Le 25 septembre 2016, 14e dimanche après la Pentecôte, dimanche avant l’Exaltation de la Sainte-Croix et clôture de la fête de la Nativité de la Mère de Dieu, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures et recteur de l’Institut des Hautes Études Saints-Cyrille-et-Méthode, a célébré la Divine liturgie à l’église de la Décollation-de-saint-Jean-Baptiste « aux Bois ». Cette église fait partie de l’ensemble architectural du métochion patriarcal de Tchernigov, où est installé l’Institut Saints-Cyrille-et-Méthode.

Mgr Hilarion concélébrait avec l’higoumène Arsène (Sokolov), représentant du Patriarche de Moscou auprès du Patriarche d’Antioche, l’archimandrite Jacques (Khalil), higoumène du monastère patriarcal de Balamand (Église orthodoxe d’Antioche), le hiéromoine Jean (Kopeïkine), vice-recteur de l’Institut des Hautes Études, le hiéromoine Athanase (Mikrioukov), inspecteur de l’Institut, ainsi que les participants du symposium international de spécialistes du Nouveau Testament « L’Histoire et la théologie dans les récits évangéliques », et les étudiants de l’Institut ayant rang ecclésiastique.

Après l’ecténie instante, l’archipasteur a récité une prière pour la paix en Ukraine. Il a prononcé ensuite l’homélie suivante :

« Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit !

Chers pères, frères et sœurs, je vous souhaite à tous une bonne clôture de la fête de la Nativité de la Mère de Dieu et un bon dimanche avant l’Exaltation de la Croix de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.

Nous avons entendu aujourd’hui à la liturgie un fragment de la conversation qu’eut le Christ avec Nicodème, telle que la retranscrit l’Évangile de Jean. Le Seigneur commence par dire à ce pharisien, venu à Lui nuitamment afin d’écouter la parole du Sauveur et d’échanger avec Lui sans témoins, que pour entrer au Royaume des cieux, l’homme doit renaître de nouveau de l’eau et de l’Esprit. Nicodème ne comprend pas de quoi parle le Sauveur et lui demande naïvement : « Comme l’homme peut-il renaître, s’il est déjà vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère pour en renaître à nouveau ? » (Jn 3, 4). Mais le Seigneur reprend : « Personne, s’il ne renaît de l’homme et de l’Esprit, ne peut entrer au Royaume des cieux » (Jn 3, 4). Jésus Christ parle ici du Sacrement du Saint Baptême, par lequel l’homme devient membre de l’Église.

Ensuite, le Seigneur, poursuivant l’entretien, a une parole que Nicodème ne comprit certainement pas, nous l’avons entendue dans la lecture de l’Évangile aujourd’hui : « De même que Moïse a élevé le serpent au désert, ainsi le Fils de l’homme doit être élevé » (Jn 3, 14). Le Sauveur rappelle cet épisode du livre de l’Exode, l’un des miracles opérés par Dieu par le truchement de Moïse. Alors que le peuple d’Israël, que Moïse avait conduit hors d’Égypte, errait durant des décennies dans le désert, des serpents venimeux attaquèrent le peuple, et il y eut beaucoup de morts. Suivant l’ordre de Dieu, Moïse fit faire un serpent de bronze et l’éleva sur une perche pour que ceux qui avaient été mordus, levant les yeux sur lui ne meurent pas. L’invasion de reptiles se termina miraculeusement, les serpents cessèrent de mordre.

Nous nous rappelons le récit d’un autre livre de la Bible, la Genèse, avec Eve tentée par le serpent, incitant son mari à la désobéissance. Peu après avoir goûté du fruit, Adam et Eve découvrirent qu’ils étaient nus et tentèrent de se dérober aux yeux de Dieu. Le Seigneur les chassa du paradis, parce que la désobéissance à la volonté divine était incompatible avec ce qu’Il avait préparé pour les hommes, le salut et la divinisation, la communion et la ressemblance avec Dieu par l’obéissance aux commandements divins.

Le personnage principal était alors le serpent, que l’ensemble de la tradition patristique identifie au diable. Le diable tenta Eve, revêtant l’aspect du serpent. Ensuite, lorsque le Seigneur maudit le serpent, il lui dit : « Tu ramperas sur ton ventre…, et je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta semence et sa semence ; et elle te marchera sur la tête » (Gn 3, 14-15). Qu’est-ce que cette semence ? C’est ce descendant d’Eve et d’Adam qui put briser le pouvoir de la haine. Et qui le détruisit par Sa Croix, dont un autre serpent, celui élevé par Moïse pour libérer le peuple d’Israël d’un danger mortel, était le prototype.

Les Pères de l’Église antiques proposent souvent une interprétation allégorique de l’Ancien Testament. Pour eux, les récits vétérotestamentaires sont des préfigurations des réalités du Nouveau Testament. Le Seigneur Jésus Christ Lui-même a sanctifié ce mode d’interprétation. Les paroles que nous avons entendues aujourd’hui donnent une interprétation allégorique du serpent de bronze que Moïse cloua au bois pour libérer le peuple du danger de la mort. Ce serpent, comme le dit le Seigneur Lui-même, préfigurait la Croix du Christ, à laquelle fut cloué le Sauveur du monde, cette Croix qui a donné la vie au monde entier, et sauvé les hommes de la mort éternelle.

Nous fêterons dans deux jours l’Exaltation de la Croix du Seigneur. Aujourd’hui, dimanche avant l’Exaltation, nous entendons cette étonnante conversation de Jésus Christ avec Nicodème. Nicodème n’y a certainement pas compris grand-chose, mais aujourd’hui, deux mille ans plus tard, connaissant l’histoire du salut qui nous est rapportée tout au long des pages de l’Évangile, et dont les récits vétérotestamentaires et l’histoire des miracles de Dieu accomplis par les prophètes étaient la préfiguration, nous glorifions la Croix, source du salut.

Peut-être les paroles les plus importantes que le Seigneur ait dites à Nicodème sont-ils ces mots expliquant pourquoi le Fils de Dieu se fit Fils de l’homme : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné Son Fils unique, pour que tout homme qui croit en Lui ne meurt pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3, 16). Le monde n’a pas aimé Dieu, mais Dieu a aimé le monde. Le monde s’est détourné de Dieu, mais Dieu ne s’est pas détourné du monde. Les hommes ont désobéi à Dieu, ne Lui sont pas restés fidèles, mais Dieu a conservé aux hommes Sa fidélité. Et Dieu Lui-même s’est fait homme pour que, par la croix, par la souffrance, tous les hommes soient sauvés. C’est ce que nous rappelle aujourd’hui, à la veille de la fête de l’Exaltation de la Croix du Seigneur, la Sainte Église. »

Le métropolite Hilarion s’est adressé à l’archimandrite Jacques, higoumène du monastère de Balamand, venu participer à la conférence consacrée à la tradition monastique. Cette conférence avait lieu à l’occasion du millénaire de la présence russe au Mont Athos.

L’archipasteur a aussi salué les participants du VII Symposium international des spécialistes du Nouveau Testament d’Europe de l’Est « L’Histoire et la théologie dans les récits évangéliques », qui se déroule à Moscou du 25 septembre au 1er octobre. « Des spécialistes de différents pays, orthodoxes et représentants d’autres confessions chrétiennes, se sont rassemblés pour cette conférence organisée par l’Institut des Hautes Études afin de réfléchir ensemble à l’avenir de la science néotestamentaire » a remarqué Mgr Hilarion.