Le 26 avril 2017, au Palais Constantin de Saint-Pétersbourg, avait lieu le V Plénum du Comité consultatif interconfessionnel chrétien, sur le thème « La foi et le dépassement des conflits civils : les leçons d’un centenaire ».

Des représentants des communautés chrétiennes orthodoxes, catholiques et protestantes d’Azerbaïdjan, d’Arménie, de Biélorussie, de Géorgie, du Kazakhstan, de Kirghizie, de Lettonie, de Lituanie, de Moldavie, de Russie, du Tadjikistan, du Turkménistan, d’Ouzbékistan, d’Ukraine et d’Estonie prenaient part à la rencontre.

Les co-présidents du Comité – le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, l’archevêque Paolo Pezzi, ordinaire de l’archidiocèse catholique de la Mère de Dieu de Moscou, l’archevêque de l’Église évangélique-luthérienne Dietrich Brauer – étaient les modérateurs de la rencontre.

Le président de la Fédération de Russie, V. V. Poutine, avait envoyé un message aux participants au forum, lu par l’adjoint au responsable de la Direction de la politique intérieure de l’Administration présidentielle, M. V. Belooussov.

Le métropolite Hilarion de Volokolamsk a lu le message de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie.

Le métropolite Barsanuphe de Saint-Pétersbourg et de Ladoga a prononcé un discours d’accueil.

S’adressant à l’assistance, le président du DREE a constaté que les évènements d’il y a un siècle faisaient toujours l’objet de vives discussions dans la société russe. L’objectif de la présente rencontre était donc de réfléchir aux causes spirituelles de ces évènements, afin d’empêcher la répétition des vieilles erreurs, capables de causer de nouvelles divisions à l’avenir.

Le métropolite Hilarion de Volokolamsk a ensuite présenté un exposé. Soulignant que le Ve Plénum du Comité avait lieu l’année du centenaire des deux révolutions russes, suivies de la guerre civile, de la « terreur rouge » et des répressions, l’hiérarque orthodoxe a aussi souligné : « Ces évènements tragiques ont radicalement modifié le destin de nos peuples et ont eu des répercussions sur l’histoire de toute l’humanité. Leurs conséquences se font encore sentir dans le tableau politique du monde et sont entrelacées aux canevas des processus globaux en cours sur la planète. »

« L’aveuglement spirituel de tant de gens s’est fait sentir dans les évènements révolutionnaires et dans le carnage fratricide de la guerre civile, a rappelé Mgr Hilarion. Chacun défendait son point de vue et était prêt à tuer et à torturer son prochain. Les causes de ce phénomène ne sont ni économiques, ni politiques, ni sociales : elles relèvent du plan spirituel. Il s’est produit quelque chose dans les âmes d’une grande partie de la population, qui a étouffé la voix de la conscience, de la raison, de la compassion. » Le président du DREE s’est aussi étendu sur les causes et les conséquences des effroyables persécutions que la révolution a déclenché contre les chrétiens, puis parlé de la renaissance de l’Église à notre époque.

Les évènements tragiques du XX siècle montrent que les divergences idéologiques, civilisationnelles ou autres ne doivent pas être une cause de division qui conduirait à la haine, à la guerre et aux bains de sang, a assuré le métropolite Hilarion. « Aucune justice humaine ne peut être placée au-dessus de la justice divine. Comme ne cesse de le rappeler le Patriarche Cyrille, la liberté est toujours liée à la responsabilité. Le désir de comprendre et de pardonner doit toujours surmonter la volonté passionnée d’asseoir sa supériorité. Aucune violence ne peut éradiquer la foi, et tout pouvoir qui tente de construire une société sans Dieu finit par tomber, car une maison bâtie sur le sable ne peut tenir (Mt 7, 26-27). »

« Aujourd’hui, nos peuples vivent dans des états différents et bâtissent leur avenir indépendamment les uns des autres, en interaction, cependant, les uns avec les autres et avec le monde entier. Dieu fasse que les valeurs morales, l’amour de Dieu et du prochain, l’aspiration à bâtir son bonheur de ses propres mains et le rejet de toute hostilité soient à la base de leur développement. Alors nous n’aurons pas à assimiler les terribles leçons du passé » a déclaré le président du DREE concluant son allocution.

L’ordinaire de l’archevêché de la Mère de Dieu à Moscou, l’archevêque Paolo Pezzi, et l’évêque E. Alpe, de l’Église luthérienne de Lettonie, ont aussi présenté un exposé.

Dans le courant de la manifestation, le métropolite Hilarion de Volokolamsk a remis au responsable de la filiale du DREE à Saint-Pétersbourg, I. N. Soudos, la médaille Saint-Marc-d’Éphèse (II classe).

Après la pause, les échanges se sont poursuivis sous la forme de quatre tables rondes.

S’entretenant avec les journalistes, après la première réunion du V Plénum du Comité consultatif interconfessionnel chrétien, le métropolite Hilarion a souligné : « Le fait que nous soyons réunis ici témoigne avant tout de notre unité. Nous sommes venus de différents pays, mais nous sommes unis par la foi en Christ. Nous appartenons à des confessions chrétiennes différentes. Nous croyons tous que Jésus Christ est Dieu et Sauveur, nous croyons en la Sainte Trinité, nous croyons que le christianisme est l’avenir de nos patries, nous qui représentons ici différents pays. Je pense que c’est l’essentiel. Les leçons du passé auxquelles nous réfléchissons, notamment les leçons de la révolution qui a eu lieu il y a 100 ans, témoignent que toute société bâtie sur des fondements non religieux est condamnée à passer par les épreuves les plus terribles, comme cela s’est produit après la révolution de 1917, lorsque les autorités ont déclaré la guerre à l’Église. L’Église et le peuple ont subi les innombrables conséquences de cette décision. »

Comme le remarquait le président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, les participants à la conférence veulent rappeler encore une fois qu’on ne peut construire une société juste sans Dieu. « Durant des siècles, la foi chrétienne a été déterminante dans la conscience de nos peuples, elle a stimulé le développement de la culture et a été le fondement de la moralité. Nos peuples se développaient sur ces valeurs morales, a poursuivi Mgr Hilarion. Lorsqu’une partie du peuple a suivi ceux qui déclaraient vouloir lutter contre la religion, se disant ouvertement contre Dieu, cela a été le début de cette immense tragédie nationale dont nous subissons encore aujourd’hui les conséquences. C’est pourquoi nous croyons que notre avenir est dans la foi en Dieu, dans la foi en Christ en tant que Dieu et Sauveur. »