Le 10 mars 2017, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a reçu au monastère Saint-Daniel de Moscou l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire des Pays-Bas en Fédération de Russie, Mme Renée Jones-Bos.

Participaient à la rencontre l’archimandrite Philarète (Boulekov), vice-président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, et le premier secrétaire de l’ambassade néerlandaise, Myriam Otto.

Dans son discours d’accueil, Sa Sainteté a souligné que les relations entre l’Église orthodoxe russe et la représentation diplomatique du Royaume des Pays-Bas à Moscou étaient traditionnellement bonnes.

« L’Église est une institution qui réunit non seulement des gens d’opinions et de convictions différentes, mais aussi des gens de différentes époques. Le sentiment de l’histoire est très développé dans l’Église, a constaté Sa Sainteté le Patriarche Cyrille. A la différence des hommes politiques, qui sont concentrés sur les problèmes d’actualité, l’Église envisage, notamment, les relations entre les états et entre les peuples en tenant compte du contexte historique. Il y a eu beaucoup d’éléments positifs dans l’histoire de nos peuples et de nos états. Je pense en premier lieu à l’empereur réformateur Pierre I, qui avait beaucoup de sympathie pour votre pays et pour votre nation. Après les réformes de l’empereur Pierre, beaucoup de représentants de votre pays sont restés vivre ici, ont occupé de hautes fonctions. Ainsi ont-ils eu une certaine influence sur le développement de l’Empire russe. »

Le Primat de l’Église russe a aussi mentionné l’intérêt commun des deux peuples dans les domaines de la culture, de l’art, de l’enseignement et des sciences.

« Bien qu’il y ait eu différentes périodes, il y a toujours eu une dynamique positive dans les relations entre nos peuples, tout du moins dans la conscience russe » a ajouté Sa Sainteté. Le Patriarche a parlé de ses nombreux séjours aux Pays-Bas à différentes époques, de ses rencontres avec les autorités, avec les scientifiques et, naturellement, avec les leaders religieux néerlandais. « Je dois dire que nous avons toujours eu un dialogue constructif, nous avons toujours recherché des positions communes » a noté le Primat de l’Église orthodoxe russe.

Le Patriarche Cyrille a partagé sa conviction que les relations interreligieuses devaient continuer à jouer un grand rôle dans les relations entre peuples, notamment entre la Russie et l’Europe occidentale. « Je me souviens des temps de la « guerre froide », lorsque les relations entre l’Union soviétique et le monde occidental étaient encore plus difficiles qu’aujourd’hui. A l’époque, les liens œcuméniques jouaient un rôle très important dans le dialogue avec les chrétiens des États-Unis, d’Europe occidentale, et nous sommes parvenus à des positions communes très importantes, qui n’ont pas manqué de se refléter dans la perception qu’avaient les deux sociétés l’une de l’autre. La situation politique peut changer, mais les peuples vivent ensemble. Si vous voulez, la vie des peuples, ce sont les fondations, tandis que la situation politique est une superstructure, qui peut changer n’importe quand. L’essentiel, c’est que la superstructure ne détruise pas les fondations. »

Le Patriarche Cyrille a souligné que l’Église russe allait travailler à ce que les bonnes relations, les liens culturels et les contacts humains se poursuivent, malgré ce qui se passe actuellement au niveau des relations politiques.

L’ambassadeur des Pays-Bas, Mme Renée Jones-Bos, a remercié le Primat de l’Église orthodoxe russe de son accueil. « C’est un grand honneur pour moi d’entendre votre avis sur la collaboration, sur l’interaction entre nos peuples et sur le rôle de l’Église, a-t-elle souligné. Je suis tout à fait d’accord avec vous : l’histoire commune de nos peuples compte déjà plusieurs siècles, et Pierre le Grand occupe une place importante dans l’histoire des Pays-Bas. Par ailleurs, nous avons eu pour reine Anna Pavlovna, sœur de l’empereur Nicolas I. Elle a eu une influence positive considérable sur les Pays-Bas. »

La diplomate a aussi mentionné le travail du diocèse de l’Église orthodoxe russe au Royaume des Pays-Bas.

Revenant sur la remarque de Sa Sainteté le Patriarche, comme quoi les contacts personnels et les liens entre peuples s’étaient poursuivis même à l’époque de la guerre froide, Mme Jones-Bos a poursuivi : « De fait, la situation politique actuelle introduit une certaine tension. Mais je vois que les entreprises hollandaises continuent à travailler en Russie dans le domaine de l’agriculture et dans d’autres domaines, tandis que les contacts culturels se poursuivent. Les enseignants, les étudiants, les gens en général continuent à échanger. »