seigneur nous appelle à prendre conscience de cette mission.

Nous avons entendu aujourd’hui la parabole du Seigneur sur les mauvais vignerons (Mt 21, 40-41) (…) Ce qui est arrivé aux vignerons, c’est ce qui est arrivé aux représentants du peuple juif auxquels le Seigneur avait envoyé des prophètes au cours des siècles, avec la promesse que viendrait le Messie, le Sauveur. Mais lorsque le Sauveur est venu, ils ne l’ont pas reconnu, ils n’ont pas entendu la voix de Dieu qui leur était adressée, ils ont crucifié le Sauveur du monde. Alors le Seigneur a donné Sa vigne à d’autres vignerons.

Nous sommes ces autres vignerons auxquels le Seigneur a confié Sa vigne, nous sommes le nouvel Israël, Sa Sainte Église. Mais le Seigneur attend que nous fructifiions. Quels fruits attend-il ? Avant tout, que nous soyons fermes dans l’Orthodoxie, que nous ayons le vif désir d’apprendre à lire l’Évangile, à découvrir les vérités de Dieu par les Saintes Écritures et par la Tradition de l’Église. La volonté de donner sa vie et ses forces à la prédication de l’Évangile du Christ. Voilà les fruits que le Seigneur attend de nous, et Il nous aide à nous préparer à la mission apostolique, notamment dans les murs de notre établissement.

Je suis heureux de voir aujourd’hui les professeurs de notre Institut participer activement à la vie liturgie, ainsi que les directeurs de départements et tous ceux que nous appelons les enseignants. Je suis heureux de voir ceux que nous appelons étudiants et qui ont reçu aujourd’hui la bénédiction pour leur travail durant l’année scolaire qui débute.

Je souhaite que les études soient pour nous une ascension vers le Royaume des cieux. Les étudiants, mais aussi les enseignants ont à étudier. Un enseignant qui n’étudie pas est un mauvais enseignant. Un professeur qui a écrit quelques articles dans sa jeunesse, puis se repose sur ses vieux lauriers est un mauvais professeur. C’est à cela que sert le système d’attestation et de réattestation : pour que les enseignants ne cessent pas d’étudier, d’enrichir leurs connaissances, de grandir.

Je souhaite que ce processus ne cesse jamais pour aucun d’entre nous, afin que, d’année en année, nous continuions à apprendre du nouveau, afin que chaque jour soit plein de découvertes, afin que notre vie, grâce à cela, soit intéressante et remplie, pour que le Seigneur soit notre guide sur le chemin du Royaume des cieux. »

Ensuite, le métropolite a procédé à la cérémonie de remise du premier diplôme de doctorat en théologie reconnu par l’état dans l’histoire de la Fédération russe.

Le 1er juin 2017, la première thèse de doctorat en théologie a été soutenue devant le Conseil de thèse réuni n°D 999.073.04, fondé par un décret du ministère de l’Instruction et des sciences de la Fédération de Russie sur la base de l’Institut des hautes études Saints-Cyrille-et-Méthode, de l’Université orthodoxe Saint-Tikhon, de l’Université d’état de Moscou et de l’Académie présidentielle russe d’économie nationale et de service de l’état. L’archiprêtre Pavel Khondzinski a reçu le diplôme de docteur en théologie pour sa thèse « La résolution des problèmes de la théologie russe au XVIII siècle dans la synthèse de saint Philarète, métropolite de Moscou ».

Remettant le diplôme, le métropolite Hilarion a souligné : « Nous avons parcouru un long chemin avant que cela soit possible, parce que pendant des années les professeurs laïcs disaient que la théologie n’est pas du tout une science et que celui qui croit en Dieu ne peut pas se considérer comme un scientifique. C’est ce que continuent à dirent certains biologistes qui ont tenté d’empêcher la soutenance de cette thèse de doctorat en théologie. Mais le Seigneur n’a pas tenu compte de leurs cris, Il a entendu nos prières. L’état, par le ministère de l’Instruction et des sciences, a fait montre de calme, de fermeté et de sagesse. Je suis heureux de remettre aujourd’hui ce premier diplôme de l’histoire de notre état à l’archiprêtre Pavel Khondzinski, est distingué pour sa thèse sur le métropolite Philarète de Moscou.

Remerciant pour le diplôme, le père Pavel a dit : « J’espère vraiment que cet évènement mettra un terme à l’histoire mouvementée de ma soutenance de thèse et ouvre une nouvelle page, celle de l’histoire du développement de la théologie en tant que science à part entière et pleinement reconnue comme telle dans la famille des sciences humaines. »

Le recteur de l’Institut des hautes études a remis un certificat aux étudiants en première année de maîtrise et de doctorat.