Le 20 août 2017, 11e dimanche après la Pentecôte, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés.

Après l’ecténie instante, Mgr Hilarion a lu la prière pour la paix en Ukraine.

Après la liturgie, le métropolite a prononcé une homélie :

« Au nom du Père et du Fils, et du Saint-Esprit !

Nous avons lu aujourd’hui la parabole des deux débiteurs. Un homme devait 10 000 talents à son maître. C’est une très forte somme, véritablement astronomique, parce que le talent n’était pas une monnaie, mais une unité de mesure de poids. On estimait la valeur des talents en argent, et un talent valait environ 27 kilos d’argent. Faites le compte, combien valait 10 000 talents. C’est une dette impossible, un serviteur n’aurait pas pu emprunter cette somme à son maître. Quoique l’histoire donne quelques exemples où cette même somme figure comme dette, seulement il ne s’agissait pas de la dette d’un serviteur à son maître, mais de celle d’un gouverneur de province à l’empereur.

Ainsi, 10 000 talents est une somme astronomique. Ce n’est pas par hasard que le Seigneur nomme cette somme-là, il voulait montrer par-là quelle est notre dette devant Dieu. Beaucoup pensent qu’ils ne doivent rien à Dieu. Ils ne réfléchissent pas que sans Dieu ils ne seraient pas venus au monde, qu’ils n’auraient pas de parents qui les ont éduqués, leur ont donné une instruction, leur ont montré la voie. Sans Dieu, ils n’auraient pas de talents, ces capacités dont le Seigneur a doté chacun.

Chaque jour, chaque heure et chaque minute nous recevons de Dieu d’innombrables bienfaits, mais nous y pensons rarement et rendons rarement grâce. Nous oublions que nous ne pourrons jamais rendre au Seigneur ce qu’Il fait pour nous. Mais chacun de nous a des proches qui lui doivent quelque chose, qui ont des obligations envers lui.

La somme que le second serviteur a emprunté montait, dit le Seigneur, à 100 dinars. Le dinar était une monnaie, du latin denarius, « partie de 10 ». En général, on payait les journaliers un dinar pour le travail effectué dans la journée. Donc 100 dinars, c’est un peu plus de trois mois de travail sans jour de congé. Ce n’est pas une petite somme pour le serviteur, mais elle est tout de même sans comparaison avec la première.

Dans la parabole, le serviteur auquel le Seigneur remet son énorme dette rencontre ensuite son débiteur et, se saisissant de lui, l’étouffe, exigeant qu’il lui rende l’argent. Jésus Christ montre par cette parabole que nous sommes appelés à pardonner à nos débiteurs de la même façon que le Seigneur nous remet nos propres dettes. Nos dettes sont insolvables devant Dieu, non seulement parce que le Seigneur nous a beaucoup donné et que nous l’oublions trop souvent, non seulement parce qu’Il nous donne des talents que nous enterrons souvent, mais aussi parce que Dieu nous a donné des commandements que nous n’observons pas.

Mais si le Seigneur nous remet nos dettes, il attend que nous les remettions aussi à nos débiteurs. Si le Seigneur est miséricordieux et patient envers nous, Il attend que nous soyons patients envers nos proches. Certains disent : « Comment peut-on tout pardonner ? Si l’on pardonne, ceux auxquels on laisse tout passer vont en profiter. C’est inadmissible, il faut éduquer le prochain ». Dans certaines circonstances, c’est effectivement nécessaire, si, par exemple, nous élevons des enfants ou avons des employés. Parfois, il faut se montrer sévère. Mais ce n’est pas ce dont parle le Seigneur dans Sa parabole. Le Christ parle de ces situations qui arrivent dans la vie de chacun, où l’homme reçoit beaucoup de Dieu tandis que ses proches lui rendent peu. Lorsque quelqu’un reçoit de Dieu le pardon de ses péchés mais ne peut pardonner à ses proches leurs plus petits défauts. Le Seigneur a souvent accusé ces gens en disant : « Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ! » (Mt 7, 3). C’est aussi une petite parabole qui doit nous obliger à réfléchir à nos rapports avec les autres.

Demandons au Seigneur de nous donner la force de pardonner à nos débiteurs, car ce n’est pas si simple de remettre les dettes, de les oublier. Mais c’est cela que le Seigneur attend de nous. Car, comme l’a dit le Sauveur à Ses disciples : « Si vous ne remettez pas aux hommes leurs manquements, votre Père non plus ne vous remettra pas vos manquements » (Mt 6, 15). Et dans la prière « Notre Père », nous demandons : « Remets-nous nos dettes, comme nous les remettons à nos débiteurs ».

Demandons au Seigneur Son aide pour observer Ses commandements et avancer courageusement sur la voie du Royaume des cieux. Amen. »