Le 21 novembre 2016, Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a reçu à sa résidence du monastère Saint-Daniel Sa Béatitude l’archevêque Anastase de Tirana et de toute l’Albanie, en visite à Moscou à l’occasion du 70e anniversaire du Primat de l’Église orthodoxe russe.

La rencontre avait lieu en présence des membres de la délégation accompagnant l’archevêque Anastase, du métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, et de collaborateurs du DREE.

« Cher confrère, c’est avec un sentiment tout particulier que je vous accueille ici, à la résidence du Patriarche et du Synode de l’Église orthodoxe russe. Je vous suis profondément reconnaissant d’avoir participé aux célébrations de mon 70e anniversaire » a déclaré le Patriarche Cyrille. « Vous avez mentionné aujourd’hui que nous nous connaissions depuis 48 ans. En 1968, j’étais encore un jeune homme, nous avions participé ensemble à l’Assemblée générale de Syndesmos, une organisation de jeunesse orthodoxe internationale qui jouait à l’époque un rôle important. Par la suite, nous nous sommes souvent revus à l’occasion de conférences internationales, avons participé ensemble à nombre de manifestations. Chaque fois que nous nous retrouvions et avions l’occasion de travailler ensemble, nous sommes parvenus à d’importants compromis. C’était particulièrement important pour la rédaction de textes très complexes : nous, orthodoxes, nous réunissions et, malgré de vifs débats…, ces textes nous aidaient à élaborer un point de vue commun. Finalement, nous témoignions de notre unité. Je rends grâce à Dieu de cette coopération, de cette expérience de travail partagée avec vous. »

Sa Sainteté a donné une haute évaluation du rôle de Sa Béatitude Anastase dans la résurrection de l’Église orthodoxe albanaise, totalement anéantie sous le régime athée. « Vous avez déployé d’immenses efforts pour que renaissent un épiscopat et un clergé albanais, pour que les églises soient rebâties, y compris la majestueuse cathédrale de Tirana » a souligné le Primat de l’Église orthodoxe russe.

« J’ai été votre hôte à l’époque où les blessures causées par les persécutions en Albanie n’étaient pas tout à fait cicatrisées. J’ai vu l’enthousiasme que vous mettiez à travailler. Le temps n’a pas prise sur vous : votre énergie, votre élan sont presque les mêmes qu’il y a 48 ans. Je vous souhaite de conserver vos forces morales et physiques de longues années encore, afin que vous nous réjouissiez par votre activité et vos travaux au profit de l’Église albanaise et de toute l’Eglise. »

Le Primat de l’Église albanaise a répondu : « Je suis reconnaissant de ce grand don de l’amitié que nous a fait Dieu, d’une amitié que nous alimentons depuis tant d’années. C’est une amitié pareille à un bon vin, qui se bonifie en vieillissant. Je suis beaucoup plus âgé que Votre Sainteté, étant né le 24 novembre 1929, mais, malgré la différence d’âge, nous avons toujours été liés par des liens d’amitié. Je me suis toujours senti très à l’aise lorsque vous preniez part à une réunion du Conseil œcuménique des églises ou à d’autres rencontres et conférences auxquelles participaient des hommes politiques et des Primats. Je sentais votre assurance, et j’étais certain que nous parviendrions à un consensus. Pour cette raison, j’ai fortement ressenti votre absence au Concile de Crète, et ai dit regretter que vous ne soyez pas venu. »

« Le Seigneur nous a fait le don de la plus grande des merveilles, la foi, grâce à laquelle notre Église a survécu malgré de cruelles persécutions. C’est la foi qui porte de bons fruits » a souligné l’archevêque Anastase.

Celui-ci est revenu sur les souvenirs de son premier voyage en Russie, en 1976. « Je me souviens de notre première rencontre à ce qui était alors Leningrad, à l’Académie de théologie de Leningrad. Je me souviens aussi de notre rencontre en 1990 à la cathédrale Saint-Isaac. Vous m’avez alors dit que des temps nouveaux allaient advenir » a-t-il constaté, disant se réjouir comme des siens propres de la prospérité et des progrès de l’Église orthodoxe russe ces dernières années.

« Vous avez eu raison de dire que nous avions beaucoup travaillé en Albanie. A l’époque, nous prévoyions et élaborions une mission, et j’ai écrit plusieurs livres, y compris sur les missionnaires russes, notamment sur saint Innocent (Veniaminov). Je souhaitais non seulement décrire la vie de ces missionnaires, mais aussi les imiter. C’est ce que je me suis efforcé de faire en Albanie. Vous avez toujours été auprès de moi, vous avez été présent par votre noblesse, votre affection. Je pense que l’essentiel, dans la vie, c’est la présence humaine, qui est bien plus importante que les livres, les déclarations, etc. »

La rencontre s’est terminée par un échange de cadeaux. A la demande du Primat de l’Église orthodoxe albanaise, Sa Sainteté le Patriarche Cyrille a donné son accord à la traduction de ses œuvres en albanais pour les séminaristes.